Depuis le 13 juin, les frontières polonaises sont à nouveaux ouvertes pour les citoyens de l’Union Européenne et la quarantaine est abolie.
État des lieux
Le dimanche 14 juin au soir, le nombre de cas identifiés en Pologne est de 29.392. Il s’agit bien entendu du nombre de personnes pour lesquelles un test a été effectué. Le nombre de cas réels est forcément supérieur. Cependant, le nombre de tests journaliers effectués augmente. Le ministre de la santé a déclaré fin mai que désormais 30.000 tests par jour étaient effectués.
Le nombre de morts en Pologne est de 1.247 et est largement inférieur au nombre de morts en France qui, lui, est de 29.407. La population française étant d’un peu moins de 2 fois supérieure à celle de la Pologne. La région de Varsovie, la Mazovie est pour l’instant la région qui enregistre le plus de morts : 298 mais avec 4.358 personnes affectées, elle n’est cependant pas celle qui a le plus de cas identifiés, devancée par la Silésie qui, avec une explosion récente des infections enregistre 10.842 personnes atteintes pour 266 morts. Le gouvernement avait certes exclu début mai un bouclage de la région et la fermeture des mines mais il a dû se résoudre à la fermeture de 12 mines, les mines silésiennes étant devenues de véritables clusters, contribuant au fait que dans la journée du dimanche 7 juin, la Pologne soit devenu le pays européen enregistrant le plus de contaminations dans la journée. Il est à noter qu’en dehors de la Silésie, le virus progresse relativement lentement.
En effet, selon les chiffres montrés par le gouvernement polonais lors de la conférence de presse du 27 mai, à la date du 20 mai 2020, la Pologne comptait 27 morts du coronavirus par tranche de 1 million d’habitants contre 806 pour la Belgique (le record mondial, près d’un habitant sur mille y est mort du coronavirus), 580 pour l’Espagne, 546 pour l'Italie, 545 pour le Royaume-Uni, 437 pour la France et 101 pour l’Allemagne.
Frontières ouvertes et fin de la quarantaine !
Depuis le samedi 13 juin, tous les Polonais pourront revenir au pays sans passer par 14 jours de quarantaine (la plus stricte en Europe jusqu’à présent) et les citoyens de l’Union Européenne pourront franchir librement la frontière polonaise sans bien évidemment, eux aussi subir la quarantaine jusqu’alors en vigueur. Cependant, pour les citoyens de pays situés en dehors de l’Union Européenne, les frontières polonaises resteront fermées jusqu’à nouvel ordre.
Les mines silésiennes
Comme précisé auparavant, 12 mines silésiennes ont été fermées il y a une semaine pour une durée d’au moins 3 semaines. Plus du tiers des cas confirmés et identifiés de coronavirus sur toute la Pologne sont concentrés en Silésie. Rien que parmi les employés de JSW, le premier producteur de charbon d’Europe, près de 3.000 ont été testés positifs, soit presque autant que dans toute la Mazovie (la région de Varsovie), représentant plus de 10% de tous les cas avérés en Pologne. La plupart des mineurs testés étaient asymptomatiques : 90% selon Krzysztof Łabądź, le représentant syndical.
Le pic de la pandémie en Pologne n’a toujours pas eu lieu
Si l’on regarde la courbe des cas identifiés (ou contaminations avérées), force est de constater que la Pologne n’a toujours pas atteint de pic et que parfois la courbe se met brutalement à monter, battant des records tant par rapport à ses propres statistiques journalières que par rapport aux autres pays européens. Selon que l’on soit optimiste ou pessimiste, l’on peut tirer différentes conclusions. Si on est pessimiste, bien sûr l’on est en droit de s’effrayer que plus de 1.000 nouveaux aient été recensés dans le week-end du 6-7 juin (même s’il s’agissait principalement de cas en Silésie et chez les mineurs, plutôt asymptomatiques qui plus est). Mais si l’on est optimiste, l’on peut remarquer que les mesures de confinement ayant eu lieu moins de 10 jours après le premier cas avéré dans le pays, il va de soi que le pic n’a jamais eu lieu car le virus n’a pas eu véritablement la possibilité de se propager fortement, confinement oblige et qu’il est logique qu’il se propage plus dans une Pologne déconfinée. Une situation en effet très différente de pays comme la France où le virus avait eu environ 2 mois pour se propager avant les premières mesures de confinement.
Le confinement a sauvé la vie de 771 personnes, qui seraient mortes… à cause de la pollution
La Pologne, le pays le plus pollué de l’Union Européenne enregistre chaque année environ 45.000 morts à cause de la pollution de l’air. Le principal coupable est le charbon qui est à l’origine d’environ 80% de la production d’électricité du pays. Selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), le confinement a permis en avril une baisse de 17 % des particules en suspension (PM10) et les émissions de dioxyde d’azote (NO2) ont diminué de 21 %. Selon la projection du CREA, la mort prématurée de 771 personnes a pu ainsi être évitée. Ce chiffre est supérieur au nombre de morts du Covid-19 qui s’élevait à 650 à la fin avril.
Un supporter loue une grue pour voir un match de foot à huis clos
Dès le 19 juin, les matchs de foot en Pologne accueilleront à nouveau du public mais apparemment l’attente était trop longue pour un supporter silésien (décidément…) du Sląsk Wrocław qui voulait absolument voir le match opposant son club préféré à celui du Wisła Plock. Et il n’a pas lésiné sur les moyens. Il a fait 330 km et pour continuer l’interdiction du public dans les stades, il a loué une grue avec nacelle et l’a mis tranquillement près du stade pour regarder le match d’en haut. Décidément, impossible n’est pas polonais…