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8 Mars, la journée de la femme (4) découvrons : Ngozi Okonjo-Iweala

Grèce 8 mars journée femmeGrèce 8 mars journée femme
OMC/WTO
Écrit par Noé Kolanek
Publié le 8 mars 2021, mis à jour le 11 mars 2021

C’est une nomination qui révolutionne l’OMC sur plusieurs plans. Pour la toute première fois depuis sa création le 1er janvier 1995, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) donne les rênes de sa direction à une femme, qui plus est originaire du continent africain… Une grande première pour elles.

 

Femme 8 mars OMC

Jusqu’alors, l’organisation internationale comptait uniquement parmi ses anciens représentants des hommes issus des quatre coins du monde… sauf de l’Afrique. Il va donc sans dire que la nouvelle a fait tout naturellement l’effet d’une bombe sur la scène internationale. Dès son officialisation, chaque média s’est emparé de l’information en citant en gros caractères le nom de Ngozi Okonjo-Iweala sur sa Une.

La Grèce est devenue membre de l'OMC le 1er janvier 1995 et Membre officiel du GATT depuis le 1mars 1950. La nomination de Ngozi O. Iweala a été accueillie, du moins au début, plutôt froidement par le gouvernement Grec avant son plébiscite en demie teinte. Il n’empêche que, sur Internet, d’élogieux commentaires encensant Ngozi Okonjo-Iweala abondent sur chaque réseau social. "Une femme africaine sur le devant du globe, c’est fabuleux !"  Peut-on lire un peu partout sur Twitter comme sur Facebook. Seulement,  cette effervescence est-elle menée à juste titre ? Valorise-t-on Ngozi Okonjo-Iweala pour sa personne ou pour ce qu’elle représente sur l’espace public ? 

La récompense d’une vie

Son arrivée aux rênes de l’institution semble on ne peut plus naturelle au regard de son parcours puisque durant toute sa vie, Ngozi Okonjo-Iweala a cherché à s’élever de sa situation sociale d’origine. Issue d’une famille nigérienne aux revenus modérés, Ngozi Okonjo-Iweala passe une enfance pas moins banale qu’une autre. Elle n’est ni aisée, ni descendante de célèbres paternels. Elle ne bénéficie ni d’une trajectoire hors-du-commun ni d’un coup de pouce du destin. Ces parents sont certes respectivement professeure de sociologie et prof d’économie mais elle grandit avec sa grand-mère jusqu’à l’âge de 9 ans. La jeune enfant ne profite donc que trop peu de l’environnement favorable à l’enseignement que sa mère et son père auraient pu lui offrir afin de pouvoir se différencier de la norme.

Pour résumer, le style de vie mené par Ngozi Okonjo-Iweala durant son adolescence a des caractéristiques communes avec l’adolescence typique des jeunes grecs. Tout comme eux, la future chef de l’OMC était très reliée à l’héritage familial que lui a légué sa famille, si bien qu’il semblait naturel qu’elle emprunte par la suite le même parcours de vie. Les grecs ont une forte aptitude à e léguer de génération en génération leur commerce et stature sociale, ce qui favorise la reproduction sociale intergénérationnelle. Et, comme eux, Ngozi Okonjo-Iweala était partie pour suivre une trajectoire sociale similaire à celle de ses paternels.

Tout semble donc normal mais pourtant, sa trajectoire sociale se dissociera ensuite du commun des nigérians après que la jeune femme ait obtenu son baccalauréat. Par de minutieuses économies réalisées pendant de longues années, les parents de Ngozi Okonjo-Iweala offrent à leur fille une place au sein de la prestigieuse Université Havard, aux Etats-Unis. Sur place, elle y étudiera l’économie et en sortira diplômée avant d’acquérir un doctorat en développement économique régional au MIT. (Massachusetts Institute of Technology)

Un dévouement envers les causes internationales

L’année d’après, alors âgée de 28 ans, Ngozi Okonjo-Iweala choisit de s’engager au sein d’une institution internationale en entrant dans le personnel de la Banque mondiale. Ces firmes représentent pour elle « le meilleur moyen de pouvoir travailler dans le sens de son continent d’appartenance, l’Afrique, » auquel elle consacrera l’essentiel de son combat.

C’est donc sous le prisme de cette volonté que Ngozi Okonjo-Iweal décidera de passer 25 ans au sein de la Banque Mondiale, dont quatre de 2007 à 2011 en tant que numéro 2 de l’institution. Elle n’oubliera pas néanmoins son pays natal en contribuant également à l’émancipation du Nigeria par l’exercice de différentes fonctions à échelle nationale.

Femme 8 mars OMC

L’Afrique comme premier leitmotiv

Ministre des Finances de 2003 à 2006 sous la présidence d’Olusegun Obasanjo, puis de 2011 à 2015 sous Goodluck Jonathan, Ngozi Okonjo-Iweal est l’une des actrices principales de la montée en puissance nigérienne. Elle sera d’ailleurs considérée comme l’une des artisanes du succès nigérien lorsque son pays deviendra la plus grande économie africaine en 2014 devant l’Afrique du Sud.

La directrice de l’OMC porte donc haut dans son cœur ses origines, vêtue en toutes circonstances et par tous les temps de costumes traditionnels colorés comme de politiques mettant à l’honneur le Nigéria. Ce dévouement envers sa nation lui vaudra même les félicitations des médias occidentaux, orchestrés principalement par « Time, » qui la classera parmi les 100 personnes les plus influentes au monde en 2014 et par « Fortune, » média qui en fera de même parmi les 50 plus grands leaders de la planète l’année suivante.

Le lien entre l’Afrique et l’OMC 

Seulement par sa nomination à la tête de l’OMC, plusieurs spécialistes et célèbres universitaires s’interrogent sur les futurs programmes décrétés par Ngozi Okonjo-Iweal. Adepte de politiques dites « néolibérales, » on attend de la femme beaucoup de projets visant à favoriser davantage encore l’affirmation sur la scène internationale des « pays émergents, » catégorie à laquelle appartient le Nigeria.

La femme de 66 ans est donc attendue sur ce terrain pour autant rien n’est réellement sûr. En septembre 2020, Ngozi Okonjo-Iweal a déclaré que « l’urgence sera d’arriver à achever les négociations sur les subventions à la pêche », notamment « parce que ce dossier illustre parfaitement l’importance de la question environnementale, à commencer par celle de la protection des océans. »

Ce commentaire laisse pour le moins penser que la soixantenaire souhaite également soutenir des intérêts plus généraux que ceux touchant principalement l’Afrique ainsi que son pays d’origine, mais qu’en sera-t-il vraiment ? Difficile à dire pour l’heure au vu de sa récente nomination mais quoi qu’il en soit, l’OMC ne semble pas avoir terminé sa mue au féminin.

 

 

 

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