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Accident ferroviaire: le chef de gare poursuivi pour "homicides par négligence"

Manifestation à AthènesManifestation à Athènes
Écrit par Stéphanie Bordier
Publié le 4 mars 2023, mis à jour le 4 mars 2023

Entre douleur et colère, 1800 manifestants rassemblés devant le Parlement grec ce vendredi réclament des explications au gouvernement sur la tragédie qui s’est déroulée deux jours plus tôt

 

La population veut comprendre comment un train transportant 342 passagers et dix cheminots a pu être autorisé à emprunter la même voie unique qu'un convoi de marchandises. Quelques minutes après l’inévitable collision responsable du décès d’au moins 57 personnes, le chef de gare a « reconnu ce qu’il avait fait » confirme son avocat. Une négligence frappante, les trains se trouvant sur la même voie depuis plusieurs kilomètres avant le choc.

 

Accident de train Grece

 

Un système défaillant bien connu et une infrastructure vétuste

Si le manque d’expérience du chef de gare en poste depuis 40 jours seulement est mis en avant par de nombreux médias, il risque cependant la prison à vie si la culpabilité est établie. Le porte parole du gouvernement grec Yiannis Oikonomou souligne également des « faiblesses chroniques » du secteur public ferroviaire grec. « Toute (la signalisation) est faite manuellement », précise-t-il, « les retards (dans la modernisation des chemins de fer) trouvent leur origine dans des décennies de faiblesse ». « C'est depuis l'année 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas », confirme avec colère le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias. «  Malheureusement, nos demandes constantes de recrutement de personnel permanent, de meilleure formation mais surtout la mise en place de technologies de sécurité modernes ont toutes été définitivement jetées à la poubelle », déplorent les syndicats de cheminots en grève hier, tout comme ceux de la compagnie Hellenic Train qui avaient tiré la sonnette d'alarme il y a trois semaines : "nous n'allons pas attendre l'accident qui arrivera pour voir les responsables verser des larmes de crocodile". Le ministre des transports grecs Kostas Karamanlis a présenté sa démission mercredi, le lendemain de l’accident.

 

Manifestations

 

"La privatisation tue" voilà ce qu'on peut lire dans les rues de Larissa, ville la plus proche de l’accident

De quoi provoquer la colère de la population, manifestant en masse avec des cocktails molotov jeudi à Thessalonique, brandissant les banderoles « assassin » et « meurtrier » et vendredi à Athènes ;  La compagnie impliquée Hellenic Train a en effet été rachetée en 2017 par le groupe public italien Ferrovie Dello Stato Italiane, dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce pendant la crise économique sévissant de 2009 à 2018. Encore jusqu'à aujourd'hui la compagnie italienne ne s'est pas fait entendre.

"Jusqu'à 2010, il y avait une certaine modernisation de la signalisation du réseau ferroviaire mais, pendant la crise financière, les systèmes de sécurité ont commencé à défaillir", a rappelé Panagiotis Terezakis, un conseiller de l'administration des chemins de fer grecs. "La mise à niveau des systèmes a repris au moment de la privatisation", a ajouté ce responsable.

 

Manifestations

 

En pleine polémique, des médias ont rendu publique une lettre de l'ancien responsable grec du système européen de trafic ferroviaire, Christos Katsioulis, dans laquelle il notait une " mauvaise gestion"  quant à la mise en place du système " de signalisation" sur certaines parties du réseau.

 

Pour Nikos Savva, un étudiant en médecine originaire de Chypre," un seul homme ne devrait pas payer pour tout un réseau ferroviaire malade" dont tous connaissent la situation depuis 30 ans.

La population endeuillée se rassemble sur le thème "Nous pleurons nos morts, nous demandons la vérité"

Tempi, un lieu "maudit": la Grèce à nouveau endeuillée

En 2003 vingt et un adolescents du village de Makrihori ont trouvé la mort dans le plus meurtrier accident de la route enregistré en Grèce. Une cargaison de planches mal fixée a été projetée d'un camion venant en sens inverse et a littéralement scié le car où se trouvaient les enfants. Le drame s'était produit sur ce tronçon d'autoroute composé de deux voies seulement, dans la gorge tortueuse de Tembi, alors que les lycéens rentraient chez eux à l'issue d'une excursion scolaire.

Le 4 octobre 1999, environ deux kilomètres avant Tempi, à 4h30 du matin, six jeunes supporters de l'équipe de foot "PAOK" ont perdu la vie en revenant à Thessalonique, après un match. Le drame s'est produit lorsque le bus oú se trouvaient les supporters est entré en collision avec un camion venant en sens inverse.

La Grèce connaît à présent une troisième catastrophe dans cette région, ôtant la vie à nouveau à des jeunes.

 

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