Secouée par les séismes, confrontée à la saturation touristique, Santorin refuse de sombrer. L’île emblématique de la mer Égée choisit en 2025 une nouvelle voie : moins de foule, plus de qualité. Derrière les cartes postales, un vrai virage s’opère entre régulation, investissements publics et retour à l’essentiel. Voici comment Santorin souhaite modifier son modèle sans toutefois altérer son identité unique.


Vers un tourisme maîtrisé à Santorin
En 2025, Santorin tourne une page décisive de son histoire touristique. Après une baisse de fréquentation de plus de 30 % causée par une série de séismes en début d’année, l’île grecque ne cherche pas à tout prix à regagner ses anciens chiffres. Au contraire, les autorités locales optent pour un modèle durable fondé sur la régulation du flux touristique. Le maire Nikos Zorzos affirme sa volonté de limiter la surcharge : « Santorin ne nécessite aucun lit de plus. Je le dis avec autant de certitude que je sais que je m’appelle Nikos. » Cette régulation passe notamment par un système de limitation des visiteurs de croisière à 8 000 personnes par jour, contre parfois plus de 17 000 auparavant. Grâce à un nouvel outil de gestion des ports baptisé “Berth Allocation”, les arrivées sont mieux réparties sur la semaine, ce qui désengorge les lieux les plus prisés comme le vieux port de Fira.
Moins de quantité, plus de qualité
Cette nouvelle stratégie semble déjà porter ses fruits. Les visiteurs, désormais moins pressés et mieux accueillis, restent plus longtemps sur l’île et dépensent davantage. « Pendant la période de surfréquentation, les visiteurs consommaient peu. Aujourd’hui, ils dépensent plus librement », souligne Zorzos. Les commerçants locaux, tout comme les professionnels du tourisme, se disent satisfaits de ce tournant. Nikos Nomikos, représentant des marchands de la municipalité de Thira, estime que 2025 est « une opportunité exceptionnelle pour les voyageurs », évoquant des prestations haut de gamme à des prix plus accessibles que les années précédentes. La baisse des tarifs dans les hôtels, restaurants et commerces locaux attire aussi une clientèle grecque, habituellement marginale sur l’île.
Investissements publics et frein à la bétonisation
La priorité n’est plus à l’expansion mais à l’amélioration des infrastructures déjà existantes. Tandis que les autorités bloquent tout nouveau projet hôtelier, elles encouragent la rénovation des infrastructures actuelles. L’objectif est clair : améliorer la qualité des services sans nuire à l’environnement ni à l’équilibre social local. Sur le plan public, Santorin bénéficie de nouvelles ressources grâce à des taxes sur les croisiéristes (20 € par passager en haute saison) et à une hausse des taxes sur les locations touristiques. Ces recettes financeront des projets cruciaux comme l’agrandissement du port d’Athinios ou la stabilisation des falaises de la Caldera, mises à mal par l’urbanisation rapide et les secousses sismiques. « Ces blessures doivent être soignées pour que Santorin reste toujours aussi belle », a déclaré le maire en détournant une citation d’Euripide.
Un modèle inspirant pour l’avenir
Face aux critiques sur un tourisme de masse dénaturant l’âme de l’île, Santorin assume pleinement son repositionnement. Le maire préfère parler de « saturation » plutôt que de « surtourisme » et revendique un modèle centré sur l’équilibre. Malgré les séismes récents, les infrastructures fonctionnent normalement, et les dispositifs de sécurité sont prêts en cas de nouvelle urgence. Les premiers signes de la saison 2025 sont positifs, et la régulation semble plaire autant aux habitants qu’aux voyageurs. Santorin veut désormais servir d’exemple : un lieu où la beauté naturelle ne se sacrifie plus sur l’autel de la rentabilité à court terme. Comme le résume un responsable portuaire : « Celui qui vient à Santorin cette année verra la vraie Santorin. »
































