La Chine a débuté fin juillet un chantier titanesque pour rendre son mix énergétique plus vert.


Un chantier titanesque au cœur de l’Himalaya
La Chine a lancé la construction du plus grand barrage hydroélectrique du monde sur le fleuve Yarlung Tsangpo, au Tibet. Présenté par le Premier ministre Li Qiang comme le « projet du siècle », ce mégabarrage s’inscrit dans le cadre du 14ᵉ plan quinquennal chinois et marque une étape historique dans le développement des infrastructures énergétiques du pays. Le projet prévoit la construction de cinq centrales hydroélectriques en cascade, capables de produire chaque année près de 300 millions de MWh d’électricité. A titre de comparaison, la production hydroélectrique totale française a atteint 75,1 millions de GWh en 2024. A lui seul, le nouveau barrage produirait donc 4 fois l'ensemble de la production hydroélectrique française annuellement. Le site choisi, situé dans une région montagneuse où le fleuve chute de 2 000 mètres sur seulement 50 kilomètres, offre un potentiel énergétique inégalé. Avec un budget colossal de 1,2 trillion de yuans ( 156 milliards d’euros) l’objectif de Pékin est d’allier prouesse technologique, transition énergétique et développement régional tout en renforçant la sécurité énergétique nationale
Des bénéfices économiques et environnementaux majeurs
Le mégabarrage du Yarlung Tsangpo pourrait transformer en profondeur le paysage énergétique et économique chinois. En premier lieu, il offrirait une capacité de production d’énergie propre inédite, réduisant la dépendance de la Chine au charbon, qui reste aujourd’hui sa principale source d’électricité et un facteur majeur d’émissions de gaz à effet de serre. Avec 300 millions de MWh attendus chaque année, le projet contribuerait de manière significative à atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2030 et 2060, visant la neutralité carbone. Sur le plan économique, Pékin souhaite également dynamiser la région. Ce projet devrait créer des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects, dynamisant l’emploi local et soutenant les industries des énergies renouvelables et des technologies hydrauliques. Par ailleurs, il pourrait stabiliser l’approvisionnement énergétique dans des régions en forte croissance démographique, réduisant la vulnérabilité du pays face aux pénuries d’électricité. Enfin, en investissant dans ce projet d’envergure, la Chine renforcerait son leadership mondial dans le domaine des énergies vertes, tout en favorisant le transfert de technologies et l’innovation dans des secteurs connexes comme le stockage de l’énergie ou les réseaux intelligents.
Comparaison avec le barrage des Trois-Gorges
Le mégabarrage du Yarlung Tsangpo surpasse largement le célèbre barrage des Trois-Gorges, longtemps considéré comme l’infrastructure hydroélectrique la plus impressionnante au monde. Mis en service en 2012, le barrage des Trois-Gorges produit environ 88,2 millions de MWh par an pour un coût total de 254,2 milliards de yuans, soit près de cinq fois moins que le budget du nouveau projet. En termes de puissance installée et de capacité de production, le Yarlung Tsangpo devrait établir un record mondial en générant plus de trois fois l’énergie des Trois-Gorges. Ce dernier avait pourtant déjà marqué un tournant historique dans l’hydroélectricité chinoise, tout en suscitant des débats sur son impact environnemental et humain. Le nouveau mégabarrage s’inscrit ainsi dans une logique d’infrastructures toujours plus ambitieuses, reflétant les priorités énergétiques et technologiques d’une Chine en quête d’innovation et d’autonomie énergétique.
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