Frédéric Petit, le député MODEM de la septième circonscription des Français établis hors de France dont fait partie la Pologne nous parle de son parcours et des enjeux de cette période troublée.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Afin que les lecteurs de lepetitjournal.com vous connaissent mieux, retracez-nous votre parcours.
Frédéric Petit : Je vis à Cracovie depuis plus de 20 ans. J’ai démarré ma vie professionnelle comme travailleur social dans une ZUP, à Metz. Cette expérience a duré 11 ans. Après une formation d’ingénieur, je me suis engagé dans plusieurs entreprises. J’ai longtemps travaillé dans des secteurs industriels (réseaux de chaleur, traitement des déchets et production de béton). J’ai dirigé plusieurs usines et sites de production ou de traitement, notamment en Pologne, Roumanie, Serbie et République tchèque. J’ai aussi vécu en Lituanie et en Egypte durant le printemps arabe.
La politique m’a rattrapé en 2017 et je me suis mobilisé lors d’une campagne très courte pour apporter des réponses à la crise de confiance que l’on sentait déjà à l’époque. Membre du Modem depuis 15 ans maintenant, je continue à défendre les valeurs de démocratie et de citoyenneté qui ont toujours guidé mon action.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Votre parcours est assez divers : de l’action sociale dans des ZUP à des postes haut placés dans des multinationales, puis la politique... Quel est votre fil directeur ?
Frédéric Petit : Être utile. J’ai toujours cherché à être utile tout en menant une vie professionnelle bien remplie et en gagnant ma vie. Par exemple, au sein de Veolia en Lituanie, quand vous savez que 150 000 familles comptent sur vous pour ne pas avoir froid l’hiver, vous vous sentez utile. Aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, j’ai le sentiment d’être utile encore quand je bataille pour que nos établissements scolaires du réseau de l’enseignement français à l’étranger soient équipés en numérique.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Que pensez-vous de l’accord européen que beaucoup ont qualifié d’ « historique », où la France mettra 100 milliards sur la table pour n’en toucher que 40 ?
Frédéric Petit : Je ne partage pas votre point de vue. C’est un plan de relance européen massif que l’on doit à l’initiative conjointe d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel. Il montre que l’Europe est aussi là pour nous protéger face aux crises. Ce plan « Next Generation EU » de 750 milliards d’euros s’ajoute à un budget 2021-2027 également en augmentation, de 1 100 milliards d’euros. Le financement de ce plan exceptionnel ne sera effectif qu’en 2028, il sera financé par de nouvelles recettes, ou par des emprunts portés comme aujourd’hui par le budget général de l’Union Européenne.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Est-ce que vous pensez que le gouvernement a bien géré la crise du Covid-19 ?
Frédéric Petit : Une chose est sûre, c’est que toutes les décisions prises par le gouvernement sont justifiées et traçables. Nous avons évité le pire en mars dernier grâce au confinement et le gouvernement prend aujourd’hui toutes les mesures nécessaires pour endiguer la 2ème vague.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Êtes-vous d’accord avec les dernières restrictions comme le port du masque en extérieur ou le couvre-feu ?
Frédéric Petit : N’étant pas virologue, j’ai la modestie de penser que d’autres savent mieux que moi. Et lorsque les premiers concernés, les médecins et le personnel médical nous alertent sur la probabilité d’un engorgement des hôpitaux, j’ai plutôt tendance à les écouter. Le couvre-feu de quatre semaines décrété par le président de la République, aussi désagréable soit-il pour les jeunes et parfois pénalisant pour certaines professions, n’en est pas moins nécessaire pour endiguer la seconde vague. Dans cette crise sanitaire, je me suis fixé une ligne de conduite : je respecte les règles qu’on me demande de respecter. De surcroît, je mets en œuvre un principe de précaution. Je me suis mis en quarantaine d’office au début de l’épidémie et là encore, je suspends mes déplacements dans la circonscription pour une durée indéterminée. Je ne souhaite pas m’exposer et exposer mes concitoyens au virus, à la maladie et à une hospitalisation.
Lepetitjournal.com/Varsovie : Comment voyez-vous l’année qui vient en termes sanitaires et économiques ?
Frédéric Petit : Nous devons apprendre à vivre avec cette pandémie en attendant le vaccin. Je pense en revanche que sur le plan économique nous allons vivre des moments difficiles. Le gouvernement a pris la mesure du défi. Dès le printemps, il a mis sur la table 470 milliards d’euros pour soutenir l’économie française en urgence. Il vient de lancer le plan « France Relance » que nous discutons actuellement au Parlement et qui comprend un effort supplémentaire de 100 milliards d’euros dont 40 milliards de financements européens. Ce plan, inédit par son ampleur, nous donnera les moyens d’atteindre des objectifs ambitieux dans des domaines essentiels tels que la transition écologique, la santé, la compétitivité des entreprises, la cohésion et la solidarité nationale.