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Histoire : les rochers Liancourt, une dispute éternelle entre la Corée et le Japon

Les rochers Liancourt font depuis longtemps l'objet d'une bataille frontalière entre la Corée du Sud et le Japon. Dokdo ou Takeshima, ce groupe d'îlots présente des enjeux politiques et économiques. Petit retour sur son histoire, de son commencement à aujourd'hui.

Les Rochers Liancourt.Les Rochers Liancourt.
(Ulleungdont, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons)
Écrit par Charlotte Gide
Publié le 19 août 2024, mis à jour le 20 août 2024

 

Vous n'avez certainement pas manqué les vidéos concernant les rochers Liancourt dans l'Airport express (AREX) qui vous menait à Séoul lors de votre voyage en Corée du Sud. Dokdo (nom coréen) ou Takeshima (nom japonais) est un groupe d'îlots situés entre les deux pays, dans la mer de l'Est, et chacun en réclamant sa souveraineté. Elle est la source d'un litige frontalier reposant sur des enjeux politiques et économiques, et ceux encore aujourd'hui.

 

 

Des raisons incertaines de dispute 

On se demande d'abord pourquoi les deux pays se disputent la souveraineté du groupe d'îlots. Ils portent d'ailleurs le nom du baleinier français Le Liancourt, qui est un bateau avec lequel ont été "découvertes" les Rochers, en 1849. Mais les raisons poussant la Corée du Sud et le Japon à vouloir ces terres restent floues. On pourrait tout d'abord penser à des raisons pratiques et logiques. Géographiquement, les Îlots sont situés entre Ulleungo, île sud-coréenne, et l'île Oki, japonaise.

Situé dans la mer de l'Est, il a longtemps été un spot de pêche pour les deux pays qui se disputaient déjà les eaux alentours. Cette histoire a été réglée avec un commun accord concernant les zones de pêche pour les deux pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Autre raison possible, agrandir sa zone économique exclusive (ZEE). Cependant, certains documents officiels soulignent qu'une île inhabitée et n'ayant aucune activité commerciale ne peut être constituée comme une ZEE. Ce qui est donc le cas pour Dokdo/Takeshima. On pense aussi à un intérêt touristique puisque les Rochers sont devenus populaires, notamment auprès des sud-coréens qui partent souvent à la découverte de ces îlots. En dehors de ces raisons, ils seraient plus largement la symbolique d'un bras de fer du fait de leur passif historique compliqué (impliquant notamment la colonisation japonaise). 

 

Depuis quand la querelle entre la Corée et le Japon ? 

Il y a deux histoires à l'Histoire. D'abord, le point de vue coréen qui avance que plusieurs archives anciennes prouve bel et bien son appartenance. Cela remonterait à la Corée divisée en plusieurs royaumes puis à sa réunification au 10ème siècle puis les dynasties suivantes. Cependant, les Japonais estime eux que le groupement d'îlots n'a appartenu à personne et qu'il est donc une terra nullius. Ils précisent aussi que les pêcheurs japonais s'y rendent depuis 1600 et donc que cela leur appartient. Mais la question ne se soulève réellement des deux côtés que dès le 17ème siècle.

D'ailleurs, à cette époque, de nombreux documents coréens et japonais, cartes et documents impériaux notamment, montrent chacun que l'île est référencée respectivement dans leur pays. C'est en 1904, alors que le Japon déclare la guerre à la Russie, que les Japonais soulèvent de nouveau la question de Dokdo/Takeshima en déclarant qu'elle est considérée comme un No man's land et lui donnant son nom japonais, "Takeshima". 

Pendant de nombreuses années, les va-et-vient d'opinions se font de façon récurrente entre les deux pays. La question sera même soulevée par les Alliés lors des négociations pour le traité de paix de San Francisco en 1951, où aucun parti n'a été pris, remettant la question entre les mains du pays du matin calme et celui du soleil levant. En 1953, la Corée du Sud veut asseoir sa souveraineté et décide donc unilatéralement de construire une base de gardes-côtes et un phare sur les Rochers Liancourt. Ce qui énerva le Japon. Et une nouvelle fois, la Corée et le Japon décidèrent de régler la question sous la pression des Etats-Unis sans arriver à une conclusion claire. Elles ont donc décider de ne pas trouver d'accord et plutôt d'ignorer la question, en intensifiant leur coopération commerciale et économique.

 

Qu'en est-il aujourd'hui des rochers Liancourt ?

Au 20ème siècle, la question continue de se poser et ce, dès 1987, alors que la Corée du Sud rentrait dans une face de démocratisation complète. Jusqu'aujourd'hui, les deux pays ont toujours soulevé la question avec des provocations et des manifestations en réponse. L'un des derniers exemples remontant aux JO de Tokyo, où le Japon avait mis en ligne une carte du pays avec un petit point gris, représentant Dokdo/Takeshima. Ce qui provoqua donc la colère des Coréens. 

 

Sources : une vidéo explicative Youtube de Politics with paint, le site Planète Corée, l'article "The Dokdo/Takeshima Dispute between Korea and Japan: Understanding the Whole Picture" par Jinman Cho, HeeMin Kim and Jun Young Choi. 

 

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