Édition internationale

WOJCIECH FANGOR - Disparition d'une figure majeure de l'art polonais

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 3 novembre 2015

Unique artiste polonais à avoir reçu la consécration d'une exposition individuelle au musée Guggenheim de New York, en 1970, le peintre internationalement connu Wojciech Fangor est mort le 24 octobre à Varsovie à l'âge de 92 ans. Figurant parmi les créateurs de l'école polonaise de l'affiche, mais aussi sculpteur et graphiste, il est devenu célèbre grâce à ses peintures abstraites. Il est l'un des noms les plus familiers dans l'art polonais du XXe siècle, aux côtés de Magdalena Abakanowicz, Roman Opalka, et Tadeusz Kantor.  

Wojciech Fangor a déclaré dans de nombreuses interviews qu'il avait déjà conscience de son destin d'artiste alors qu'il était un petit garçon de sept ans. Il a étudié la peinture auprès de Felicjan Kowarski et Tadeusz Pruszkowski et a commencé sa carrière artistique dans la seconde moitié des années 1940. La Pologne se voit alors imposer pendant les années staliniennes la doctrine réaliste socialiste dans les arts et la culture. Initialement intéressé par le cubisme, Fangor, comme beaucoup d'artistes, répond à ce défi, convaincu de servir une bonne cause, au sein du vaste programme socialiste de reconstruction du pays. Il crée par exemple des "slogans de paix" tells que la toile intitulée La Mère Coréenne, datant de 1951 (collection du Musée National de Varsovie). Il s'agit de l'une des ?uvres les plus représentatives de cette période.

©  Laura Giarratana - Wojciech Fangor, "La Mère Coréenne", 1951, Musée National de Varsovie

Mais Fangor suit le courant officiel du réalisme socialiste non sans chercher constamment sa voix au sein d'un cadre très contraignant. Il se tourne alors vers d'autres horizons artistiques offrant une plus grande liberté créative, comme la conception architecturale et industrielle, ainsi que la réalisation d'affiches. Il est notamment l'un des fondateurs de l'école polonaise de l'affiche qui a remporté une renommée internationale dans les années 1960. Après la mort de Staline en 1953, le "dégel culturel" réduit l'influence du réalisme socialiste et Fangor obtient une reconnaissance internationale pour ses tableaux abstraits créant l'illusion de mouvement et de lumière à travers des compositions de cercles et d'ondes aux couleurs intenses et contours ambigus.

©  Laura Giarratana - Wojciech Fangor, "SM 34", 1974, Musée National de Cracovie

En 1961, il quitte la Pologne, et après plusieurs années à Berlin-Ouest (1964-1965) et en Grande Bretagne (1965-1966), il se fixe aux États-Unis où il enseigne dans plusieurs écoles de Beaux-Arts. En 1965, ses peintures illusionnistes sont présentées lors du "Responsive Eye", exposition au Musée d'Art Moderne de New York, qui était un manifeste des op-art. En 1970, Fangor expose un "one-man show" au Musée Guggenheim de New York, devenant le seul artiste polonais à avoir une exposition individuelle en ce lieu prestigieux. En 1999, il retourne en Pologne et s'installe dans le village de B??dów, à 60 kilomètres de Varsovie, où il habite dans un ancien moulin.

Considéré comme un des précurseurs de l'op art, ou art optique, Fangor a mené une carrière artistique intense jusqu'à la fin de sa vie. Il a notamment conçu une peinture murale dans la station Rondo ONZ de la deuxième ligne du métro de Varsovie, ouverte en 2014.

© Auteur: Muri - Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license

Laura Giarratana (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mercredi 4 novembre 2015

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Publié le 3 novembre 2015, mis à jour le 3 novembre 2015
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