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CLIC CLAC ! – Le portrait d’inconnus

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Filipino fishermen 3, Bohol, Philippines, 2016 © Arthur Perset Photographe
Écrit par Arthur PERSET
Publié le 1 octobre 2017, mis à jour le 3 octobre 2017

Bonjour à tous. Pour cette première chronique, je vous propose une réflexion sur le portrait, et plus précisément sur le portrait d’inconnus, en prenant pour exemple l’une de mes photographies, prise au sud de Bohol en 2016.

Vivre à l’étranger c’est expérimenter la différence, l’exotisme. Tout est sujet à émerveillement, et notamment les inconnus que l’on rencontre. Qui n’a pas déjà pris en photo des personnes aux vêtements incroyables, au sourire désarmant, à l’attitude surprenante? Etes-vous satisfait du résultat ? Peut-être pas complètement. Voici quelques conseils pour aller plus loin la prochaine fois que l’envie de photographier quelqu’un vous prendra.

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Filipino fishermen 3, Bohol, Philippines, 2016 © Arthur Perset Photographe

Sortir de sa zone de confort

Et oui, ça parait tout simple mais un portrait réussi est rarement un portrait volé. Lâchez vos zooms et approchez-vous de votre sujet. Horreur ! me direz-vous, il risque de me voir ! Et alors ? La personne que vous prenez en photo mérite bien de savoir ce qui se passe, et son acquiescement tacite ou explicite peut éviter bien des malentendus.

Lorsque je suis arrivé en bateau dans cette partie du sud de Bohol, j’ai tout de suite remarqué ces deux pêcheurs qui se préparaient à manger. Plutôt que de les photographier de loin, je me suis dit qu’il serait bien plus intéressant de s’approcher.  L’idée n’était pas de les présenter comme des animaux sauvages pris au téléobjectif dans un safari, mais bien de plonger le regardeur dans leur quotidien. Pour cela, il fallait que je m’approche, que je leur signale ma présence et qu’ils l’acceptent. Sortir de sa zone de confort a un coût, mais, croyez-moi, la récompense (humaine et photographique) en vaut la peine.

S-O-U-R-I-R-E

Ah oui, c’est bien beau de rentrer en contact avec les gens mais comment fait-on ensuite ? On SOURIT, c’est tout ! Avec mes deux pêcheurs durant leur pause déjeuner, je n’ai pas dit un mot. Je me suis approché lentement, l’appareil photo bien en évidence, j’ai souri et j’ai commencé à photographier, tout en continuant à sourire. L’attitude et le sourire sont la clef ; on le voit bien aux Philippines. La façon dont vous allez aborder les gens influencera leur comportement devant votre objectif. Si vous arrivez avec l’attitude du chasseur en embuscade, ne vous étonnez pas si vos « proies » se font la malle ! A l’inverse, des gestes doux et un grand sourire peuvent ouvrir toutes les portes du monde. Certaines personnes vous ignoreront, continuez à shooter. D’autres prendront la pause, c’est souvent le déclencheur d’une bonne tranche de rigolade… avec des inconnus ! N’oubliez pas que la photographie, ce n’est pas que collectionner les souvenirs, c’est aussi un moyen (médium) pour rentrer en contact avec les autres.

Arrêtez de couper les têtes.

Cette règle est très simple à suivre. Ne coupez pas les têtes de vos sujets avec des lignes fortes, comme l’horizon par exemple. Placez les têtes dans des zones d’aplats dans lesquelles elles pourront respirer et être plus facilement regardées. Pour ce faire, il faut souvent se baisser ou se surélever un peu, car en admettant que nous fassions tous la même taille, les têtes se retrouvent obligatoirement coupées par l’horizon.

Avec mes deux pêcheurs, j’ai choisi de me baisser et de laisser le haut de leurs corps se découper dans la simplicité graphique du ciel. A vrai dire, je n’avais guère le choix ; il était compliqué de me surélever. J’étais au beau milieu d’un récif avec de l’eau à mi- genoux !

Faites simple !

Une erreur classique de débutant est de vouloir trop montrer dans une photo. Stop ! Allez à l’essentiel, recentrez-vous sur votre sujet principal et commencez par supprimer de votre cadre toutes les autres informations. Votre photo gagnera en force. Un jour peut-être, quand vous aurez atteint le niveau de Cartier-Bresson, vous pourrez commencer à intégrer de nouveaux éléments à vos photos. Mais d’ici là, la simplicité est gage d’efficacité.

Autour des deux pêcheurs de ma photo, il y avait de magnifiques arbres mangrove, des touristes se prenant en selfie sur un banc de sable au milieu de la mer, des bancas aux couleurs magnifiques posées sur l’horizon… ce sont autant d’autres photos ; ne mélangeons pas tout.

Vivez l’instant.

Primordial ! Prenez du plaisir, ne photographiez pas dans la douleur. Goûter ces moments rares que vous avez su créer, ce rapport aux autres qui s’installe le temps d’une photo et rapproche parfois des gens que tout oppose dans la vie. Si le courant passe avec vos modèles, n’hésitez pas à continuer à photographier, pensez à d’autres photos, vivez dans le présent.

Lorsque j’ai commencé à photographier, les deux pêcheurs étaient un peu timides. On le voit bien sur la photo, cette façon qu’ils ont de sourire, un peu gênés d’être choisis comme modèles. J’ai tout de suite senti de la bienveillance, de la douceur. « Ces deux-là parlent peu » ai-je pensé, mais ils ont l’air tellement gentils ! Alors j’ai continué à photographier. J’ai pris le portrait de chacun en leur demandant de ne pas me regarder « don’t look at me », ai-je dit avec mon accent français. Ça les a fait rire, ça devait être drôle pour ces deux pêcheurs de Bohol de se retrouver en face de moi sur leur lieu de travail. J’ai aussi pris le poisson qui grillait en gros plan ; les deux pêcheurs rigolaient en me voyant faire. Deux minutes dans leurs vies, je suis partis en souriant mais plus besoin de me forcer, j’étais heureux.

Filipino fishermen 3, Bohol, Philippines, 2016 © Arthur Perset Photographe

Pour aller plus loin

Il y a autant d’écoles de portrait que de photographes. Voici quelques noms à connaitre et à glisser dans vos prochaines discussions photos.

Bruce Gilden : le chasseur sans pitié (tout l’inverse de ce que je viens de dire).

Claude Nori : le Casanova du Sud.

Lise Sarfati : la plus américaine des photographes françaises.

Steve McCurry: la légende vivante.

 

Et pour découvrir mon travail de photographe

Mon site professionnel 

www.arthurperset.com

www.arthurpersetprint.com

Mes comptes Facebook et Instagram

www.facebook.com/arthurpersetphotographer/

www.instagram.com/arthur_perset/

 

Prenez des photos, prenez du plaisir !

 

Portrait Arthur Perset photographe photographer Manille Philippines
Publié le 1 octobre 2017, mis à jour le 3 octobre 2017

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