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FORÊT DE BIAŁOWIEŻA - Où en est le plan d'abattage des arbres?

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 12 juillet 2017, mis à jour le 13 juillet 2017

Le ministre polonais de l'Environnement donnait en mars 2016 son feu vert à un plan controversé permettant un abattage massif des arbres dans la forêt primaire de Bia?owie?a. La cause: une invasion d'insectes xylophages, les scolytes. Quelle est la situation aujourd'hui? 

 

Quelle est la particularité de la forêt de Bia?owie?a? 

Jadis lieu de chasse occasionnel des tsars russes et des rois polonais, cette réserve naturelle située à cheval sur la Pologne et la Biélorussie est le dernier espace européen abritant une forêt primitive, survivance de la forêt préhistorique depuis la fonte des glaces il y a 12.000 ans. Cette forêt couvre 130.000 hectares et la partie protégée constitue le Parc National de Bia?owie?a (5 096 hectares), côté polonais. Inscrit par l'Unesco sur la Liste des Réserves mondiales de la Biosphère (MaB) et la Liste du Patrimoine mondial culturel et naturel, ce site est mondialement connu pour le caractère exceptionnel et la diversité de sa flore et de sa faune. Il abrite 20.000 espèces d'animaux dont le bison d'Europe vivant en liberté est le symbole, mais aussi le lynx et le loup. C'est ici que poussent les plus hauts arbres du continent, des sapins de 50 mètres, des chênes et des frênes de plus de 40 mètres de haut.

Pourquoi ce plan d'abattage massif? 

Selon le ministère de l'Environnement, le bois mort a conduit à une recrudescence des parasites comme les épinettes scolytes, un insecte xylophage, qui met le site en péril. Il affirme procéder à des coupes "de protection" pour stopper ces attaques d'insectes.

Une situation qui entraîne depuis mars 2016 un plan d'abattage massif de plus de 180.000 m3 de bois sur dix ans (en hausse par rapport à un premier projet de coupe de 40.000 m3 sur la même période). Cette mesure a fait l'objet de plaintes d'ONG et de protestations de plusieurs organisations écologistes polonaises mais aussi étrangères, ainsi que de divers corps scientifiques en Pologne. Tous rétorquent que la forêt est capable de se régénérer seule et que l'ampleur de l'abattage est disproportionnée par rapport à la menace des parasites. Selon eux, il s'agirait là d'un prétexte pour récupérer du terrain constructible. Le ministre de l'environnement, Jan Szyszko, s'est défendu de cette version et a appelé à un comportement rationnel face à la menace que représentent les parasites.

En juin dernier, une quinzaine d'écologistes ont encore bloqué les lourds engins forestiers utilisés pour la coupe des arbres et ont appelé des chercheurs à venir voir la situation sur place et notamment à constater l'enlèvement d'arbres morts - mais sains - qui pour les défenseurs de l'environnement devraient rester sur place. La Commission européenne a pour sa part adressé à la fin du mois d'avril 2017 un "dernier avertissement" à la Pologne à ce sujet avant une possible saisie de la Cour de justice de l'UE.   

Quelle issue aujourd'hui? 

Jeudi dernier, le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, en session à Cracovie, appelait fermement le gouvernement polonais à cesser les coupes dans la forêt primaire de Bia?owie?a au moins jusqu'à la remise des conclusions d'une nouvelle mission d'experts qui doit examiner la situation sur place. La Première ministre, Beata Szyd?o, répondait vendredi à la radio que les opérations d'abattage seraient poursuivies « conformément à la demande de la Pologne ». Les organisations écologistes estiment que « la Pologne ne respecte pas ses engagements internationaux » (Gazeta Wyborcza, 8-9 juillet).

Pour sa part, dans un entretien pour le conservateur Nasz Dziennik, Jan Szyszko déclarait hier ne pas pouvoir donner suite à la demande de l'UNESCO car le droit national et européen obligerait à recourir à la « protection active » dans le but de sauvegarder des milieux remarquables pour la faune et la flore. Il réitère sa volonté de changer la classification de la forêt de « patrimoine naturel » à site mixte culturel et naturel et renouvelle son invitation aux experts de l'UNESCO et à la Commission européenne à se rendre sur le site. De façon beaucoup moins rationnelle cette fois, le ministre Szyszko considère « agir selon le principe biblique, l'ordre de Dieu : ?assujettissez la terre? » et ne craint pas un procès avec la Commission européenne...

La Rédaction (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mercredi 13 juillet 2017

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Publié le 12 juillet 2017, mis à jour le 13 juillet 2017