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VISITE AVEC VARSOVIE ACCUEIL - Le Palais Koniecpolski

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 8 février 2015, mis à jour le 12 mars 2015

A Varsovie, son vrai nom n'est peut-être pas connu de tous, mais tous connaissent la résidence officielle du président de la République de Pologne. En plein c?ur de Varsovie, le palais Koniecpolski s'impose par l'élégance de sa façade néo-classique, jalousement gardée par quatre lions sculptés et des soldats, eux, bien réels ! C'est devant ses grilles que Varsovie accueil nous a donné rendez-vous vendredi dernier, dans ce haut-lieux de la politique, au pays de Solidarno?c.

Un témoin de l'histoire de la Pologne
Construit au milieu du XVIIe siècle, le Palais Koniecpolski n'a cessé d'épouser les transformations politiques de la Pologne, tour à tour résidence nobiliaire, lieu de ballet pour l'aristocratie russe et siège du gouvernement.

En 1643, le grand hetman, commandant en chef de l'armée royale, passe commande d'un palais sur l'escarpement de la Vistule, entre le château royal  et la résidence d'été du roi. A cette époque, Varsovie était la nouvelle capitale de  la République des Deux Nations, troisième plus grande puissance européenne, née de l'union de la Pologne et du Grand-Duché de Lituanie. A la mort du grand hetman, plusieurs propriétaires se succèdent pendant plus d'un siècle. C'est aux travaux d'agrandissements  entrepris au début du XVIIIe siècle que l'édifice doit les deux ailes latérales qui lui donnent sa forme actuelle, conforme au style palladien (ou néo-classique) qui prévaut à l'époque.

En 1817, la Pologne n'existe plus en tant qu'Etat, et le Palais devient le siège des gouverneurs du tsar de Russie. Puis, lorsque le pays recouvre son indépendance, il est restauré pour les besoins du Bureau du Conseil des Ministres, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale où il servira ? d'hôtel-casino pour les officiers allemands ! C'est sans doute ce qui lui vaudra d'être épargné par les bombardements de 1944, le laissant seul au milieu d'une ville exsangue.

La table ronde
Ce n'est pas un hasard si notre visite débute autour de cette table. Vingt-cinq ans plus tôt, les représentants de Solidarno?c et les dirigeants du parti communiste se tenaient à notre place dans le cadre des négociations qui aboutirent, le 6 avril 1989, à la signature des Accords de la table ronde et aux premières élections libres en Pologne. Ce meuble symbolise donc pour les polonais la chute du régime communiste et la transition pacifique du pays vers la démocratie. Pour la date d'anniversaire de l'indépendance, la table est montée dans la grande salle de réception, sa place d'origine. C'est encore autour d'elle que se tiennent certains cours d'éducation civique pour les collèges et lycées.

L'Ombre...
Le décor de la première pièce que nous visitons est entièrement consacré aux événements  tragiques de l'année 1981. À l'aube du 13 décembre, en réaction au pouvoir grandissant de Solidarno?c, le général Wojciech Jaruzelski fait proclamer l'«état de guerre » dans tout le pays. Le tableau « L'Ombre » (exposé sous le titre « La Croix ») illustre l'état d'esprit des artistes polonais durant cette année noire. Il y a plusieurs interprétations possibles de l'?uvre, selon que l'?il y voit le barreau d'une prison ou le détail d'une croix. 

Un lieu adapté aux exigences de la fonction présidentielle
« Il ne s'agit pas d'un joyau d'architecture, et nous sommes bien loin du clinquant des hôtels parisiens », précise notre guide. En effet, une extrême sobriété règne dans certaines salles du palais. Une neutralité esthétique qui permet, par ailleurs, de recevoir les têtes couronnées du monde entier sans risquer de porter atteinte à leurs m?urs. Car ce palais est avant tout un lieu de travail, au-delà de sa valeur sentimentale. Dès son arrivée au pouvoir en 2010, Bronis?aw Komorowski s'est d'ailleurs engagé dans le sens d'une désacralisation de sa fonction, annonçant qu'il conserverait son appartement de Varsovie. Finalement, le Belveder, qui n'avait pas accueilli de locataire depuis 1994, devient le lieu de résidence des présidents de la république de Pologne, laissant au palais Koniecpolski un statut purement officiel. 

 

Le grand Hall

C'est ici qu'affluent quotidiennement les acteurs de la vie politique et nous y rencontrons la Maire de Varsovie, Hanna Gronkiewicz-Waltz ! Dans ce grand hall, qui accueille les conférences de presse, l'attention du visiteur est recentrée sur les symboles qui font la force de l'Etat polonais. Emblèmes et bannières permettent aux différents visiteurs de saisir d'un seul coup d'?il les grands événements de l'histoire polonaise. On peut y voir l'étendard de Jean III Sobieski qui rappelle la victoire de son armée sur l'assiégeant turque lors de la bataille de Vienne, en 1683. L'insurrection a toujours été le moyen d'action privilégié de la résistance polonaise. C'est donc tout naturellement qu'on trouve le drapeau des insurgés de 1831, qui s'adresse directement au peuple russe, les associant à la lutte contre le tsar. Écrite en caractères cyrilliques, la devise « Pour notre liberté et pour la vôtre » est d'une rare adéquation avec l'actualité. Aux-côtés du drapeau de l'union européenne et de l'OTAN, on retrouve le logo de Solidarno?c écrit sur fond blanc en lettres rouges capitales.

La salle de bal
C'est dans cette salle d'apparat, située au premier étage du palais que fut signé le Pacte de Varsovie, le 14 mai 1955, pour contrer l'alliance atlantique que Staline considérait comme une véritable machine de guerre, mais que la Pologne finira par rejoindre en intégrant l'OTAN le 12 mars 1999.  Deux accords  pour le moins antagonistes mais révélateurs de l'évolution contemporaine de la Pologne.

Pour y accéder, nous traversons  l'antichambre (ainsi nommée en Polonais).  La salle de bal est ornée d'un magnifique lustre en cristal de bohème, le premier de Pologne à fonctionner entièrement au gaz. D'une dimension légèrement inférieure à celle du palais royal (on ne saurait faire de l'ombre au roi !) son décor n'a pas été touché depuis le XVIIIe siècle, si ce n'est par les nazis, qui jugèrent bon d'ajouter des éléments en faux marbres. C'est ici que le président donne ses discours, faisant son apparition par l'une des deux portes, pour venir se placer au niveau d'un marquage, léger mais qui, grâce aux indications de notre guide, n'échappe pas au reste du groupe !

La chapelle
Pour clôturer la visite, un arrêt devant chapelle officielle du palais s'impose. Contrairement à la France, pays laïque, les symboles de l'Eglise et de l'Etat se confondent souvent en Pologne. Construite à la demande de Lech Walesa, elle abrite la croix de guerre d'un dignitaire retrouvée parmi les décombres de l'avion présidentiel à la suite de la catastrophe de Smolensk. Le visage bienveillant de Jean Paul II, nous contemple depuis l'autel. Cette chapelle, par la place qu'elle occupe est une étape incontournable pour tout chef d'état en visite en Pologne, avant l'entretien privé avec le président dans le petit salon qui lui fait face.

Garant de la mémoire du peuple polonais, le palais Koniecpolski n'en est pas moins à la hauteur de sa fonction, celle d'ancrer la Pologne dans une ère de pleine modernité.

Merci à Varsovie Accueil ! Merci également à notre guide et « quasi-compatriote » Katarzyna Bartkiewicz !

Arnaud Chaffange (lepetitjournal.com/Varsovie) - Vendredi 6 février 2015

© Photo de l'extérieur du Palais Koniecpolski: Wikipedia

© Photos de l'intérieur du Palais Koniecpolski: Arnaud Chaffange

 

 

 

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Publié le 8 février 2015, mis à jour le 12 mars 2015