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FIN D’EXPAT – Daniel Raynal, proviseur du Lycée Français de Varsovie

Daniel-Raynal, Lycée français de VarsovieDaniel-Raynal, Lycée français de Varsovie
Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 septembre 2017

Après trois années passées à la tête du lycée René Goscinny à Varsovie, Daniel Raynal s’apprête à partir vers une nouvelle destination qui l’attend à la rentrée. Quelles sont les motivations de cette décision ? Quel bilan de l’expérience varsovienne ? Réponses… 

Pour quelle raison quittez-vous le LFV et pour quelle destination ?

Après deux missions à l’étranger, la règle veut qu’un proviseur retourne en France avant de repartir éventuellement à l’étranger. Comme je suis à Varsovie depuis 3 ans, j’ai profité d’une opportunité qui s’est présentée en Andorre pour postuler. Il s’agit d’un établissement de 1500 élèves (presque deux fois plus d’effectifs qu’à Varsovie) avec des projets qui m’intéressent beaucoup, notamment dans le domaine sportif. C’est un vrai challenge professionnel qui présente de surcroît à mes yeux deux avantages principaux : d’abord celui d’être sous la gouvernance de l’Education nationale française (Andorre est donc considérée à ce titre comme un retour en France) tout en étant à l’étranger ; enfin, Andorre est à proximité de ma région d’origine, l’Occitanie, et j’y retrouve l’ambiance méditerranéenne et une qualité de vie qui me tiennent à cœur… !

Quels sont les changements que vous avez apportés au LFV depuis votre arrivée ?

Les changements ont eu lieu sur deux plans : matériel et pédagogique. Nous avons beaucoup amélioré les conditions matérielles à travers l’installation d’infrastructures sportives sur le site de Saska et celui de Sadyba, ce qui a contribué à donner aux élèves un cadre de vie beaucoup plus agréable et à développer leurs activités. Sur le plan pédagogique, les « chantiers » ont été nombreux : nous avons travaillé à renforcer les nouvelles technologies (achat d’ordinateurs, de tablettes), mettre en œuvre la réforme du collège, mais aussi sur des grands projets tels que le vivre ensemble et l’entraide, l’environnement durable, qui ont contribué à unifier les équipes. Je me suis également attaché à faire davantage rayonner l’établissement au sein de la zone, en organisant, par exemple, un tournoi européen de badminton. Mon souhait était de rendre à Varsovie sa place de plus grand lycée d’Europe centrale et d’assurer aux élèves le meilleur fonctionnement possible de l’établissement.

La sécurité a également constitué un aspect du travail réalisé, en collaboration étroite avec l’ambassade, à travers l’introduction de caméras et de contrôles d’accès et de sortie. Enfin, le projet de création d’un site unique du lycée français a été lancé et devrait rentrer dans la phase opérationnelle en septembre 2017 pour devenir une réalité d’ici 3 ou 4 ans. En effet, les locaux actuels ne pourront plus, dans un avenir proche, accueillir les effectifs toujours croissants.

Que pouvez-vous nous dire sur le futur lycée français de Varsovie ?  

Il sera situé dans le sud du quartier de Wilanow. Il s’agit d’un terrain de 3 hectares qui permet de construire un établissement ayant une capacité de 1000 élèves avec des infrastructures de bon niveau. L’objectif serait d’y entrer en 2020.

Quelle a été la chose la plus difficile à gérer au LFV ?

Varsovie est ma sixième affectation ; j’ai donc l’habitude de faire face à la plupart des problématiques qui peuvent se poser dans un établissement scolaire. La difficulté a concerné plutôt l’aspect culturel de la Pologne. Du sud de la France à l’Italie, je suis resté dans une dynamique tout à fait comparable en termes de management. Mais ici, il a fallu que je change mon « logiciel », aussi bien dans ma vie personnelle que professionnelle et comprendre que c’était à moi de m’adapter et non le contraire. Les échanges que j’ai eus avec les dirigeants d’entreprises privées m’ont d’ailleurs beaucoup aidé à cet égard.

Par ailleurs, la reconnaissance du lycée français par les autorités polonaises et l’intégration des bacheliers dans les meilleures universités du pays restent deux projets qui n’ont pas avancé. Il y a là un certain immobilisme de la société polonaise et une absence de volonté politique qui font barrage.

Quelle(s) différence(s) avez-vous remarquées au LFV par rapport au lycée français de Turin où vous étiez affecté auparavant ?  

J’ai remarqué une plus grande exigence de la part des parents d’élèves italiens. Les parents polonais se reposent sur l’aspect « bienveillant » du système français, en opposition au leur qui est très sélectif. De plus, le lycée français de Varsovie permet un cadre plus familial et un meilleur accompagnement de l’élève du fait de ses effectifs moins nombreux. Il y a également plus d’hétérogénéité des niveaux et de ce fait j’ai pu admirer la grande qualité de nos enseignants qui développent des compétences pédagogiques très particulières !

Selon vous, quelles sont les réformes dont devrait faire l’objet le système scolaire français à l’étranger ?

Les établissements de l’AEFE* représentent un réseau qui attire toujours de plus en plus d’élèves alors que les moyens, eux, stagnent. La vraie question est "que veut-on faire de ce réseau de l’AEFE ?" Je suis convaincu que c’est un extraordinaire moyen de promotion de la langue et de la culture françaises et un excellent outil de relation diplomatique qui sert énormément au réseau économique français. Mais si on veut le pérenniser, il va falloir se préoccuper des moyens qu’on souhaite lui attribuer, sachant qu’actuellement, on ne peut plus créer d’emplois et que ce sont les parents qui supportent l’essentiel de la charge financière !

Avez-vous un conseil à donner à votre successeur ?

Mon successeur est un collègue expérimenté actuellement en poste au Maroc qui connaît bien l’Europe centrale et son fonctionnement. Je n’ai donc pas de conseil particulier à lui prodiguer. Je lui laisse, je pense, un établissement en état de marche avec des équipes mobilisées et compétentes. Il est par ailleurs pertinent que le projet de construction du nouveau lycée soit repris par lui à ce stade de son évolution, ce qui lui permettra de le mener de son début jusqu’à son terme. 

*AEFE : Agence pour l'enseignement français à l'étranger

 

Laura Giarratana (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mercredi 28 juin 2017

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Publié le 28 juin 2017, mis à jour le 22 septembre 2017
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