Chaque année, l’Algérie accueille de nombreux étudiants venus de toute l’Afrique. Ils bénéficient de bourses d’études entrant dans le cadre des programmes de coopération entre l’Algérie et les différents pays d’Afrique.
C'est le cas d'Eloge MANIRUMVA, venu du Burundi pour poursuivre ses études en Algérie. A travers cette interview, il nous parle de son parcours depuis son pays de naissance jusqu'à son pays d'accueil, son expérience en tant qu'étudiant étranger en Algérie et ce que cette dernière lui a apporté.
Présentez-vous à nos lecteurs
Je m’appelle Eloge MANIRUMVA, je viens du Burundi, pays d’Afrique francophone et ma ville natale est Bujumbura. J’ai 24 ans. Je suis venu en Algérie fin 2016, c’est donc ma 5ème et dernière année de Master en Automatique Industrielle à l’Université de Tiaret.
Parlez-nous un peu de votre vie dans votre pays et ville d’origines
Je suis né dans une famille de sept enfants, quatre garçons et trois filles. J’ai fait une année de médecine chez moi mais que je n’ai pas achevé.
Mes activités préférées étaient la lecture, donner des cours de sciences (mathématiques, physique, chimie…) aux autres et la philosophie, une de mes passions à ce jour.
Pourquoi et comment avoir choisi l’Algérie ?
J’avais ce souhait de faire mes études à l’étranger. J’ai donc candidaté pour l’Afrique du Sud, le Japon, la Russie et le Maroc. Mais par la suite, l’entité qui gère les bourses m’a orienté vers l’Algérie.
Est-ce que les étudiants de votre communauté sont nombreux ? Dans quelles villes sont-ils majoritaires ?
Actuellement, nous sommes une cinquantaine mais avant nous étions plus nombreux, environ une centaine. Les étudiants venus du Burundi sont dans plusieurs villes du pays.
Comment s’est déroulée votre arrivée en Algérie ?
Eloge (Burundi) : A l’arrivée de chaque nouveau Burundai, les anciens étudiants sont mis au courant. Il existe d’ailleurs une association qui s’appelle ASSESBA (Association des Stagiaires et Etudiants Burundais en Algérie) qui organise l’accueil pour les nouveaux. Nous sommes arrivés la nuit et avons été logés dans des maisons. Le lendemain, chacun s’est dirigé vers sa ville d’accueil. Nous étions dix Burundais et moi je partais pour Tiaret. J’ai été immédiatement pris en charge par les anciens étudiants et qui m’ont aidé pour les inscriptions et toutes les procédures administratives d'autant plus que notre ambassade n’existe pas en Algérie. Les ambassades du Burundi les plus proches sont basées au Maroc et en Ethiopie ce qui est souvent assez problématique pour nous.
Racontez-nous votre quotidien dans votre ville de résidence en dehors de vos études.
J’aime le footing, la lecture, le football et le bricolage. Je suis aussi des formations en ligne dans l’entreprenariat.
A Tiaret il y a une différence entre ma culture et la culture locale qui est assez importante. Je suis quand-même arrivé à me faire quelques amis algériens. Autrement, je partage des activités avec des amis venus du Mozambique, Centre-Afrique, Côte d’Ivoire et Afrique du Sud.
Avez-vous pu vous intégrer facilement en Algérie ?
Tiaret est une ville différente de la capitale ou de certaines autres villes d’Algérie. Ainsi, l’intégration était un peu compliquée pour moi dû à la différence de culture très marquante mais par la suite je m’y suis habitué. J’ai fait la connaissance de quelques étudiants algériens mais mes amis sont majoritairement des étudiants étrangers comme moi.
Quels sont vos lieux préférés dans votre ville de résidence ? Qu’aimez-vous y faire ?
A Tiaret, c’était la première fois que je découvrais les manèges, ça m’a beaucoup plu. Sinon, j’aime me balader dans les ruelles et cela m’aide aussi dans mes réflexions philosophiques, moi qui suis un passionné de philosophie.
Avez-vous voyagé en dehors de votre ville de résidence ? Si oui, citez-nous les noms des villes visitées.
J'ai visité Belabess, Oran, Tlemcen, Ain Temouchent, Blida, Tizi Ouzou, Alger, Annaba.
Quels plats ou mets algériens traditionnels avez-vous testé ?
J’ai testé le couscous et d’autres plats mais je n’ai pas retenu les noms mais le couscous reste mon plat préféré.
Et quels sont les plats traditionnels de votre pays ? En avez-vous un que vous préférez ?
Le plat traditionnel commun au Burundi est Isombé, c’est à base de feuilles de manioc fondues ou de maïs. Il y a aussi la patate douce et les haricots. On en mange presque tous les jours au Burundi.
Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné et/ou étonné à votre arrivée en Algérie ?
La nature. Il y a de beaux paysages.
Quelles différences avez-vous notées entre la culture algérienne et celle de votre pays ?
Il y a plusieurs différences que ça soit dans les célébrations ou même dans les spécialités culinaires bien que nous soyons deux pays d’Afrique. Par exemple, le couscous était une découverte pour moi, les olives aussi et les pois chiches.
Arrivez-vous à parler et à comprendre l’arabe, essentiellement l’arabe algérien ? Quels mots ou phrases avez-vous appris jusqu’ici ?
« Chuiya » (un peu), « Ch’hèl » (combien ?)
Que vous manque-t-il le plus de chez vous ?
Ma famille, mes amis et toutes les opportunités que j’avais là-bas. J’avais commencé à investir dans de petites activités mais je compte les reprendre une fois de retour au pays.
A ce jour, le coronavirus continue à circuler dans le monde entier et l’Algérie n’en est pas épargnée bien que le nombre de contaminations ait considérablement diminué et les mesures de confinement partiel à domicile sont allégées. Mais lors de la période du grand pic, un confinement sévère a eu lieu en Algérie. Comment avez-vous vécu le confinement et quel impact cela a eu sur vos activités quotidiennes et vos études ?
Cette crise sanitaire a eu un double impact sur moi, positif et négatif. Pour ce qui est du négatif, comme pour tous, nous avons eu beaucoup de retards dans notre programme d’études. Mais ce qui a été positif pour moi est que pendant ce temps-là, j’ai compensé en faisant des formations en ligne dans plusieurs domaines.
Après l’obtention de votre diplôme, quels sont vos futurs projets ?
Eloge (Burundi) : Je souhaite retourner dans mon pays et continuer mes activités que j’avais entamées en parallèle de celles qui sont rattachées aux études que j’ai faites ici en Algérie.
Que vous a apporté votre expérience en Algérie?
J’ai découvert mes forces et mes faiblesses. Je me suis amélioré car j’ai appris à voir les qualités des Algériens et me dire que nos différences culturelles n’ont pas toujours été un obstacle de communication. Il existe aussi des qualités ici qu’on ne retrouve pas ailleurs. Par exemple, au mois de Ramadan, tout le monde est très généreux envers autrui. Une personne qui ne te connait pas peut partager avec toi ce qu’elle a. Même dans nos fêtes chrétiennes nous ne voyons pas autant de générosité entre des inconnus. Et je dirais que même en dehors du Ramadan, nous pouvons croiser des personnes qui aiment partager notamment avec nous les étrangers.
Quel conseil donneriez-vous à de futurs étudiants étrangers qui viendraient en Algérie ?
Je leur dirais qu’il y a des hauts et des bas comme partout. Il y a ceux qui veulent rester ici comme ceux qui veulent retourner chez eux ou partir ailleurs. Il est utile qu’ils se renseignent en amont afin de bien connaitre le pays. Mon deuxième conseil serait que si les nouveaux étudiants veulent bien vivre ici, il ne faut pas qu'ils se renferment sur eux-mêmes mais plutôt qu’ils participent aux activités communautaires.
Quel serait le plus beau souvenir d’Algérie que vous emporterez avec vous ?
Je me souviendrai des visites que j’ai pu faire dans les différentes villes mais également toutes mes expériences, bonnes ou mauvaises, qui m’ont construit et m’ont aidé à m’améliorer et à comprendre d’avantage l’être humain et ce que c’est que de ne pas être chez soi.