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1917-2017, Centenaire de l’entrée en guerre de la Chine

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Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 9 novembre 2017, mis à jour le 9 novembre 2017

Le 11 novembre marque la fin de la Première Guerre mondiale. Cette année, cette date revêt une autre signification pour qui vit en Chine :  c’est, en effet, le centenaire de l’entrée en guerre de la Chine aux côtés de la France et du Royaume-Uni.

Ainsi en 1917, plus de 140.000 Chinois, originaires de la province de Shandong (Nord-Est) sont venus en Europe pour remplacer la main d’œuvre partie au front : environ 100.000 côté britannique, 40.000 côté français. Ils débarquèrent à Marseille au printemps 1917. Si les hommes recrutés par les Français furent envoyés un peu partout dans l’Hexagone, ceux sous drapeau anglais seront transférés tout de suite vers la Picardie, dans le camp militaire britannique de Noyelles-sur-Mer. Plusieurs milliers d’ouvriers y resteront toute la guerre, relégués à des tâches pénibles.
 

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Ces jeunes Chinois, appelés les Coolies, se retrouvèrent, entre autres, à devoir construire des voies ferrées pour 1 franc par jour (soit plus de dix fois moins que le salaire moyen de l’ouvrier français), logeant dans des baraquements à peine salubres. Loin de chez eux, ils tentèrent cependant de recréer un peu de leur terre natale sur le sol français et selon le Souvenir français, le camp prenait parfois « des couleurs de villages asiatiques », avec des bâtiments « ornés de lanternes » et des cerfs-volants flottant dans le ciel picard. Les Chinois y auraient même construit une petite pagode.

 

2.000 Chinois morts et 27.000 disparus en France pendant la guerre

Dans des conditions exécrables, ils durent faire face au froid, à la pluie, à la faim et surtout à la maladie. Selon le témoignage d’un habitant de Noyelles-sur-Mer, ces hommes étaient « vêtus de coton matelassé, bleu de chauffe, jambes ficelées dans des bandelettes entrelacées, courte veste, petit bonnet rond avec cache-oreilles de fourrure », les arrivants avaient piètre mine. Leurs outils suscitaient la curiosité et l'étonnement de tous : essentiellement des bambous, porte-fardeau porté par deux hommes entre lesquels se balançaient sacs de riz, poutres, et autres. Ils leur étaient interdits par le commandement britannique de parler à la population locale. Ils se déplaçaient toujours en groupe et toujours sous la surveillance de soldats anglais, comme s’ils étaient des prisonniers. Dans cette situation extrêmement difficile, subissant « une discipline militaire très stricte » et pouvant être « victimes de châtiments corporels », certains voulurent se révolter... et furent aussitôt fusillés.
 

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Près de 2.000 Chinois sont morts en France pendant la Première Guerre mondiale selon les chiffres britanniques mais certains historiens avancent le nombre de 27.000 disparus. Un petit cimetière, à Nolette sur la commune de Noyelles-sur- Mer, garde le souvenir de ces hommes de Chine qui vinrent se perdre dans les terres de Picardie. 842 hommes y sont inhumés dont beaucoup décédèrent de maladies, victimes du choléra ou de la grippe espagnole. Noyelles-sur-Mer est un site unique du front occidental, exclusivement chinois, avec des éléments caractéristiques, comme des idéogrammes, un portail sinisant. A ce titre, il fait partie des 11 sites de la Somme candidats à l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. A l’occasion de Qing Ming, la "fête des morts" chinoise, une délégation chinoise vient chaque année se recueillir sur les tombes des Coolies.
 

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En ce 11 novembre 2017, ayons une pensée pour ces Chinois qui, il y a exactement 100 ans, sont morts pour la France.

Crédits photos : David McLellan, Luc Beaumadier.

Annie Langlois

 

 

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