Lepetitjournal.com a échangé avec Elodie et Dimitri, deux étudiants partis à la rencontre du monde entrepreneurial israélien avec leur Odyssée managériale. Mentalité, conflit israélo-palestinien, planification court-termiste, le débat, le management à l’israélienne n’aura plus de secrets pour vous.
Elodie et Dimitri, deux étudiants en quête de réponses à leurs interrogations concernant les pratiques entrepreneuriales d'aujourd'hui et de demain sont partis pendant plus de 6 mois dans 8 pays différents. A la recherche des crises que traversent les structures aujourd’hui, ils questionnent et se questionnent au sujet des pratiques managériales du futur. Décryptage de leur séjour en Israël.
Quelles caractéristiques principales retenez-vous des pratiques managériales des entreprises israéliennes ?
Une vision à court terme notamment à cause de l’instabilité du pays liée au conflit israélo-palestinien qui sévit. Cela exerce nécessairement une influence sur le mode de vie des Israéliens ainsi que sur le monde de l’entreprise ou la vision court-termiste domine largement. Ce que nous avons compris au travers nos différentes rencontres et notamment avec Zachari manager chez Monday.com, que le management israélien est un management de l’urgence où agilité et désordre cohabitent souvent. Il y a d’ailleurs un mot qui désigne cela : le “balagan”.
Israël est un véritable berceau d’innovation, où il y a une grande énergie. L’innovation fait presque partie de l’ADN du pays et est vue comme le facteur de croissance majeur. On retrouve ce havre d’innovation aussi dans le management. De nombreuses entreprises nous ont surpris comme par exemple Aleph Farm, qui est une entreprise pionnière dans la confection de viande cultivée en laboratoire, qui a mis en place un GenZ program qui permet à des jeunes du monde entier de venir réfléchir, en parallèle du comex, sur les problématiques de l’entreprise.
Quelles sont les principales crises managériales en Israël actuellement ?
Le conflit israélo-palestinien qui est toujours très actuel a nécessairement des conséquences sur le management. Comme mentionné précédemment, ce conflit permanent crée un sentiment d’urgence généralisée qui se répercute sur le monde de l’entreprise. C’est en cela que naissent de multiples innovations managériales. Tout va vite, parfois trop vite en Israël. La logique de court terme, plus qu’ancrée dans les mentalités, est devenue un mode de vie.
Le coût de la vie y est très élevé également, les entreprises ne pouvant offrir un fort salaire doivent donc mettre en œuvre d'autres avantages pour attirer les talents, et cela stimule également l’innovation managériale!
Comment les pratiques managériales israéliennes se différencient-elles des pratiques en France ?
Israël est sûrement le pays avec le moins de points communs avec la France.
Là où en France, la planification sur le long terme est très présente, cela n’existe pas en Israël, encore une fois à cause de la logique court termiste. D’ailleurs, c’est pour cela qu’il y a autant de startups en Israël.
Ensuite, le langage. En Israël, on se dit les choses de manière très (trop?) directe. “Ce sont parfois les montagnes russes émotionnelles !”, nous confie le directeur d’Estée lauder en Israël. Si un collaborateur fait mal son travail, il se fera disputer presque publiquement de manière plutôt virulente. En France, on préférera institutionnaliser les conflits. Mais d’un autre côté, une réussite sera valorisée publiquement aussi !
Aussi en Israël, se rendre en costume sur son lieu de travail est simplement ridicule. si vous le faites, on vous demandera d’un ton moqueur “d'arrêter de jouer au français”...
Enfin, une des grosses caractéristiques du pays est que, bien que les structures hiérarchiques existent (en entreprise, à l’armée etc), ces dernières ne se matérialisent pas par des rapports d’autorité prononcés. Par exemple, en Israël, même si vous êtes stagiaire, il ne sera pas du tout mal vu de dire à votre patron : « je pense qu’il y a erreur sur ce point ». Impensable en France. Cela sera même apprécié et vu comme une prise de position, une prise d’initiative. Ici on dit ce qu’on pense et se faire bien voir par ses supérieurs n’est pas du tout dans la culture. La culture du débat est très présente, et on y trouve l’explication dans la culture religieuse juive, car les pratiquants, historiquement les hommes, débattent autour du Talmud.
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