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MON OEIL SUR MANILLE - Voiles sur Manille...

Manille expatriationManille expatriation
Écrit par Solenn LESAGE
Publié le 25 septembre 2017, mis à jour le 29 septembre 2017

Des fantasmes de la préparation de votre future expatriation à la réalité de votre arrivée à Manille : un long voyage !

Départ pour Manille

Le départ pour Manille est imminent ! Vous avez bouclé vos valises en vous asseyant dessus, les avez remplies de vêtements légers, en coton de préférence, et y avez ajouté quelques petites laines pour parer aux zones polaires (entendre ‘climatisées’), tout comme le Lonely Planet et les quelques blogs que vous avez parcourus sur la toile vous l’ont conseillé.

Manille building trafic nuits lumière rêve expatriés philippines

 

Depuis quelques jours vous mangez Manille, vous dormez Manille, vous marchez Manille, vous rêvez Manille. Vous adorez prononcer ce mot. Manille. Vous aimez apprendre à qui veut l’entendre « j’emménage à Manille ». C’est un mot qui vous caresse le creux de l’oreille de ses douces consonnes et coquettes voyelles. Quand vous le prononcez, des gousses de vanille viennent danser sur votre horizon, un sourire s’esquisse sur votre visage.

Dans la nébuleuse de vos fantasmes, vous vous voyez déjà parcourir la ville en jeepney, goûter au balut (œuf de cane vapeur qui enferme un petit fœtus) sur sa corniche au coucher du soleil (eh oui vous avez lu que tout est plus drôle aux Philippines !) ; vous salivez à la seule évocation des fruits et légumes que vous allez savourer – ramboutan, calamansi, langka, atis… ; vos naseaux trépignent d’impatience à l’idée d’être titillés par les effluves d’Asie que vous aviez adorées en Thaïlande ; vous vous préparez à faire le deuil du silence, étranglé par le tohu-bohu de la mégapole. Vous vous êtes renseignée sur la langue officielle, le tagalog, et savez déjà dire « magandang umaga » (bonjour le matin), « paalam » (au revoir) et « salamat po » (merci). Facile ! Et puis ça chante tellement l’Asie, les îles, les poissons-clowns, les cocotiers, les bols de riz…

Vous vous sentez prête. Vous vous attendez à être un peu chamboulée bien sûr, mais vous avez mis toutes les chances de votre côté.

-Votre vol dure environ 18 heures,

vous vous dites que Manille doit en valoir le coup-

Arrivée à Manille

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L’hôtesse vous répond de façon enjouée « babaaaaille ma’aaaam » quand vous lui dites « paalam » dans votre barbe en quittant le Boeing. Le pas alerte, vous enchainez les files, les fiches, les tampons,  les valises. Votre chat est sain et sauf, vous êtes rassurée. Vous franchissez la porte de sortie de l’aéroport et là, vous la sentez s’affaler sur vous. La moiteur. Elle vous saisit et vous enveloppe comme un beau rouleau de printemps. Vous ressentez un léger vertige….

A l’arrière de votre taxi, dont le chauffeur a bien pris soin de verrouiller les portes, vous parcourez la ville. L’horizon dessine les contours de hautes tours plantées en rangs d’oignons, les églises semblent avoir été peintes au petit matin. Vous êtes prise d’un léger doute : seriez-vous arrivée au Mexique ? Les buildings sont bien plus hauts que vous le pensiez, les couleurs moins vives que vous l’imaginiez, les routes plus larges que dans vos fantasmes, les panneaux publicitaires de cent mètres carrés sont…eh bien vous ne les aviez même pas inclus dans le décor de vos projections.

Vous ouvrez la fenêtre pour prendre le pouls de la ville et l’air chaud vient instantanément s’imposer dans le taco. Au dehors des jeunes femmes en short foulent nonchalamment les trottoirs de leurs sandales, isolées sous des parasols-parapluies. Despacito passe sur les ondes de la radio et le chauffeur entonne gaiment le refrain, se balançant au rythme de Jésus sur sa croix au rétroviseur. En levant les yeux pour y regarder le ciel, vous ne le trouvez pas. Mais vous remarquez bien les fils téléphoniques enchevêtrés et accrochés comme des tarsiers à des pylônes et vous vous demandez comment ils s’y retrouvent, chez l’edf philippin.

Des jeepneys vous dépassent, le moteur vrombissant et les couleurs clinquant ! Un tuk tuk sort d’une ruelle, des marchands ambulants jonchent les trottoirs de l’avenue que vous longez. Des odeurs d’huile de palme frite viennent chatouiller vos narines et des accents rigolos se posent sur une langue qui semble parlée avec le nez. Vous avez cru reconnaître l’Asie. L’Amérique. L’Espagne. « Mabuhay sa Pilipinas ! » vous lance alors votre chauffeur lorsque vous quittez son véhicule.

Votre nouvelle vie d’expatriée commence à Manille.

 

Solenn LESAGE
Publié le 25 septembre 2017, mis à jour le 29 septembre 2017

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