Édition internationale

Chine-France : adieu lait, cognac, cochon… ?

L’enquête chinoise sur les subventions européennes aux produits laitiers risque d’être le prochain épisode de la riposte aux mesures de Bruxelles contre les véhicules électriques made in China.

Hong Kong produits laitiers françaisHong Kong produits laitiers français
Les produits laitiers français, comme le porc, sont très appréciés des expatriés à Hong Kong (photo Jean Weber sur CreativeCommons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 15 septembre 2025, mis à jour le 16 septembre 2025

Escalade tarifaire

« Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée... ». Dans un sens très différent de celui de la Fontaine, l’expatrié français en Chine devra peut-être bientôt faire sienne cette devise en se privant d’un certain nombre de produits agricoles en provenance de son pays. En effet, après avoir obtenu la hausse des prix du Cognac, puis avoir frappé de taxes les importations européennes de porc, Pékin menace également les arrivées de produits laitiers aux frontières.

Tout avait commencé par une mesure de Bruxelles. Le 30 septembre 2024, l’Union européenne (UE) avait imposé des droits de douane sur les véhicules électriques importés de Chine, avec des taux pouvant aller jusqu’à 35,3%. Dans l’autre sens, le 4 juillet 2025, Pékin a décidé de taux de droits antidumpings sur les eaux-de-vie de l’UE, principalement le Cognac. Alors que ces taux pouvaient aller jusqu’à 34,9%, plusieurs grandes marques françaises ont obtenu de commercialiser leurs produits à un prix minimum, en lieu et place des droits de douane.

Le porc français sanctionné

Cependant, la méthode chinoise d’application de droits de douane est basée sur des enquêtes menées sur différents secteurs, et d’autres produits européens sont depuis longtemps sous la menace. Ainsi, la filière « porc », qui faisait l’objet d’une enquête depuis juin 2024, aurait dû être fixée normalement le 6 décembre 2025, date prévue pour la fin des investigations. Or, dès le 10 septembre, des droits provisoires allant de 15,6 à 62,4% ont été mis en place. Pour la filière française porcine, il s’agit d’un coup d’autant plus dur que la Chine achetait des pieds, des oreilles et des « spare ribs » qui ne sont pas beaucoup consommés en Europe.

Or, comme pour le porc, les produits laitiers font face à un calendrier long et complexe. L’enquête menée par Pékin le 21 août 2024, d’une durée initiale d’un an, vient encore d’être prolongée de six mois, jusqu’au 21 février 2026. Cela n’exclut donc pas des droits de douane provisoires.

Une longue enquête anti-dumping

La raison de cette durée tient notamment à la complexité du dossier. En effet, certains fromages, laits et crèmes seraient largement subventionnés par la Politique agricole commune, selon Pékin. Or, non seulement l’UE finance les producteurs laitiers avec plusieurs fonds, comme le FEAGA ou le FEADER, mais, de plus, il le fait de différentes manières, qui vont de l’aide à la construction de bâtiments aux aides à la réduction de la production en passant par des programmes plus ponctuels comme le « lait et fruits à l’école ». Cependant, il ne fait aucun doute que la Chine trouvera au bout du compte des motifs d’établir des droits de douane.

Dans ces conditions, la seule solution pour mettre fin à ces taxes sur les produits européens serait une désescalade sur les droits de douane initiaux lancés par l’UE. Cela n’en prend pas le chemin. Le 8 septembre, soit le jour de son renversement, la dernière mesure prise par le gouvernement Bayrou était l’annonce d’une prime de 1000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique, à condition qu’il soit équipé d’une batterie européenne…

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos