Les touristes étrangers depuis ces années très récentes semblent découvrir le Portugal, comme s´ils en entendaient parler pour la première fois.
Le nombre de touristes étrangers a augmenté de plus de 60% en quatre ans, aidant ainsi, sous l´angle positif, le pays a surmonté les défis de la crise économique : le tourisme représente aujourd’hui 4,8% du PIB portugais. Cependant tout n´est pas rose et le pays est confronté à des questions délicates, telle que la hausse majeure des prix de l’immobilier et la perte des aspects pittoresques caractéristiques du pays.
Français, Anglais, Allemand, Espagnol mais pas seulement envahissent tout particulièrement Lisbonne, Porto et la région de l´Algarve au sud du pays. Il est de plus en plus fréquent d´entendre parler diverses langues au cœur du Chiado. Le boom touristique de ces dernières années à changer le visage du Portugal.
En 2012, le Portugal a accueilli près de 7,7 millions de touristes étrangers, selon l’Institut National de Statistiques (INE). En quatre ans, le nombre de touristes étrangers au Portugal a augmenté de plus de 60%, totalisant ainsi 12,5 millions de touristes en 2016. Les touristes français ont aussi redécouvert le pays : plus de 1,5 millions l’ont visité en 2016, deux fois plus qu’en 2012.
Le pays est bien parti pour battre de nouveaux records en 2017. Les touristes ont consommé plus de 23,5 millions de nuits pendant les sept premiers mois de l’année, une augmentation de 10,2% face à l’année précédente. Les touristes originaires du Brésil, des USA et de Pologne sont ceux qui ont le plus augmenté en terme de marché.
Le tourisme représente aujourd’hui 4,8% du PIB portugais, deux fois plus qu’en 2009. Au premier trimestre 2017, environ 305.000 personnes travaillaient dans l’industrie du tourisme (14,8% de plus qu’en 2016).
Le versant obscur
L’affluence touristique à Lisbonne n’est pas au même niveau qu’a Paris, Barcelona ou Prague. Cependant, les inconvénients du tourisme, notamment à Porto e à Lisbonne sont déjà bien visibles.
Le tourisme a créé un problème de logement dans la capitale portugaise et a contribué à la flambée des prix de l´immobilier. D´anciens immeubles sont devenus des hôtels et des centaines d’appartements sont aujourd’hui loués aux touristes sur des plateformes comme Airbnb ou Booking. Pour ceux qui souhaitent habiter à Lisbonne, le défi est considérable: les loyers ont augmenté de 19% en 2016, selon « Confidencial Imobiliário ».
La situation est plus grave dans les « bairros históricos » (quartiers historiques) de Lisbonne, situés entre les collines de la capitale et qui sont les plus recherchés par les touristes et en particulier les Français. La freguesia de Santa Maria Maior regroupe des quartiers touristiques comme Alfama, Chiado, Baixa et Mouraria. En trois ans, Santa Maria Maior a perdu 11% de sa population d´origine mais a connu une augmentation impressionnante de visiteurs ponctuels, touristes. Le risque est que le quartier perde son authenticité et en fin de compte ne présente même plus d´intérêt pour les touristes.
« Ce que les touristes recherchent à Lisbonne c’est de l’authenticité, le quartier typique, sa population. Le modèle économique du tourisme finira par mourir si cela n´existe plus», analyse Filipa Bolotinha, vice-présidente de l’association « Rénover la Mouraria » au média allemand DW.
Les transports
Une autre question cruciale se pose face à cette pression du tourisme : celle des moyens de transport. En effet, ces dernières années et face à la crise financière, le pays n´a pas été en mesure de rénover le réseau de transport public. Les queues se multiplient pour monter dans le métro, le tramway ou le bus, en particulier dans les lieux historiques. La qualité de vie au quotidien s´en ressent pour les habitants locaux et pour les touristes eux-mêmes.
Le thème du tourisme a aussi envahi la campagne électorale liée aux municipales qui auront lieu le 1er octobre, et les candidats à la mairie de Lisbonne y vont chacun de leur mesure. Le candidat sortant préconise quant à lui de limiter le nombre d´habitation à louer dans les zones historiques.
Le candidat Ricardo Robles, du Bloco de Esquerda, souhaite limiter les ouvertures de nouveaux hôtels à Lisbonne. La candidate conservatrice du PSD Teresa Leal Coelho considère que le tourisme est essentiel mais souhaite diversifier l’économie de la capitale.
Le tourisme à la fois poule aux œufs d´or et poison qui rend difficile la vie des habitants. Il y a sans doute une cohabitation intelligente à trouver mais qui pour le moment se cherche… espérons que des solutions pourront être trouvées avec bon sens et avant qu´il ne soit trop tard.