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Racontez-moi l’Algérie : 20 œuvres, 20 auteurs algériens

Litterature algérienneLitterature algérienne
© Hadia Beghoura pour lepetitjournal.com
Écrit par Hadia Beghoura
Publié le 9 février 2021, mis à jour le 19 juillet 2024

Cette année, lepetitjournal.com fête ses vingt ans. A cette occasion, l’édition d’Alger a sélectionné 20 œuvres de 20 auteurs algériens parmi les plus connus de la littérature algérienne pour parler de l'Algérie. 

Kateb Yacine, Assia Djebar, Mouloud Mammeri, Kamel Daoud, Malika Mokeddem et d’autres auteurs algériens nous font le récit d’une Algérie multiple, celle de la guerre d’indépendance, de la décennie noire, des années 70, du combat de la femme algérienne, de l’hospitalité, de l’identité algérienne, de l’Algérie actuelle. 

L’Algérie en quête de son identité et de sa libération décrite par Kateb Yacine à travers son roman Nedjma (1956) 

Kateb Yacine, né le 2 août 1929 à Constantine et décédé en France à Grenoble le 28 octobre 1989 est un écrivain, poète, romancier, dramaturge, metteur en scène, essayiste et journaliste algérien connu pour ses célèbres œuvres notamment son roman Nedjma (1956) ainsi que ses pièces de théâtre telles que Mohamed prends ta valise (1971) ou encore La Voix des femmes (1972). Ses prises de position pour l’égalité homme-femme, les libertés individuelles et son engagement pour un théâtre d’expression populaire ont fait de Kateb Yacine une figure emblématique de la littérature algérienne et de la culture algérienne en général.

C'est d'une Algérie en quête de son identité et de sa libération que décrit Kateb Yacine dans son roman Nedjma, paru en 1956. L'histoire de quatre jeunes hommes (Mustapha, Lakhdar, Rachid et Mourad) qui tombent amoureux de Nedjma, fille d’un algérien et d’une française. Nedjma n’est qu’un symbole dans ce roman. Elle représente l’amour dans une Algérie colonisée et en souffrance, l’incarnation de la féminité et de la résistance. Nedjma est la métaphore de cette Algérie qui se cherche. Ce roman apparait comme une autobiographie de groupe, où Kateb Yacine a voulu, disait-il dans l’une de ses interviews accordée à l’ORTF (L’Office National de Radiodiffusion Télévision Française): « […] montrer ce qu’était ce pays, non à partir d’une étude sociologique stricte mais à partir de l’âme de ses personnes, qui finalement forment l’âme du pays ».

Litterature algérienne Nedjma

L’Algérie de la misère au temps de l’occupation française selon Mohammed DIB décrite dans La trilogie Algérie »(1952, 1954,1957)

Né le 21 juillet 1920 à Tlemcen et décédé le 2 mai 2003 à La Celle Saint Cloud en France, Mohammed DIB est un écrivain algérien d’expression française. D’abord journaliste chez Alger républicain où il aura pour collègue le célèbre écrivain algérien Kateb Yacine, il deviendra Professeur à Los Angels en Californie à l’UCLA et par la suite au Centre culturel international d’études francophones de la Sorbonne (Paris).

Il recevra le prix Fénéon en 1953 pour son premier roman La Grande maison (1952) ainsi que plusieurs prix de l’Académie française.

Le choix s’est porté sur La trilogie Algérie , comprenant trois romans à savoir La Grande Maison (1952), L’Incendie (1954) et enfin Le Métier à Tisser (1957). Il décrit l'Algérie pauvre et affamée des années de guerre où le pain devient l’aliment primordial que le petit Omar, héros principal de cette trilogie, fera tout pour en trouver.

Litterature algérienne La trilogie Algérie

L’Algérie qui pleure ses intellectuels pendant la décennie noire décrite par Assia Djebar à travers son œuvre Le Blanc d’Algérie (1996)

Née le 30 juin 1936 à Cherchell et décédée le 2 février 2015 à Paris, Assia Djebar est une écrivaine algérienne et première auteure nord-africaine à être reçue à l’Académie française en 2005.

Elle enseignera l’histoire moderne et contemporaine à Rabat puis à l’Université d’Alger en 1962. Elle quittera l'Algérie pour aller vivre en France. Elle était successivement l'épouse de l’écrivain Walid Garn puis de Malek Alloula dont elle s'en séparera. 

Elle recevra des distinctions notamment celles de Chevalière de la Légion d’Honneur et Commandeure de l’ordre des Arts et des Lettres ainsi que plusieurs prix littéraires. Parmi les grandes oeuvres d'Assia Djebar, on pourrait citer Nulle part dans la maison de mon père (2007), Loin de Médine (1991) ou encore son tout premier roman, La Soif (1957)…

Dans Le Blanc de l’Algérie, paru en 1995, Assia Djebar tente à travers son œuvre de remonter à l’origine du mal et raconte l’histoire de trois amis à elle, des intellectuels algériens, M’Hamed Boukhobza, Mahfoud Boucebsi et Abdelakder Alloula, assassinés pendant la décennie noire. Par la suite, elle traite la mort d’autres intellectuels comme Kateb, Mammeri, Dib, Feraoun, Djaout … C’est une réflexion autour de l’histoire de l’Algérie des années 90, un livre qui répond au devoir de mémoire et au devoir d’Histoire.

Litterature algérienne Le Blanc d'Algérie

L’Algérie déchirée de la guerre de libération décrite par Rachid Boudjedra dans son roman Les Figuiers de Barbarie (2010)

Né le 5 septembre 1941 à Aïn Beïda dans la région d’Oum El Bouaghi, Rachid Boudjedra est un écrivain et poète algérien d’expression française et arabe.

Il participe activement à la lutte contre la colonisation française en Algérie. Il sera diplômé de deux licences en philosophie puis en mathématiques. Il deviendra Conseiller pour le Ministère de l’Information et de la Culture en 1977. Trois prix littéraires lui seront décernés à savoir le Prix des Enfants terribles en 1970 pour son livre La Répudiation, le Prix Eugène Dabit du roman populiste pour La Vie à l’endroit en 1997 et enfin le Prix du Roman Arabe pour Les Figuiers de Barbarie en 2010.

Cette Algérie déchirée, Boudejdra la raconte dans son roman Les Figuiers de Barbarie. L’histoire de deux hommes liés par le sang assis côte à côte dans le vol Alger-Constantine. Au fil de leur discussion, nous découvrons que le narrateur, Rachid, a un père soupçonné d’avoir collaboré avec l’armée française, un grand-père propriétaire terrien, l’homme aux « Figuiers de Barbarie », symbole d’une Algérie prospère et un frère « OAS » mort dans des conditions mystérieuses.

Littérature algérienne Les figuiers de barbarie

L’Algérie des deux rives selon Yasmina Khadra à travers son roman Ce que le jour doit à la nuit (2008)

De son vrai nom, Mohammed Moulessehoul, Yasmina Khadra est un écrivain algérien né le 10 janvier 1955 à Kenadsa, Wilaya de Bechar. Il sert l’armée algérienne pendant vingt-cinq ans et durant la décennie noire, il fera partie des principaux responsables à combattre l’AIS et le GIA.

C’est à l’âge de 18 ans qu’il publie son premier recueil de nouvelles. Afin de pouvoir exercer l’écriture, il publiera des œuvres sous différents pseudonymes. Il fera le choix de garder celui de Yasmina Khadra, les deux prénoms de son épouse. C’est aussi sa façon de défendre la cause féminine dans le monde arabo-musulman. Il reçoit plusieurs prix, dont le Prix Méditerranée du livre d’art, Prix Roman France Télévisions et bien d’autres. Il a également reçu des distinctions, telles que la Légion d’Honneur (France), Grand Prix de Littérature Henri Gal (Académie Française), Time for Peace Litteratury Award (Etats-Unis) …Parmi les plus grandes œuvres de Yasmina Khadra, on pourrait citer Ce que le jour doit à la nuit (2008), Les Hirondelles de Kaboul (2002), L’Attentat (2005), L’Automne des Chimères (1998), La Rose de Blida (2005)…

Yasmina Khadra est connu pour ses écrits qui traitent essentiellement des douleurs des peuples du monde arabo-musulman et des guerres qu’ils traversent tout en y mêlant histoires d’amour et vie personnelle. Dans son roman Ce que le jour doit à la nuit, sorti en 2008, Yasmina Khadra raconte l’histoire de deux amoureux dans une Algérie entre les années 1936 et 1962 et nous fait part également du récit de deux communautés amoureuses d’un seul et même pays mais que la guerre sépare.

Litterature algérienne Ce que le jour doit à la nuit

L’identité algérienne entre hier et aujourd’hui décrite par Kamel Daoud à travers son recueil de nouvelles Le Minotaure 504 (2011)

Né le 17 juin 1970 à Mesra dans la Wilaya de Mostaganem, Kamel Daoud est un écrivain et journaliste algérien d’expression française. Après un baccalauréat scientifique, il s’oriente vers des études de Lettres françaises. En 1994, il entre au journal francophone Le Quotidien d’Oran et y devient rédacteur en chef pendant huit ans.

Son premier récit, La Fable du nain, a été publié en Algérie en 2002. S’ensuivent des œuvres à grands succès telles que : Le Minotaure 504 (recueil de nouvelles, 2011), Meursault, contre-enquête (2013), Zabor ou les psaumes (2017) et bien d’autres.

Il reçoit plusieurs prix dont le Prix Goncourt du premier roman en 2015, Prix Jean-Luc Lagardère du journaliste de l’année en 2016, Prix mondial Simon et Cino-Del-Duca en 2019.

Dans son recueil de quatre nouvelles, Le Minotaure 504 paru en 2011, l’Algérie du vingtième siècle et d’après-guerre est décrite sous l’œil critique de Kamel Daoud. Le Minotaure 504, première nouvelle et qui donne son nom au recueil, est le récit d’un chauffeur de taxi d’une Peugeot 504, ancien soldat, qui met en garde ses passagers d’Alger et de ses transformations. Gibril au Kérosène est l’histoire d’un militaire de l’armée de l’air algérienne qui expose dans une foire internationale à Alger, sous l’indifférence générale, son prototype d’avion fait de ses mains. L’ami d’Athènes quant à elle raconte l’histoire d’un marathonien algérien qui court dans le stade des jeux olympiques d’Athènes. Une façon de décrire cette fuite d’un quotidien et porté par l’amour d’un pays. Et enfin, la dernière nouvelle est intitulée La Préface du nègre. C’est l’histoire d’un vieux combattant ne sachant pas lire qui recrute un nègre pour écrire son histoire. Ce nègre profite de l’analphabétisme de cet homme et voudra écrire à son tour son livre. Dans ce recueil, Kamel Daoud traite la question de l’identité nationale et ce qu’est d’être Algérien.

La migration clandestine sous le regard de Boualem Sansal à travers son œuvre Harraga (2005)

Ecrivain algérien d’expression française, né le 15 octobre 1949 à Thniet El Had, Boualem Sansal est très connu en France et en Allemagne en plus de l’être en Algérie. Diplômé de l’Ecole Nationale Polytechnique d’Alger, il a occupé plusieurs postes notamment celui d'enseignant, de chef d’entreprise puis de haut fonctionnaire au Ministère de l’Industrie algérien. C’est en 1997 qu’il débute dans l’écriture en plein terrorisme. En 1999 il publie son premier roman, Le Serment des Barbares pour lequel il reçoit le Prix du premier roman ainsi que le Prix Tropiques. Il reçoit plusieurs autres grands prix littéraires comme le Grand prix de la francophonie décerné par l’Académie française en 2013, Grand prix du roman de l’Académie française pour son roman 2084 : la fin du monde et bien d’autres. Il a également reçu la décoration de Chevalier des Arts et des Lettres en France. 

Parmi les grands chefs d’œuvre de Boualem Sansal, Harraga (2005), Rue Darwin (2011), La femme sans nom (nouvelle parue en 2004), Petit éloge de la mémoire : quatre mille et une année de nostalgie (essai paru en 2007)…...

L'Algérie des années noires, touchée par la migration clandestine de ses jeunes est décrite dans son livre Harraga paru en 2005, Boualem Sansal dessine le portrait de deux femmes vivant dans une Algérie meurtrie par le terrorisme. Lamia est pédiatre et Cherifa est une femme qui s’incruste dans sa vie la poussant à la suivre dans cette aventure. C’est un sujet fort que l'auteur a voulu traiter à travers des figures féminines. 

Littérature algerienne Harraga

L’Algérie des origines selon Mouloud Feraoun à travers son œuvre Le fils du pauvre (1939)

Mouloud Feraoun est un écrivain algérien d’expression française né à Tizi Hibel en haute Kabylie le 8 mars 1913 et mort assassiné par l’OAS à Alger le 15 mars 1962. Issu de parents paysans pauvres, son histoire personnelle l’amène à écrire un premier roman autobiographique intitulé Le Fils du Pauvre en 1939 et qui deviendra l’un de ses plus célèbres romans.

Après avoir été instituteur dans un petit village de Kabylie, Mouloud Feraoun publiera plusieurs romans dont La Terre et le Sang paru en 1951 et récompensé par le Prix du roman populiste en 1953. D’autres œuvres à succès verront le jour comme Les Chemins qui montent (1957), Lettres à ses amis (1969) ….

A travers son roman autobiographique Le fils du pauvre, Mouloud Feraoun nous fait non seulement découvrir son enfance mais aussi son village, les us et coutumes de la société kabyle, le statut des femmes, les affaires familiales et leur gestion… Un livre qui permet de se plonger dans la Kabylie de l’époque.

Litterature algérienne Le fils du pauvre

L’Algérie des disparus de guerre selon Tahar Dajaout à travers son roman Les Chercheurs d’os (1984) 

Ecrivain algérien d’expression française, Tahar Djaout est né le 11 janvier 1954 à Oulkhou (commune d’Aït Chafaâ) et assassiné le 26 mai 1993 à Alger. Il est l'un des premiers intellectuels victime de la décennie noire.

Diplômé d’une licence en mathématiques de l’Université d’Alger, il se consacre à l’écriture dès le début des années 1970 avec sa première nouvelle Les insoumis qui reçoit une mention au concours littéraire Zone des tempêtes. Il débute dans l’écriture de chroniques à El Moudjahid en 1976. Il deviendra responsable de la rubrique culturelle de l’hebdomadaire Algérie-Actualité de 1980 à 1984. Il obtient une bourse d’études pour Paris en sciences de l’information en 1985 puis revient en Algérie et reprend au sein d’Algérie-Actualité jusqu’en 1992 qu’il quittera par la suite pour créer son hebdomadaire Ruptures en 1993. 

Parmi ses plus grandes œuvres de Tahar Dajaout, on citera : L’exproprié (1974), Les Vigiles (1991) et bien d’autres.

L’histoire de l’Algérie d’après-guerre et la souffrance des familles est décrite dans le roman de Tahar Djaout intitulé Les Chercheurs d’os (1984). Il raconte l'histoire d’un jeune homme envoyé par sa famille à la recherche des ossements de son défunt frère ayant combattu pour la libération de son pays. Il retrace dans cet ouvrage l’histoire de toutes les familles endeuillées par la mort de leurs proches et dont la dépouille n’a pu être retrouvée.

Litterature algérienne Les chercheurs d'os

L’Algérie des prémices de la guerre d’indépendance vue par Mouloud Mammeri dans son roman L’Opium et le Bâton (1965)

Grande figure de la littérature algérienne d’expression française, Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Aït Yenni (Kayblie) et décédé le 26 février 1989 dans un accident de voiture à Aïn Defla. Il est un spécialiste de la langue et la culture berbères.

Il intégrera la Faculté des Lettres d’Alger en 1940. Il passera un concours de professorat à Paris et reviendra en Algérie où il enseignera successivement à Médéa puis à Ben Aknoun. C'est en 1952 qu’il publiera son premier roman La Colline Oubliée. Après plusieurs années d’enseignement en Algérie, il fondera en 1982 le Centre d’Etudes et de Recherches Amazighes (CERAM) à Paris.

D’autres œuvres littéraires ont fait son succès comme Le Sommeil du juste (1955), L’Opium et le Bâton (1965) et bien d’autres.

C’est dans son roman L’Opium et le Bâton paru en 1965 qu'est décrite l’Algérie des débuts de la guerre d’indépendance. L'auteur nous fait le récit de la lutte du peuple algérien pour l’indépendance à travers le quotidien de villageois en Kabylie qui ne faisaient que travailler dans les champs mais qui peu à peu se sont retrouvés dans l’obligation de combattre l’armée française pour la libération de leur pays.

Ce roman a fait l’objet d’une adaptation par le cinéma algérien, film réalisé par Ahmed Rachedi en 1971.

Litterature algérienne L'opium et le bâton

L’Algérie d’après-guerre racontée par Rachid Mimouni à travers son œuvre Une paix à vivre (1983)

Né le 20 novembre 1945 à Boudouaou et décédé le 12 février 1995 à Paris des suites d’une hépatite aigue, Rachid Mimouni est un écrivain algérien d’expression française.

Diplômé en sciences commerciales en 1968, il décide de partir pour le Canada et poursuivre ses études à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Montréal. Il enseignera par la suite à l’Ecole Supérieure de Commerce à Alger. Il sera successivement membre du conseil national de la culture, président de la Fondation Kateb Yacine, et vice-président d’Amnesty International. Menacé de mort par les terroristes, il s’exile avec sa famille au Maroc puis à Paris où il décèdera quelques années plus tard. 

Parmi ses plus grandes œuvres, nous avons : Le printemps n’en sera que plus beau (1978), Une peine à vivre (1991), Chroniques de Tanger (1995) ….Il a reçu plusieurs prix littéraires tels que le Prix de l’Amitié franco-arabe en 1990 pour son roman L’Honneur de la tribu, Prix de la nouvelle de l’Académie française en 1991 pour La Ceinture de l’ogresse et d’autres prix.

Dans son œuvre Une paix à vivre, Rachid Mimouni raconte la vie d’adolescents pleins d’espoirs découvrant une Algérie en paix, c’est les prémices de l’indépendance. Ils devront néanmoins faire face au monde d’adultes qui les attend.

L’Algérie des femmes racontée par Malika Mokeddem à travers son œuvre Les hommes qui marchent (1990)

Née à Kenadsa, wilaya de Bechar, le 5 octobre 1949, Malika Mokeddem est une écrivaine algérienne d’expression française. Elle effectue ses études à Oran, puis à Paris et devient Médecin en Néphrologie. Elle s’installera à Montpellier en 1979. En 1985, elle décide d’arrêter son métier pour se consacrer entièrement à la littérature.

Connue pour ses écrits sur le combat de la femme, son émancipation et son accès à l’éducation, Malika Mokeddem reçoit le Prix Littré en 1991 pour son roman Les hommes qui marchent (1990).

Elle publie d’autres livres notamment L’interdite (1993), La transe des insoumis (2003), La désirante (2011) ….

Le combat des femmes est raconté par Malika Mokeddem dans son livre Les hommes qui marchent, paru en 1990. C'est l’histoire de Leila, une jeune fille du grand Sahara algérien, sachant lire et écrire et qui mène un combat acharné contre ses siens afin d’intégrer la faculté de médecine. Malika Mokeddem met en lumière ces filles qui par leur courage continuent à se battre afin de pouvoir accéder à l’éducation qui leur a été, jusque-là, interdite.

Litterature algérienne Les hommes qui marchent

Le destin des femmes de la décennie noire en Algérie selon Maissa Bey à travers son œuvre Hizya (2015)

De son vrai nom Samia Benameur, Maissa Bey, écrivaine algérienne d'expression française est née en 1950 à Ksar El Boukhari. Elle suit des études de lettres à Alger et par la suite elle enseignera le français à Sidi Belabès.

Elle écrira plusieurs romans, essais, pièces de théâtre, nouvelles et poèmes. Parmi ses écrits, on retrouve, Au commencement était la mer (1996), Bleu, blanc, vert (2006), Hizya (2015), Nouvelles d’Algérie (1998) et tant d’autres.

Elle a reçu de nombreux prix comme le Grand Prix de la nouvelle de la Société des gens de lettres en 1998, Prix Margueritte Audoux ….

Rejoignant les écrits de Malika Mokeddem sur la cause féminine, l’Algérie décrite par Maissa Bey dans son œuvre Hizya est essentiellement celle des femmes algériennes de la décennie noire. C’est l’histoire d’une jeune fille de vingt-trois ans, habitant la Casbah et soumise aux lois de ses parents et de ses frères. Elle travaille dans un salon de coiffure « Belles, belles, belles » après avoir renoncé à un diplôme de traduction. Elle parle d’un « chemin tout tracé », comme celui de ses aïeules. Pour échapper à cette dure réalité, Hizya se plonge chaque jour dans la poésie, ce qui l’aide à s’évader quelques instants de son quotidien sombre.

Litterature algerienne Hizya

L’Algérie des deux cultures décrite par Malek Haddad dans son œuvre Les zéros tournent en rond (1961)

Ecrivain et poète algérien d’expression française, Malek Haddad est né le 5 juillet 1927 à Constantine et décédé à Alger le 2 juin 1978 des suites d’un cancer.

Il devient instituteur puis part à Aix en Provence et s’inscrit en Faculté de droit mais il abandonnera ses études en 1954 pour rejoindre Kateb Yacine et travailler comme agriculteur en Camargue. Pendant la guerre de libération, il collabore avec plusieurs revues telles que Progrès, Entretien et bien d'autres. Il travaillera également à la radio française. Après 1962, il reviendra à Constantine et deviendra entre 1965 et 1968 le Directeur de la page culturelle An Nasr. Il fondera la revue littéraire Promesses pendant qu’il occupera le poste de Chargé de Direction au Ministère de la Culture et de l’Information. Il sera nommé en 1974 secrétaire de l’Union des écrivains algériens. Le Palais de la Culture de Constantine porte actuellement son nom.

Il publiera plusieurs œuvres comme Le Malheur en danger (poème, 1956), Je t’offrirai une gazelle (roman, 1959), Les zéros tournent en rond (essai, 1961) ….

Malek Haddad est celui qui disait : « Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue française ». C’est donc à travers son œuvre Les zéros tournent en rond, un essai paru en 1961 que l’auteur nous parle de l’Algérie colonisée attachée à sa propre culture et qui fait face à la culture française. C’est dans ce contexte colonial que Malek Haddad parle dans son récit du conflit des deux cultures.

Litterature algerienne Les zéros tournent en rond

L’Algérie des années 70 de Tahar Ouettar à travers son œuvre EZ Zilzal (Le séisme, 1974)

Tahar Ouettar est un écrivain algérien d’expression arabe né à Souk Ahras le 15 août 1936 et mort à Alger le 12 août 2010 des suites d’une longue maladie. Il intégrera en 1950 l’école de l’association des Oulémas. Il poursuivra ses études à l’institut Ben Badis à Constantine puis à l’Université Zeitouna de Tunis. Il adhèrera au courant socialiste dès les années 50. 

Parmi ses premiers romans, dont bon nombre ont été traduits, on pourrait citer Al Laz (L’As) publié en 1974, ou encore le célèbre roman Ez Zilzal (Le séisme) paru en 1974 également, Rommana (1971)….

Dans son œuvre Ez Zilzal (Le séisme), Tahar Ouettar décrit l’Algérie des années 70 et celle de la réforme agraire. C'est le récit d’un homme appelé Cheikh Boularouah qui revient à Constantine suite aux annonces de cette réforme. Il parle dans ce roman aussi de la lutte des classes féodales.

Litterature algérienne Ez Zilzel

L’Algérie meurtrie des années 90 d’Amin Zaoui à travers son œuvre Sommeil du mimosa et Sonate des loups (1997)

Né le 25 novembre 1956 à Bab Al Assa, Wilaya de Tlemcen, Amin Zaoui est un écrivain et penseur algérien. En 1988, il devient Docteur d’Etat en littératures maghrébines comparées. De 1984 à 1995, il enseignera à l’Université d’Oran et animera une émission littéraire télévisée Parenthèses ainsi que l’émission El Fehres sur El Djazairia. Il deviendra par la suite le Directeur Général de la Bibliothèque Nationale d’Algérie et ce jusqu’en 2008.

Il écrira des dizaines de romans aussi bien en français qu’en arabe. Parmi ceux écrits en français, nous pouvons citer Sommeil du mimosa et Sonate des loups (1997), La Razzia (1999), Haras de femmes (2001) …

Sommeil du mimosa et Sonate des loups sont deux nouvelles recueillies dans un diptyque. Elles nous parlent d’une Algérie meurtrie par le terrorisme pendant les années 90. Amin Zaoui décrit dans son œuvre le destin de deux hommes, l’un à Alger, solitaire et promu au poste de directeur de service des funérailles, l’autre, journaliste et veuf, vivant à Oran, et qui s’interroge sur les causes de l’assassinat de son épouse.

Litterature algerienne Sommeil du mimosa et Sonate des loups

La femme algérienne de l'époque coloniale décrite par Yamina Mechakra à travers son œuvre La Grotte éclatée (1979)

Yamina Mechakra, romancière et psychiatre algérienne, est née en 1949 à Meskiana, Wilaya d’Oum El Bouaghi et décédée à Alger en 2013. Elle n’a écrit que deux romans et quelques nouvelles et pourtant c’est son premier roman, La Grotte éclatée (1979) qui la propulse au rang des romanciers les plus reconnus en Algérie. D’ailleurs, la préface de son œuvre a été rédigée par Kateb Yacine.

Elle fait ses études de psychiatrie en 1973 à l’Université d’Alger. Elle sera conseillée par Kateb Yacine dans son écriture. Elle écrira un deuxième roman et qu'elle intitulera Arris, publié en 1999.

Ses écrits, même peu soient-ils, et ses engagements pour la révolution culturelle en Algérie, lui ont conféré un prix littéraire en son nom, le Prix Yamina Mechakra en 2018 par le Ministre de la Culture de l’époque, dédié aux écrivaines algériennes d’expression amazigh, arabe et (ou) française.

La Grotte éclatée, le roman qui a donné sa notoriété à Yamina Mechakra, décrit l’Algérie de l’époque coloniale à travers l’histoire d’une jeune orpheline qui décide de monter au maquis pour soigner les combattants. Elle épousera l’un d’entre eux et auront un fils, Arris. Son époux décèdera et son fils sera grièvement blessé. Elle-même perdra un bras des suites d’un bombardement et sombrera dans la folie. C’est un roman qui fait le récit des déchirures, des drames et peines d’un peuple subissant une guerre atroce.

Litterature algerienne La grotte éclatée

La table algérienne décrite par Malek Alloula dans son œuvre Les festins de l’exil (2005)

Malek Alloula est un écrivain algérien d’expression française né le 13 novembre 1937 à Oran et mort le 17 février 2015 à Berlin. Il fait des études de Lettres modernes à l’Université d’Alger puis à La Sorbonne, à Paris. Il présidera une association qui fera connaître l’œuvre de son frère assassiné en 1994, le célèbre dramaturge Abdelkader Alloula. Il sera également l’époux de la très connue écrivaine algérienne Assia Djebar en 1980.

Il écrira des poèmes, des proses et des essais comme le poème Villes et autres lieux 1979), Le cri de Tarzan (prose, 2008), Les miroirs voilés. De Delacroix à Renoir (essai, 2003)....

A travers son œuvre Les festins de l’exil, Malek Alloula partage avec ses lecteurs l’art de la table algérienne. Ce moment où convivialité et festins font le bonheur des convives. Il décrit l’hospitalité oranaise ainsi que les couleurs et les odeurs de différents plats. Il finira sa prose en citant seize recettes typiques de la région.

Litterature algerienne Les festins de l'exil

Une société algérienne en pleine transformation décrite par Abdelhamid Benhedouga dans son œuvre La mise à nu (1978)

Abdelhamid Benhedouga est un écrivain algérien en langue arabe né le 9 janvier 1925 à El Mansoura, Wilaya de Bordj Bouarreridj et décédé le 21 octobre 1996 à Alger.  Il étudia dans les deux langues, arabe et français, d’abord dans son village natal puis à Constantine où il intègre l’Institut Ketani et par la suite la Zeitouna à Tunis. De retour en Algérie, il composera des pièces radiophoniques en arabe pour l’ORTF et la BBC. Combattant dans la guerre d’Algérie, il rejoindra le FLN à Tunis en 1958 et collaborera à la radio « La voix de l’Algérie ».

Il sera l’auteur de plusieurs œuvres dont Rih el Djanoub (Le vent du sud, 1971) traduit dans plusieurs langues et adapté au cinéma, Al Djazair bayn elamsi wal yawmi (L’Algérie entre hier et aujourd’hui, 1958), Nihayato el ams (La fin d’hier, 1980)…

La Mise à nu est une œuvre parue en 1978 dans laquelle Abdelhamid Benhedouga décrit la société algérienne en pleine transformation. Nous sommes en période de révolution agraire et l’auteur raconte la rurbanisation et fait le parallèle entre les familles « rurales » et « citadines ». Les unes essaient d’accéder à un rang social plus élevé, les autres cherchent à maintenir leur position dominante dans la société.

Litterature algerienne La mise à nu

Le lien intergénérationnel en Algérie décrit par Abdelkader Djemaï dans son œuvre Un taxi vers la mer (2007)

Abdelkader Djemaï est un écrivain algérien d’expression française né à Oran le 16 novembre 1948. Il vit en France depuis 1993. Il contribuera par la suite en écrivant ses premiers textes littéraires au journal La République d’Oran en 1966-1967. Il connaitra une carrière de journaliste et publiera un premier roman qui s’intitulera Saison de pierres paru en 1986. D'autres œuvres verront le jour comme Mémoires de nègre (1991), 31, rue de l’Aigle (1998), Un moment d’oubli (2009), Impressions d’Algérie (2012) ….

Il recevra plusieurs récompenses littéraires pour un bon nombre de ses écrits. Il sera aussi Chevalier des Arts et des Lettres et Président du Prix Amerigo-Vespucci.

Souvent, les aînés ont des pensées secrètes qu’ils ne partagent pas par pudeur. Dans son livre, Un taxi vers la mer paru en 2007, Abdelkader Djemaï revient sur ces mystérieuses pensées que peuvent avoir les anciens sans jamais les divulguer. Cette histoire parle d’un jeune homme de seize ans voyant son grand-père maternel veuf, qui n’a jamais voyagé, prendre un taxi et aller voir pour la première fois la mer Méditerranée sans savoir réellement pourquoi. C’est à travers douze clichés retrouvés dans une usine désaffectée qu’Abdelkader Djemaï raconte cette épopée.

Litterature algerienne Un taxi vers la mer

 

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