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INSURRECTION DU GHETTO DE VARSOVIE - C'était il y a 75 ans

Ghetto Varsovie 75 ans commémorationGhetto Varsovie 75 ans commémoration
Écrit par Yvonne Gangloff
Publié le 19 avril 2018, mis à jour le 19 avril 2018

Il y a 75 ans jour pour jour, la veille de la Pâque juive, les troupes allemandes entrent dans le ghetto de Varsovie afin de terminer ce qu’ils ont commencé en juillet 1942 : la déportation des Juifs du ghetto vers les camps d’extermination. Les 60.000 survivants aux premières vagues de déportation sont conscients du terrible sort qui les attend et décident, sans espoir de victoire, de résister à leurs oppresseurs. Cet acte de bravoure est le premier soulèvement d’une ville dans l’Europe nazie et sera un exemple de résistance notamment pour les ghettos de Bialystok et Minsk ou les camps de la mort de Treblinka et Sobibor.

 

La liquidation du ghetto devait durer 3 jours, elle s ‘achèvera au bout de 4 semaines. La raison n’est autre que la résistance juive qui a décidé d’affronter les forces allemandes. Les résistants savent qu’ils n’ont aucune chance mais comme le dit Simchat Rotem, un des derniers combattants encore en vie,  ils souhaitaient simplement choisir la façon dont ils allaient mourir. "Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons simplement sauver la dignité humaine" déclarait également Izrael "Arie" Wilner en avril 1943, peu avant l'insurrection.

 

Lorsque les 850 soldats allemands entrent dans le ghetto, les rues sont vides, les habitants se sont tous réfugiés dans des abris aménagés, des caves et des bunkers. Les troupes allemandes se retrouvent face aux résistants de l’Organisation juive de combat et de l’Union juive Armée. Cette première confrontation entre les deux camps fait reculer les Allemands,  pris par surprise. Près de 700 résistants, majoritairement des adolescents font face aux troupes allemandes, armés de pistolets, grenades, fusils, de cocktails Molotov et d’une unique mitrailleuse.

Face au recul des Allemands, les habitants se réjouissent et le soir venu, n’hésitent pas à sortir et faire la fête : ils ont réussi à faire battre en retraite leurs adversaires, sans armes lourdes et sans qu’aucun homme ne soit formé militairement.

 

Mais le rapport de force est clairement inégal et les chances de l’emporter des résistants sont très minces face aux moyens dont disposent les Allemands qui possèdent tous leurs propres armes, et sont munis de mitrailleuses et de tank.

Le général SS Jürgen Stroop fait venir en renfort 2.000 soldats et 36 officiers et va donner l’ordre de liquider totalement le ghetto. Les Allemands vont incendier systématiquement les immeubles et propulser du gaz dans les souterrains, ce qui obligera les occupants à sortir. « Ce sont les flammes qui l’ont emporté sur nous, pas les Allemands » déclarait Marek Edelman, un des commandants rescapé de l’insurrection.

 

Un groupe de résistants réussit à s’échapper du ghetto

 

Au 10èmejour de combat, l’essentiel du ghetto est une ruine fumante et les survivants restent désormais cachés dans les sous-sols. Les Allemands détruisent un à un tous les bunkers qu’ils rencontrent, ce qui a pour conséquence de faire sortir les occupants qui sont alors exécutés. 

 

Le 8 mai 1943, le plus grand bunker avec plus de 300 personnes est encerclé. Une partie des occupants se rend, certains réussissent à s’échapper par un passage souterrain menant aux égouts et d’autres choisissent le suicide.

 

Le commandant des résistants, Marek Edelman quitte par la suite les égouts et se procure un camion. Lorsqu’il revient pour récupérer la cinquantaine de résistants encore cachés dans les égouts, il est 10h du matin et l’évacuation a lieu en plein jour et en pleine rue. Le 10 mai, près de 3 semaines après le début des combats, ils sont conduits dans la forêt de Łomianki,

à 7km de Varsovie. Là-bas, ils doivent faire face à un hiver rude, à des conditions de repli difficiles ce qui pousse certains à quitter le groupe. Ils encourent le risque important d’être découvert par les Allemands, tout comme celui d’être dénoncés par des Polonais antisémites. Au printemps 1944, les dix derniers survivants décident de retourner à Varsovie, et se mêlent aux 15 000 autres Juifs. Ils restent cependant cachés -par peur d’être dénoncés et retrouvent une ville en partie détruite. 

 

Un concert commémoratif en souvenir du soulèvement du ghetto.

 

La période de soulèvement du ghetto s’est achevée par une destruction symbolique le 16 mai 1943, celle du lieu de culte, la grande synagogue de Varsovie. 

Dans le quartier de Muranow où s’élevaient jadis les murs du ghetto, il ne subsiste plus que deux immeubles datant de cette époque et, si jamais il n’a été question de les détruire, on hésite encore à les rénover, un peu comme s’il fallait laisser intact ces bâtiments, les laisser en paix après tant de douleurs. 

 

De nombreuses commémorations ont lieu partout aujourd’hui, en Pologne et ailleurs. Le musée Polin organise à cette occasion un concert gratuit d’un orchestre symphonique. Il s’agit d’un hommage à la chorale du ghetto qui, en avril 1942, a vu ses répétitions stoppées par les autorités allemandes. Cela n’a pas arrêté l’orchestre qui prévoyait de jouer l’Ode à la joiedurant un concert. Celui-ci n’a jamais pu avoir lieu.  Au programme : la quatrième partie de la symphonie n°9 de Beethoven, en hébreu. Des solistes accompagneront l’orchestre symphonique national polonais et la chorale nationale philharmonique. 

Des jonquilles en papiers seront distribuées dans les rues, ces fleurs représentent le symbole de mémoire, de respect et d’espoir. Chaque année Marek Edelman, dernier dirigeant de l’Organisation juive de combat en recevait un bouquet.

 

 

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Publié le 19 avril 2018, mis à jour le 19 avril 2018
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