Du 9 au 12 octobre aura lieu une exposition solidaire en faveur du petit train de Costa da Caparica. Celle-ci réunit des œuvres de 27 artistes qui sensibilisés par la cause présentent leurs œuvres en se joignant à l´association les Amis du Transpraia. Lepetitjournal a rencontré Grégory Bernard, un entrepreneur français qui s´est installé à Costa da Caparica et qui a repris la société d´exploration Transpraia afin de remettre sur les rails le petit train qui circulait le long des plages au sud de Lisbonne.


Créée en 2024 l'association les Amis du Transpraia a pour mission de préserver un patrimoine local et de redonner vie à un symbole de Costa da Caparica en s'associant au projet d'exploitation du Transpraia, le petit train de plage de la plage de Caparica.
Cette année plusieurs expositions solidaires ont eu lieu et Lepetitjournal a l'occasion de l'exposition présentée en septembre, a rencontré Grégory Bernard, un entrepreneur français qui s'est installé à Costa da Caparica et y développe ses activités dans la restauration (restaurant Dr. Bernard), l'hôtellerie et activités sportives avec entre autres une école de surf. Celui-ci séduit par le "petit train" a repris la société d'exploration Transpraia afin de remettre sur les rails ce moyen de transport traditionnel qui reliait auparavant la plage de la Costa da Caparica à Fonte da Telha sur un trajet d'environ 9 km au bord de l'Atlantique.

Lepetitjournal : Comment a surgi l'idée de redonner vie au Transpraia ?
Grégory Bernard : Ce n'est pas vraiment une idée. C'est simplement que j'habite à Caparica depuis neuf ans, que j'ai vu le train fonctionner quand je suis arrivé en 2016. Il a fonctionné entre 2016 et 2019 et j'ai connu le côté romantique, magnifique, exceptionnel et unique de ce train.
Avec la période du covid il s'est arrêté ce qui m'a sidéré. C'est vrai que la société d'exploitation avait des difficultés déjà avant le covid parce qu'on leur avait fait déplacer la gare de départ vers un lieu excentré. Puis la crise due au covid a rendu le projet insoutenable et le propriétaire a décidé de ne pas remettre le train en activité. C'est son père qui l'avait mis sur pied en 1960 donc l'exploitation a toujours été privée.
Et vous, vous avez repris le projet en 2024 ?
Oui. J'ai commencé à m'intéresser au lieu et au train parce que je le trouvais incroyable. J'essayais d'avoir des renseignements et je me demandais pourquoi il ne reprenait pas. À force de recherches, j'ai appris que le propriétaire voulait vendre, mais que beaucoup tergiversaient, attendant de résoudre tous les problèmes qui se posaient autour avant d'acheter. Moi, je pense qu'à un moment, il faut prendre le risque d'acheter et résoudre les problèmes après.
Vous avez pris un gros risque ?
Oui, c'est un gros risque. De toute façon, il y avait une relation conflictuelle entre l'ancien propriétaire et la mairie ce qui ne facilitait rien. A la suite des travaux du programme Polis dans le centre de la ville de Caparica, la gare a été déplacée d'un kilomètre au sud, moins accessible donc, et le petit train a perdu 60% de son trafic. Les promesses de revenir en centre-ville n'ont jamais été tenues.
Quelle est l'utilité du train aujourd'hui ?
J'ai fait une étude d'impact sur le trafic. Le train peut transporter 6 000 personnes par jour, ce qui représente entre 1 500 et 3 000 voitures en moins. Il y a peu de places de parking aux abords des plages de Costa da Caparica et cela provoque d'énormes embouteillages, dissuadant beaucoup de visiteurs. Le train peut ainsi désengorger le trafic vers les plages et puis il est romantique, familial, inclusif et a donc une réelle utilité publique.
Le train sera-t-il électrifié ?
Pas au départ. Nous avons étudié l'électrification et peut-être qu'on électrifiera une locomotive pour tester. Petit à petit, nous passerons à l'électrique, les moteurs et batteries étant de plus en plus performants.
Et où en êtes-vous en ce qui concerne les autorisations ?
Il nous manque un soutien clair et fort de la mairie pour accéder à des fonds publics. Nous avons fait une demande pour que le train soit classé monument historique ou d'intérêt public et attendons la réponse. Nous comptons aussi sur le Tourisme du Portugal, l'Union Européenne et d'autres partenaires et des investisseurs privés.
Pouvez-vous nous dire quelle est la distinction entre la société Transpraia et l'association des Amis du Transpraia ?
L'association est sans but lucratif et travaille sur des projets à impact social, culturel ou environnemental liés au « petit train ». La société Transpraia, elle, est commerciale et s'occupe de l'exploitation du train. L'association organise des activités ludiques, sportives e culturelles comme les expositions solidaires et récolte des fonds pour soutenir ces projets afin de contribuer à la préservation de ce patrimoine historique et locale et aussi le faire revivre.

Quand aura lieu la prochaine exposition ?
La prochaine exposition solidaire et la dernière, cette année, aura lieu du 9 au 12 octobre. Elle réunit des œuvres de 27 artistes qui se sont associés au projet en reversant une partie de leurs ventes à l'association.
Cette exposition a lieu dans le hangar du Transpraia où le petit train se trouve, Praia da Rivieira. Elle est ouverte de 17h à 20h le jeudi et vendredi, le samedi de 12h à 15h et de 18h à 20h et dimanche de 12h à 20h.
Quel est votre objectif pour le petit train de Costa da Caparica ?
C'est de remettre le Transpraia sur les rails tel qu'il a fonctionné, en respectant les contraintes écologiques, de sécurité et les normes gouvernementales. Nous visons un retour en service pour l'été 2026, si les autorités et investisseurs soutiennent le projet bien sûr.
Comment voyez-vous votre expérience ici au Portugal ?
C'est un pays fabuleux, avec une population accueillante, artistique et compétente. La nature et la qualité de vie sont exceptionnelles. Il y a des freins bureaucratiques et administratifs, mais l'expérience est positive. Certains freins sont difficiles à surmonter quand on est entrepreneur, les freins bureaucratiques, les freins administratifs, peuvent être très lourds. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui se sont découragés.
Moi, je ne me décourage pas, mais c'est vrai que c'est beaucoup plus dur que ce que je pensais de faire aboutir des projets. C'est un défi, un grand défi au Portugal. Mais l'expérience est positive. Chaque pays a ses spécificités. Moi, j'ai quitté la France aussi parce que la France n'était plus comme il y a 20 ou 30 ans. Je trouvais ça intéressant de découvrir d'autres pays, d'autres cultures, tout en restant en Europe. Et puis, il y a quand même une possibilité d'évolution dans des zones comme Caparica, avec beaucoup de travail et beaucoup de persistance, on peut vraiment déployer des choses.
Pourquoi Caparica au départ ?
Je voulais déménager à Lisbonne et être à la plage. J'ai choisi Caparica pour le surf et j'ai ensuite découvert toute la magie de cet endroit.
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