Le C.F. Internacional de Granada (CFIG) a été fondé en mars 2020, en pleine pandémie. Beaucoup de personnes auraient pu se décourager mais Juan De Valverde Carrillo, son Président et Fondateur du club, non.
À l’occasion des deux ans du club, le Petit Journal – Andalousie est parti à la rencontre de son président, Juan De Valverde Carrillo qui, avec passion et en français, nous a parlé de son club pas comme les autres…
Lepetitjournal.com/Andalousie : Bonjour Juan, qu’est-ce que le CFIG ? Un énième club
de foot en Espagne ?
Juan De Valverde Carrillo : Le CFIG est né d’une constatation et d’une envie de faire évoluer les choses, à Grenade dans un premier temps, puis en Andalousie et dans le reste de l’Espagne.
C’est un club 100 % féminin, c’est-à-dire que le club est né pour les femmes et les filles. Il ne s’agit donc pas d’un club de foot masculin qui a créé par la suite une catégorie féminine.
Mais pourquoi un club féminin ? D’où vient cette volonté ?
Quand je suis revenu à Grenade après avoir parcouru le monde et ayant vécu dans différents endroits – avec ma femme qui est Française et nos trois enfants, nous avons longtemps résidé à La Réunion –, je me suis vite rendu compte qu’il y avait une énorme différence dans la vision de la femme dans le sport entre l’Andalousie et des pays comme les États-Unis ou la France et que cette vision commençait très jeune. Mes fils avaient l’opportunité de jouer à plein de sports collectifs tandis que l’offre pour ma fille était très limitée.
Le CFIG a donc été créé pour combler ce manque ?
Oui mais pas seulement. À mon retour à Grenade, j’ai souhaité conserver ce multiculturalisme dans lequel je baignais depuis des années.
En peu de temps, nous sommes passés de 10 à 200 participants, hommes et femmes, un mouvement était en train de naître !
J’ai alors créé Tic Talk où, en plus des échanges linguistiques, des activités culturelles et sportives sont proposées. Une des premières activités a justement été un match de foot. L’activité a plu et en peu de temps, nous sommes passés de 10 à 200 participants, hommes et femmes. Un mouvement était en train de naître ! Beaucoup de filles venaient jouer dont des Américaines – le soccer comme on l’appelle aux États-Unis est très populaire chez les filles –, et de fil en aiguille, l’idée de monter un club de foot 100 % féminin a fait son nid.
Et c’est ainsi que nous arrivons à mars 2020 au moment de la fondation de ce club de foot féminin en pleine pandémie…
Exactement ! Au pire moment ! Nous aurions pu laisser tomber mais nous savions que notre idée était bonne : développer le football féminin en Andalousie dans une optique internationale. Nous avons donc profité du confinement pour développer notre stratégie. Instagram a joué un rôle important puisque ce réseau social nous a permis de nous faire connaître localement et à l’étranger. Nous avons aussi cherché des sponsors. Aujourd’hui, nous en comptons cinq. Enfin, nous avons contacté les autorités pour obtenir des subventions. Malheureusement, quand on parle de foot féminin en Andalousie et en Espagne, beaucoup de portes se ferment. D’où notre projet. Ces obstacles ont renforcé notre idée et ont confirmé que notre démarche est essentielle.
Le club n’est maintenant plus une simple idée. C’est un projet concret qui vient de fêter ses 2 ans. Comment se porte le CFIG aujourd’hui ?
On poursuit notre petit bonhomme de chemin ! Nous avons atteint de nombreux buts. Aujourd’hui, nous comptons plus de 150 adhérents, nous avons 5 équipes (4 féminines et 1 mixte) et nous donnons des cours dans deux écoles de la province de Grenade. Notre désir d’en faire un club international est lui aussi rempli puisque le club compte plus de 20 nationalités. Enfin, nous avons lancé 2 antennes dont une au Congo !
Le club est aujourd’hui solide. Quels sont donc les prochains objectifs ?
Nous en avons plusieurs. Nous ne nous arrêtons jamais !!! À échelle financière, avoir plus de sponsors et obtenir des aides locales, régionales voire nationales.
Un monde paritaire passe aussi par le sport et le football en est le meilleur exemple
Nous avons démontré que notre projet tient la route. Nous espérons que les institutions saisissent et comprennent l’opportunité représentée par le foot féminin. Un monde paritaire passe aussi par le sport et le football en est le meilleur exemple. Promouvoir le football féminin, c’est soutenir l’égalité des sexes. À échelle locale, je souhaite que le club devienne une référence et offrir une autre image de Grenade et de l’Andalousie. J’aimerais qu’à partir du club, le tourisme sportif inclusif se développe comme organiser des stages de foot en été dans un contexte multilinguisme. Et continuer à tisser des liens avec des clubs à l’étranger. J’ai passé les vacances de Pâques dans la famille de ma femme dans le nord de la France et j’en ai profité pour rencontrer des clubs locaux pour qu’ensemble, nous puissions faire évoluer les mentalités.
Si le futur est à l’image du club, féminin et international, quelle a été pour vous en tant que Président, la plus grosse fierté de ces deux dernières années ? La plus grande joie ?
D’être arrivé jusque-là ! À un moment très difficile et avec un projet à défendre méconnu et encore trop souvent, mal vu. Ma plus grosse joie, la montée de notre équipe Senior en 2e division du championnat andalou féminin cette année. C’est la consécration de tout un travail d’équipe. C’est se dire que rêver en grand est possible.
Le C.F. Internacional de Granada en chiffres :
Fondation : Mars 2020
Adhérents : 156 licences
Équipes : 2 en compétition (championnat andalou féminin RFAF : senior/U18, U15) – 2 en formation (U11 et seniors) – équipe mixte (loisirs – 55 personnes) – 2 établissements scolaires féminins Grenade (Divina Infantita – IES Mariana Pineda).
Sponsors : 5
Antennes : 2 (Congo, Salobreña)
Nationalités : 20 dont France, Belgique, États-Unis, Allemagne, Équateur, Chili, Inde, Italie, Maroc, Australie.
Instagram : 3 420 followers / 1 300 visites du site Internet par mois