Dans un contexte actuel assez défavorable où la Commission Européenne rencontre beaucoup de résistance à ses initiatives en faveur du climat, la chambre basse (Nationalrat) autrichienne a approuvé la semaine passée un projet de loi très important. La loi EAG (Erneuerbaren-Ausbau-Gesetz) permettra au pays de porter sa production d’électricité renouvelable à 100% d’ici à 2030.
La loi EAG devrait être entérinée par le conseil fédéral le 14 juillet et posera le cadre de la transition de la production d’électricité vers le 100% renouvelable. Au cours de la prochaine décennie, le volume d’électricité verte va augmenter de 50% pour atteindre les 82 TWh qui seront nécessaires à la consommation de la République Alpine. Ainsi, les capacités hydroélectriques passeront de 41,3 à 46,3 TWh, les éoliennes fourniront 10TWh de plus pour atteindre 16,3 TWh, la biomasse augmentera de 25% pour fournir 5 TWh et les plus grands développements seront portés par le photovoltaïque qui passera de 1,4 à 12,4 TWh.
La loi EAG est en place, le virage énergétique commence » Leonore Gewessler (verts) Ministre de l’Environnement
La coalition ÖVP-Verts du chancelier Kurz a dû négocier jusqu’à la dernière minute pour obtenir le soutien du parti socialiste (SPÖ) et atteindre les deux tiers des voix requis. La réalisation de ce nouveau plan énergétique va demander aux autrichiens des efforts financiers sous forme de taxe (Ökostromabgaben) et le SPÖ a obtenu que les 550.000 foyers autrichiens les moins favorisés en soient exemptés.
Grâce à cette loi, l’Autriche va devenir un des meilleurs élèves européens en matière d’énergie renouvelable
On parle d’une enveloppe de plus de EUR 30 milliards pour financer les investissements directs liés à ce virage énergétique. La loi va permettre d'allouer des primes et des subventions aux nouvelles infrastructures, conversions de sites et les installations de stockage. Elle va également emmener dans son sillage le développement de technologies encore peu utilisées comme l’hydrogène ou le biogaz. Avant tout, ce sont les projets accumulés depuis une dizaine d’années qui vont d’un coup se débloquer dans les régions. Ainsi, même si l’objectif est ambitieux, les porteurs de projets ne partiront pas de zéro.
Ce que les partis de la coalition nomment la plus grande révolution depuis la révolution industrielle dans le pays devra surmonter encore de sérieux obstacles. Les nombreuses associations et fédérations qui étaient parties prenantes aux tractations seront attentives à la défense de leurs intérêts : l’emploi et l’équité sociale, la survie des petits projets, l'implication des filières agricole et sylvicole, la protection de la nature ou les inquiétudes des voisins de grands projets, sont autant de points de friction qui peuvent menacer la réalisation des initiatives.
Plus encore, la mise en place de l'énergie verte entrainera de profondes transformations dans beaucoup de secteurs adjacents. La distribution d'électricité engloutira à elle seule plusieurs dizaines de milliards d'euros supplémentaires pour s'adapter au nouveau profil de génération des électrons. Il faudra attendre fin 2022 pour connaitre le détail des mesures qui seront mises en place et évaluer la probabilité d'atteindre l'objectif 100% renouvelable en 2030.