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PLAC TEATRALNY & PIŁSUDSKIEGO- 600 mètres de marche pour des siècles d’Histoire

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

 

Varsovie Accueil nous a donné rendez-vous vendredi dernier Plac Teatralny pour une visite plutôt insolite. Car, même si nous n'allons pas plus loin que la Plac Pi?sudkiego, ces places sont si riches qu'elles peuvent à elles seules nous conter plusieurs siècles d'Histoire. La visite de ces lieux, souvent ignorés par les touristes, est l'occasion de vous sentir plus varsovien que jamais ! 

PLAC TEATRALNY

Auparavant nommée Marieville, cette place était un lieu commercial construit à la fin du XVIIème siècle à la demande de la  française Marie Casimire Louise de La Grange d'Arquien, femme du roi de Pologne Jean Sobieski,. Or, au bout de dix années, les bâtiments étaient si dégradés qu'ils ont été démolis. Depuis, la place Teatralny en voit d'autres fleurir autour d'elle dont la plupart sont l'?uvre de grands architectes.

Théâtre Wielki

Inauguré en 1833, le Théâtre Wielki, appelé aussi Grand Théâtre,  détient la scène  la plus grande d'Europe, avec ses 36 mètres de largeur, 50 mètres d'épaisseur et 36 mètres de hauteur. L'amphithéâtre peut accueillir jusqu'à 1828 spectateurs.

La scène principale du théâtre fait partie de celles du Théâtre National Polonais, institution qui cherche à rendre accessible au grand public le 6ème art depuis 1765. Les personnes à l'origine de ce projet de démocratisation culturelle sont le roi de Pologne Stanis?aw Antoni Poniatowski et le dramaturge de renom Wojciech Bogus?awski. Le théâtre Wielki sera la troisième et plus grande scène à leur initiative et succède à celle de la place Krasi?ski.

Chef d'?uvre de l'architecte italien Antonio Corazzi, la Seconde Guerre mondiale sera dévastatrice pour ce bâtiment prestigieux, utilisé comme lieu d'exécution publique et brûlé. Sa reconstruction lors de la période communiste explique le contraste des styles entre l'intérieur de type réalisme socialisme et l'extérieur néoclassique. La réouverture du théâtre a lieu en 1965. Dans les années 90, il fait à nouveau l'objet de travaux, cette fois dans un objectif de modernisation.

Sur les hauteurs de l'édifice, on observe le quadrige d'Apollon, statue qui évoque à la fois le loisir des courses et la fonction

militaire. Ce quadrige est pensé dans le projet original de l'architecte Antonio Corazzi mais n'a été érigé qu'en 2002. Et pour cause, les Russes ne permettent pas la mise en place de la statue au moment de la reconstruction du théâtre. Les Polonais collecteront des fonds pendants plusieurs années dans l'objectif de faire aboutir ce projet.

De part et d'autre du théâtre, on peut observer deux statues. Celle de droite représente Albert Wojciech Bogus?awski, connu comme le père du Théâtre Polonais. Acteur et dramaturge, il participe activement à l'ouverture des deux premières scènes nationales, et n'a pas la chance de célébrer celle du Théâtre Wielki car décède deux ans avant. Celle de gauche est à l'effigie de Stanis?aw Moniuszko, le père polonais de l'opéra. Ses oeuvres mettent à l'honneur la Pologne, et c'est pourquoi il bénéficie d'une grande considération de la part du peuple polonais. Le grand auditorium du Théâtre porte d'ailleurs son nom.

Palais Jab?onowskich (Pa?ac Jab?onowskich)

En tête à tête avec le théâtre, se trouve le Palais Jab?onowskich, construit entre 1773 et 1785  pour Antoni

Jab?onowski, homme politique issu de la noblesse. Aux alentours de 1818, le Palais devient le nouvel Hôtel de ville de Varsovie. C'est depuis ce bâtiment que le président Stefan Starzynski s'adresse aux Varsoviens en 1939 et conduit la défense du pays. Or, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les nazis décident de détruire tous les symboles de la nation polonaise, et ils ne font pas d'exception pour le Palais Jab?onowskich. Entre 1995 et 1997, deux grandes banques
polonaises participent à la reconstruction du bâtiment et y établissent leur siège.

En s'aventurant sous le belvédère du bâtiment, on arrive dans une arrière-cour d'où on peut observer le mélange entre l'architecture originale et moderne. A l'époque, l'Hôtel de ville est réputé pour son immense salle de bal. On peut maintenant en voir les rares vestiges : trois fragments en fer noir exposés.

A cet endroit, une plaque commémorative est également érigée en la mémoire d'un jeune poète

varsovien, Christophe Baczynski, tué au début de l'Insurrection d'août 1944 par un tireur d'élite depuis le Théâtre Wielki. Nous pourrons voir une seconde plaque en son nom sur le mur d'enceinte du Palais Blanka, indiquant le lieu précis de sa mort. Son jeune âge fait de lui un grand symbole de l'Insurrection, mais ses poèmes lui valent aussi sa notoriété.

Eglise du Frère Saint-Albert et de l'Apôtre Saint- André (Ko?ció? ?w. Brata Alberta i ?w. Andrzeja Aposto?a)

Sur la gauche du Palais Jab?onowskich, on aperçoit une église. Elle abrite pendant l'Insurrection un hôpital pour les insurgés, et n'échappe donc pas à la destruction. Il faudra attendre jusqu'en 1999 pour qu'elle soit reconstruite.  En levant la tête, on peut lire une citation du pape Jean-Paul II : « Que ton esprit descende et renouvelle la face de la terre, cette terre ». Ses mots sont tirés d'un discours qu'il tient en juin 1979 sur la place Pi?sudskiego, lors de sa première visite au peuple polonais à cette époque sous domination soviétique. La « terre » dont il est question désigne la Pologne. C'est un véritable message d'espoir pour la nation, très catholique, pour laquelle la religion fait office de rempart contre les différents ennemis au cours de son Histoire.   

Palais Blanka (Pa?ac Blanka)

Plus loin, sur la droite de l'Hôtel de ville se tient le palais Blanka. La particularité de ce bâtiment est qu'il est le premier à être reconstruit après la guerre. Et pour cause, il hébergeait en son sein le siège du Bureau de reconstruction de la ville. Bâti entre 1732 et 1764, cet édifice a été pensé par l'architecte polonais Szymon Bogumil Zug, considéré comme le meilleur de Varsovie à l'époque. En 1777, le banquier français Pierre Blanc en devient le propriétaire et y apporte quelques modifications. Résidence de réception pendant l'entre-deux-guerres, le président Stefan Starzynski, très occupé par la défense de son pays à la veille de la Seconde Guerre, finit par loger là, profitant de la proximité avec l'Hôtel de ville. Ce bâtiment abrite actuellement le Ministère du sport.

PLAC PI?SUDSKIEGO

Nos premiers pas sur la place Pi?sudskiego se font en direction de la statue de l'homme qui lui a donné son nom,  le Maréchal

Pi?sudskiego. « Commandant du pays ». Après la Première Guerre mondiale, il est le héros de l'indépendance de la Pologne. Les Polonais lui attribuent le mérite d'avoir réussi à repousser l'armée Bolchevique au front Ouest en 1920. Sa collaboration étroite avec Charles de Gaulle dans l'élaboration d'une stratégie défensive et l'entraînement des troupes aurait en effet permis au Maréchal Pi?sudskiego d'accomplir cette miraculeuse victoire. L'emplacement de la statue, de l'autre côté de la route contournant la place, est très critiqué par les Polonais. Elle est qualifiée de « gardienne de parking ». Le plus problématique est qu'en temps de cérémonie militaire, dont la place en est le lieu privilégié, les soldats tournent le dos à ce chef de haut rang puisqu'ils se dirigent dans la direction opposée, vers le tombeau du soldat inconnu.

Une fois sur le grand parre-terre gris de la place, on peut s'étonner de son immensité. Il s'agit en effet de la plus grande place de Varsovie, théâtre d'un bon nombre d'événements historiques. Elle a vu le jour en 1791 quand le Roi de Saxe choisit d'y construire son palais, le palais Saski, pour s'éloigner des odeurs nauséabondes de la Vieille ville. Mais cet édifice sera détruit par les nazis au lendemain de l'Insurrection. Seul un morceau est resté sur pied, il abrite aujourd'hui le Tombeau du soldat inconnu. Entre temps, entre 1890 et 1920, une cathédrale orthodoxe du nom d'Alexandre Nevsky a été construite en ce lieu. Or, comme la plupart des monuments hérités de la domination russe, elle a été démantelée par les Varsoviens dans les années 20.

Aujourd'hui, une croix catholique domine ce grand espace. Elle est précisément dressée à la place de l'autel dans lequel  le pape Jean-Paul Il a célébré sa première messe en Pologne. C'est lors de cette cérémonie qu'il a prononcé cette fameuse phrase gravée sur l'église sus-mentionnée, que l'on retrouve d'ailleurs au pied de la croix. Avant qu'elle ne soit édifiée, les Polonais venaient déposer des croix en bois à cet endroit, preuve que cet office constitue un souvenir cher à leurs yeux.

Jardin saxon (Ogród Saski)

Nous continuons la visite dans les allées du Jardin saxon, dont l'entrée se trouve à l'arrière du Tombeau du soldat inconnu. Ouvert au public en 1727, ce parc est connu comme le plus ancien de la ville de Varsovie.  Ces 15 hectares de verdure étaient autrefois les jardins attenants au Palais Saxon.  Au départ aménagé selon le style baroque des « jardins à la française », le parc est revisité au XIXème siècle et devient un « jardin à l'anglaise ». Après la Seconde Guerre mondiale, sa reconstruction a été nécessaire. Une grande partie du parc est ornée de statues incarnant chacune une vertu ou un domaine de connaissance. Volées ou détruites pendant la guerre, elles ont aussi du être retaillées et replacées. Or, soyez avertis, ce travail de reproduction n'a pas été très précis. Vous observerez peut-être que la disposition de ces statues, ou que certains de leurs éléments personnels, sont dénués de sens. La visite prend fin face au décor idyllique du château d'eau, dans la partie nord-ouest des jardins. Dessiné par l'architecte Henryk Marconi en 1852, ce bâtiment circulaire s'inspire du Temple de Vesta situé à Tivoli, en Italie.

N'hésitez pas à vous rendre sur les lieux à votre tour ! Pour les nouveaux arrivants, cette visite est l'opportunité de découvrir un haut lieu de la ville tout en en apprenant davantage sur l'Histoire de la Pologne. Quant à ceux qui connaissent déjà ces places pour ses magasins ou ses bureaux, vous serez certainement surpris par les événements historiques qui s'y sont déroulés.  

Remerciements à Varsovie accueil et à notre formidable guide ?ukasz Misiurkiewicz !

Jeanne Sirot (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mardi 20 octobre 2015

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Publié le 19 octobre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018
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