Érigé en 1988, sous l’égide de la mairie de Johannesburg, ce monument commémore le 300ème anniversaire de l’arrivée des Huguenots en Afrique du Sud. Il rappelle non seulement l’évènement, mais affiche une liste des patronymes des français arrivés à cette époque.


Un rappel de l’histoire, en parcourant le Jardin Botanique de Johannesburg
La présence de ce monument, dans cet immense jardin botanique, est un peu incongrue.
Pourquoi commémorer ici l’arrivée des Huguenots en Afrique du Sud, en 1688, après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en octobre 1685 ? Ceux-ci s’étaient plutôt regroupés à l’époque dans la région de Cape Town, à Franschhoek et Stellenbosch.
Sans doute pour montrer l’impact important de cette implantation de 200 français exilés sur l’ensemble du pays.
Ce monument, découvert par hasard lors d’une balade dans le jardin, impose une révision de cette page de l’histoire de France et de l’Afrique du Sud.

L’Edit de Nantes, pris sous l’impulsion active du roi Henri IV et promulgué en 1598, accordait aux protestants des droits religieux, civils et politiques, dans certains lieux du royaume, définissait des endroits de refuge, et leur accordait des subsides versés par le Trésor Royal.
L’objectif du roi était de mettre un terme aux guerres de religion, dévastatrices pour le royaume.
L’Edit garantissait la liberté de culte, dans plusieurs villes, comme Montpellier, La Rochelle, Saumur, Montauban. Mais le protestantisme restait interdit dans d’autres villes comme Paris, Lyon, Toulouse, Dijon …
Les années qui suivirent, après l’assassinat du roi Henri IV, mirent en scène de grandes figures de l’histoire de France : Marie de Médicis, Richelieu, Mazarin, Louis XIII…
Sous le début du règne de Louis XIV et malgré l’existence de l’Edit de Nantes, les conditions d’exercice de leur religion par les protestants furent plus strictes et les contrôles plus lourds.
Puis, l’édit de Nantes fut révoqué en 1685 par Louis XIV. Le protestantisme était alors interdit dans tout le royaume, et les opposants à cette décision menacés de lourdes punitions. Devant cette persécution, de nombreux protestants quittèrent la France, à destination de pays favorables à leur religion.
Le nombre de protestants estimé à 800 000 à la fin du XVIIème siècle a alors rapidement fondu à cause des massacres, de l’exil et des conversions forcées.
L’arrivée des Huguenots en Afrique du Sud
Le terme « Huguenot », dont l’origine n’est pas tranchée, désigne d’abord les protestants calvinistes français, membres de l’Église réformée, engagés dans les guerres de religion, puis les descendants de ces protestants dont 200 000 ont préféré partir en exil et quitter la France.

La Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC), qui contrôlait la colonie du Cap, cherchait des agriculteurs qualifiés pour exploiter ses terres et a fait venir 200 Huguenots, en 1688, avec la garantie de pouvoir pratiquer librement leur religion.
La majorité venait du Nord de la France, de Picardie et de Normandie, et des régions viticoles.
Ils reçurent des terres dans la vallée de Franschhoek (le coin des Français), à Stellenbosch et Paarl. Ils y ont introduit des techniques viticoles avancées, ce qui conduira l’Afrique du Sud à devenir en 2023 le 7ème plus grand producteur de vin au monde.

Leur contribution à la viticulture, l’agriculture et leur intégration dans la culture Sud-Africaine fut si marquée qu’en 1988, leur héritage fut célébré dans tout le pays, notamment à travers ce mémorial situé dans le Jardin Botanique de Johannesburg, en complément du musée et du mémorial de Franschhoek.
Leur intégration fut rapide, et l'usage de la langue française n’a pas été conservé. Même si une étude de 2017 (European Journal of Human Genetics) montre que 15 à 20 % des Afrikaners ont une ascendance française.
Le mémorial commémorant l’arrivée des Huguenots en Afrique du Sud
Il a été érigé en 1988 dans le Jardin Botanique de Johannesburg, dans le quartier d’Emmarentia. Il est un peu perdu dans l’immensité du site de 125 Hectares, au milieu d’une vaste pelouse.
La particularité du monument est de reproduire, en plus de la Croix Huguenote, une liste des noms de famille des Français arrivés au Cap en 1688. La lecture des noms sur la plaque commémorative est évocatrice et instructive, car on y retrouve des patronymes qui sont devenus courants en Afrique du Sud.

Des personnalités, sportifs, rugbymen, écrivains, un ministre, une actrice Sud-Africains portent des noms aux consonnances françaises : Du Toit, De Villiers, Marais, Le Roux, Du Plessis ; Malherbe, Théron.
Ce mémorial situé au cœur de Johannesburg est un hommage symbolique à l’intégration réussie des Huguenots et de leur descendance en Afrique du Sud.
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