Première productrice mondiale de perles d’eau douce, la Chine occupe une place centrale dans le commerce mondial de la perle. Le cas de Zhuji, de ses modes de production et de l’essor des ventes en ligne, montre une filière en évolution, entre tradition artisanale et dynamiques plus modernes.


Zhuji, capitale mondiale des perles d’eau douce
La Chine produit environ 70 % des perles d’eau douce mondiales, avec Zhuji, dans la province du Zhejiang, comme centre névralgique de cette activité. En 2023, cette ville a généré plus de 50 milliards de RMB, soit environ 6,89 milliards de dollars de ventes de perles, représentant 80 % des ventes nationales. D'autres provinces, telles que le Jiangsu ou l’Hubei, participent aussi à la production, ainsi que le Hainan pour quelques élevages marins.
Ces perles proviennent principalement de mollusques d’eau douce, en particulier de la moule Hyriopsis cumingii, élevée dans des lacs, rivières et bassins artificiels. Les moules sont inséminées manuellement à l’aide d’un greffon, un fragment de tissu biologique appelé épithélium, et d’un noyau, souvent absent dans le cas des perles d’eau douce, puis placées dans l’eau pour un cycle de croissance de 2 à 5 ans. Une fois récoltées, les perles sont nettoyées, triées selon leur taille, forme, brillance et couleur, puis percées et assemblées. Ce processus mobilise des milliers de travailleurs dans des unités spécialisées, notamment à Zhuji, où les infrastructures industrielles permettent d’assurer chaque étape, de la culture à la mise en marché.
Une demande portée par les canaux numériques
En 2023, les ventes de bijoux en perles en Chine ont augmenté d’environ 46 %, atteignant 35 milliards de RMB, soit environ 4,85 milliards USD, c’est-à-dire 4 % du marché national de la bijouterie. Cette croissance est en grande partie attribuée à l’essor des ventes en direct sur les plateformes numériques.
Des entreprises comme Yuanmei Pearl ont réalisé plus de 80 % de leurs ventes via le live streaming en 2024, grâce à des partenariats avec Douyin ou Taobao Live. Des centres de diffusion ont même été construits dans certains marchés de gros pour professionnaliser ces ventes en ligne. Les jeunes consommateurs chinois sont également influencés par les tendances esthétiques actuelles. Sur Xiaohongshu, réseau social chinois, de nombreux contenus mettent en avant des hommes et femmes portant des perles dans un style décontracté ou vintage, s’éloignant de l’image formelle voire cérémonielle souvent associée à ce bijou.
Les enjeux de l’industrie perlière chinoise
Les professionnels du secteur misent sur une montée en gamme, tant au niveau de la culture, avec le développement de perles plus rondes ou aux reflets plus subtils, que du design. Les marques locales investissent dans la recherche sur la culture perlière, notamment pour allonger la durée d’incubation et améliorer la brillance naturelle sans traitement chimique.
À l’international, les perles chinoises conservent un avantage prix mais cherchent à se différencier davantage par la qualité et le storytelling. Des salons spécialisés comme la Hong Kong International Jewellery Show, le Tokyo International Jewellery Exhibition (IJT) ou le salon Bijorhca à Paris servent de vitrines pour cette nouvelle stratégie. Des standards environnementaux plus stricts sont également mis en place. Depuis 2020, plusieurs gouvernements provinciaux, notamment dans le Zhejiang et le Jiangsu, ont renforcé leurs réglementations sur les exploitations perlières, imposant des contrôles plus fréquents sur les niveaux de pollution, la gestion des effluents et l’utilisation de produits chimiques dans les bassins d’élevage.
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