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CCIFP – Rencontre avec sa directrice générale, Monika Constant

CCIFP Monika Constant interviewCCIFP Monika Constant interview
Écrit par Alexandra Levy
Publié le 28 janvier 2019, mis à jour le 28 janvier 2019

La Chambre de Commerce et d’Industrie France Pologne fête cette année ses 25 ans, autant d’années au cours desquelles elle a contribué à soutenir la présence économique française en Pologne, à promouvoir la France et à renforcer les liens franco-polonais dans un environnement économique en constante évolution. Nous avons rencontré sa directrice Monika Constant qui insuffle à cette association depuis des années tout son dynamisme. 

 

Lepetitjournal.com/Varsovie : Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Depuis combien de temps travaillez-vous à la CCIFP ?

Monika Constant : J’y travaille depuis très longtemps ! J’ai commencé à travailler à la CCIFP  il y 18 ans et j’occupe le poste de direction depuis 10 ans. Malgré tout je découvre pratiquement chaque jour des nouvelles possibilités qui s’ouvrent à nous. Travailler à la Chambre de commerce implique en effet beaucoup de relations et comme on a des nouvelles sociétés qui adhèrent, les personnes viennent, repartent, sont plus ou moins engagées, les besoins changent, l’environnement évolue et j’ai l’impression à chaque fois de découvrir un nouveau sujet, une nouvelle problématique, de commencer une nouvelle aventure, ce qui est passionnant. On ne s’ennuie jamais.

 

Pouvez-vous revenir sur le contexte et les circonstances de la création de la CCIFP ? Dans quel but a-t-elle été crée ?

Comme c’est souvent le cas, sa création répondait à un besoin des entrepreneurs qui ont eu l’audace de créer leur implantation ici en Pologne et qui se sont retrouvés dans un pays en pleine transformation, qui vivait des changements permanents. Ces entrepreneurs avaient besoin de communiquer entre eux, d’échanger, de pouvoir tout simplement essayer de comprendre dans quel sens allaient ces changements et comment fonctionner. L’objectif de ces sociétés était aussi de faire évoluer le secteur dans lequel ils avaient investi.

Ils ont dès lors tout d’abord crée de manière tout à fait informelle un premier club d’entrepreneurs en 1992 et c’est au bout de deux ans que ce club a déposé la demande d’enregistrement d’une association qui a pris le nom de la Chambre de commerce française en Pologne, qui a changé de nom plus tard pour devenir la Chambre de commerce France Pologne. En effet les liens entre la France et la Pologne se sont resserrés et la Chambre n’avait plus seulement pour mission de représenter des sociétés françaises en Pologne, c’était réellement devenu une association qui tisse les liens entre les 2 pays.

 

Vos membres sont-ils exclusivement français ?

Non, il est vrai qu’au début, les membres étaient exclusivement des sociétés françaises et avec le temps on s’est rendu compte qu’il y avait un besoin d’évoluer, de se nourrir, de comprendre le pays en travaillant davantage avec des sociétés polonaises. Actuellement on compte au sein de la Chambre 60% de sociétés qui ont des capitaux français et 40% de sociétés polonaises, créé par des Polonais. Dans la plupart des cas ces sociétés ont envie de collaborer avec des sociétés françaises ou ont besoin d’aller à l’international, notamment en France et elles recherchent alors ce soutien que la CCIFP peut apporter.

 

Comment la chambre est-elle organisée  et quels sont les services proposés ?

Une équipe de 13 personnes travaille à la chambre. Nous sommes organisés en plusieurs services. Le premier département, celui qui agit en premier c’est le SAE, le service d’appui aux entreprises , qui aide les sociétés françaises qui souhaitent s’implanter sur le marché polonais ou inversément une société polonaise qui souhaite s’implanter en France. Ce service propose des études de marché, la possibilité de comprendre le marché polonais, la recherche de partenaires ou de distributeurs, il aide celles qui souhaitent reprendre, acheter une société locale pour investir et fonctionner sur le marché polonais. Il assiste également à toute étape de la création de l’entreprise et à la représentation commerciale d’une société française qui souhaite se retrouver sur le marché polonais ou inversement.

Une fois que la société est établie, elle peut devenir membre et le service d’adhésion intervient avec ensuite toute la partie animation. Ce service organise chaque année une centaine d’événements qui vont des réunions de networking au centre de formation qui propose entre 60 et 70 événements, formations, ateliers, club d’échange d’expérience professionnelle, comité sectoriel.

Et tout ça ne pourrait pas fonctionner sans l’équipe communication qui gère le site internet, la newsletter électronique qui est envoyée toutes les deux semaines à l’ensemble de nos sociétés membres et nos partenaires et qui nous aide chaque année à préparer la sortie de l’annuaire. Elle s’occupe également de toute la partie publication comme le rapport annuel qui résume l’ensemble des actions proposées par la chambre de commerce, l’étude baromètre de l’action RSE. Elle gère également toute la partie médias sociaux, FB, Linkedin, twitter.

Enfin, nous avons également une représentation à Cracovie et à Wroclaw.

 

Comme une entreprise, on a besoin de s’adapter aux besoins de nos sociétés membres. Leur premier besoin est de se développer, d’avoir plus de clients, d’élargir leur réseau d’affaires, d’où l’offre que nous leur proposons qui répond à ces besoins. En effet elles ne peuvent pas organiser en interne, au sein d’une seule entreprise de telles formations, de telles rencontres qui servent d’échanges d’expérience. Et quand on propose à des directeurs marketing, des directeurs financiers de se réunir autour d’un sujet avec un expert, c’est une expérience unique.

 

Comment êtes-vous financés ?

Etant une association, on n’a aucune subvention extérieure, on s’autofinance.  On a mis en place un système de financement de nos besoins composé en partie des  cotisations (1/3 de nos ressources), des ressources générées par le service événementiel et par le service d’appui aux entreprises qui propose des services d’accompagnement qui sont également payants.

 

Quelle est votre vision de la présence française en Pologne ?

La France est restée pendant longtemps le premier investisseur étranger en Pologne. Elle n'occupe plus désormais la première position  mais reste néanmoins un investisseur très important dans de très nombreux secteurs. 

Mais elle n’est peut-être pas toujours visible et c’est aussi le rôle de la Chambre de commerce de communiquer sur l’importance de la présence française ainsi que sur l’effort fait par des investisseurs français pour l’économie polonaise. En investissant, les sociétés françaises présentes en Pologne depuis plus de 20 ans ont permis à l’économie polonaise de se développer et d’avoir sa place actuelle. Souvent on a l’impression que la valeur des ces investissements n’est pas suffisamment perçue d’où les initiatives comme le rapport des investissements français, les différentes conférences, le pavillon français que nous organisons lors du forum économique à Krynica qui réunit le  business et des hommes politiques de la Pologne et de la région. Nous avons pour objectif d’y présenter ces investissements français réalisés en Pologne grâce à des panels de discussion et lors d’une soirée française où les participants peuvent venir comprendre, goûter les spécialités françaises et être conscients de la présence française en Pologne.

 

Quels sont vos conseils pour les entrepreneurs français en Pologne et les (futurs) candidats à l'expatriation ?

C’est difficile de parler de conseils de manière générale alors qu’en fonction du secteur, du produit ça peut être très différent. Ce qu’il faut savoir c’est que la Pologne est un pays mûr et même si on a l’impression que c’est un pays qui est très proche de la France, il faut bien être préparé avant d’y rentrer, bien réaliser que la stratégie qui pouvait fonctionner en Allemagne, ne va pas forcément fonctionner en Pologne. Les Polonais restent des Européens donc assez proches culturellement tout en ayant leurs propres habitudes. Il faut être conscient de certaines manières de fonctionner, ne pas aborder certains sujets ni être offusqué par la façon très directe des Polonais qui ont davantage l’habitude de fonctionner à l’américaine ou à l’allemande qu’à la française. 

 

Quelles sont vos grandes priorités pour la Chambre en 2019 ?

Tout d’abord poursuivre notre action à l’égard des société membres et augmenter les possibilités qu’on leur propose en développant l’événementiel. Ce qui leur permettra d’avoir plus d’occasions pour créer des liens et rencontrer des partenaires. Ensuite renforcer notre visibilité pour donner plus d’opportunités aux sociétés françaises qui souhaitent se développer en Pologne. D’où l’idée de préparer le rapport résumant les 25 ans de la présence française en Pologne et le présenter lors de diverses manifestations notamment lors du forum économique à Krynica ou à d’autres occasions où nous serons vus, entendus par des partenaires institutionnels, des membres du gouvernement, des membres du Parlement. 

Nous souhaitons également essayer de toucher davantage les entreprise qui se trouvent à l’extérieur de Varsovie.

 

Quels sont les événements que vous avez prévu pour les 25 ans de la Chambre ?

On va commencer par le Gala au mois de février qui est pour nous l’occasion de réunir plus de 500 personnalités du monde des affaires et de la politique. Nous accueillerons également une star de la haute gastronomie, Alain Passard, une occasion unique pour nos invités de savourer sa cuisine exceptionnelle. Nous allons continuer avec des événements organisés à Varsovie, à Cracovie, à Wroclaw et j’espère dans d’autres villes où nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires d’autres chambres de commerce bilatérales. Nous souhaitons également renforcer notre présence au forum économique de Krynica et au congrès économique européen de Katowice au mois de mai. Un  rapport spécial consacré aux 25 ans de la présence française en Pologne verra également le jour cette année.

 

Alexandra Levy
Publié le 28 janvier 2019, mis à jour le 28 janvier 2019