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MUSEE D’ART MODERNE DE VARSOVIE- Le pavillon Emilia tire sa révérence

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 29 juin 2016

La rue Emili Plater, en plein centre de Varsovie, est peuplée de nombreux gratte-ciels. Au milieu de ceux-ci, se trouve toutefois un bâtiment nommé Emilia, d'une hauteur minuscule par rapport à ses voisins et à l'architecture singulière qui abrite le Musée d'art moderne de Varsovie. Mais la spéculation immobilière de la capitale ne lui laisse plus que quelques jours d'existence avant que ne soit édifiée à sa place une tour. Une fermeture prévue le 14 mai qui ne signifie pas, cependant, la mort du musée : celui-ci dispose encore de locaux rue Pa?ska et prévoit d'emménager dans un grand bâtiment, place Defilad, en 2020.

Un musée pour la démocratisation de l'art et de la culture? 

Le musée d'art moderne de Varsovie a été créé en 2005 par une ordonnance du ministre de la Culture et du Patrimoine national, après un accord passé avec le maire de Varsovie de l'époque, Lech Kaczy?ski (qui deviendra président de la République), pour une gestion conjointe du musée. L'érection rapide du musée devait répondre au souhait de modernisation de la Pologne après son adhésion à l'Union européenne. L'institution a pour missions de présenter la transformation de l'art polonais du XXème et du XXIème siècle dans un contexte international, les travaux les plus important dans le domaine des arts visuels, du design graphique, industriel et de l'architecture et de promouvoir les artistes talentueux. Situé en plein centre-ville, il s'agit de créer un espace culturel, de détente et de loisirs pour tous les résidents et visiteurs de Varsovie. Le musée d'art moderne s'établit comme un lieu de dialogue, de promotion de l'intérêt et des connaissances artistiques, avec une entrée toujours gratuite et l'organisation de nombreux événements culturels et éducatifs (conférences, visites guidées, rencontres avec des artistes, etc.). 

Au cours des cinq premières années de son activité, le Musée a présenté plus de trente expositions, dans ses locaux mais aussi dans d'autres lieux à Varsovie, dans toute la Pologne et à l'étranger. En 2013, il co-organise la première exposition monographique intitulée « Alina Szapocznikow. Sculpture Undone. 1955-1972 " au prestigieux MoMA de New York. Sa collection se développe notamment en mai 2013, avec la présentation de l'exposition « Au c?ur du pays ». Il organise ensuite l'exposition « Comme vous pouvez voir » consistant en une revue d'?uvres artistiques polonaises récentes, des expositions sur de grands artistes du XXème siècle (« Andrzej Wroblewski: Recto / Verso 1948-1949 », « Maria Bartuszová. Formes provisoires ») mais aussi sur des événements et défis contemporains (comme « Paramètres privés. L'Art après Internet »). Avant d'être vidé pour le déménagement, le pavillon abritait trois expositions sur le rôle de l'art dans nos sociétés contemporaines : « Pourquoi nous avons des guerres » avec des ?uvres traitant de problèmes contemporains réalisées par 14 artistes considérés comme marginaux, « Du pain et des roses » sur l'art et les inégalités entre classes sociales et enfin, « Faire usage : la vie dans les temps post-artistiques » sur l'imbrication de l'art et des activités de la vie quotidienne. 

 

     

?à l'histoire mouvementée

Depuis sa création, le musée ne fait que se développer (il dispose ainsi aujourd'hui d'une collection permanente de 250 ?uvres d'artistes polonais et étrangers) mais non sans difficultés. En effet, alors qu'une ordonnance décide en février 2005 de la construction d'un bâtiment pour le musée, celui-ci ne verra jamais le jour car l'édification s'avère semée d'embûches ! 

Le processus est lancé en décembre 2005, avec l'organisation d'un concours pour déterminer l'architecture du futur musée. Cependant, du fait de nombreuses protestations concernant des exigences trop élevées pour les participants, ce dernier est annulé. Ses règles simplifiées, il est de nouveau organisé en juillet 2006 et le gagnant est annoncé lors d'une cérémonie en février 2007. Il s'agit du projet monumental et minimaliste de l'architecte suisse Christian Kerez, sélectionné parmi 109 autres propositions. Un projet qui ne plaît toutefois pas au directeur du musée, Tadeusz Zielniewicz, qui démissionne avec le conseil d'administration. En juin 2007, Joanna Mytkowska est nommée à sa place et en avril 2008, la maire de Varsovie, Hanna Gronkiewicz-Waltz, signe un contrat avec Christian Kerez pour la construction du musée : les travaux devaient être finis avant 2012. Mais le projet prend un retard considérable car les autorités municipales veulent le modifier, en ajoutant un espace supplémentaire pour héberger également dans le bâtiment le théâtre TR Warszawa (théâtre de Grzegorz Jarzyna, appelé auparavant Théâtre Variété), ce qui conduit finalement à l'abandon du contrat avec Christian Kerez. Depuis 2008, le musée se trouve ainsi dans des locaux loués rue Pa?ska. Cependant, il ne peut réellement se développer et présenter des expositions qu'à partir de 2012 lorsque le magasin de meubles Emilia, situé dans le pavillon à côté, ferme : le musée peut alors louer le pavillon pour y présenter sa collection, en attendant d'avoir son propre bâtiment.

En 2013, une nouvelle procédure est lancée pour en concevoir l'architecture et à l'été 2015, un contrat est signé avec un cabinet d'architectes de New York pour la construction de deux bâtiments, plac Defilad, devant le Palais de la Culture. Prochaine étape : l'obtention du permis de construire afin de débuter les travaux dans le courant de l'année prochaine. Si tout se passe comme prévu, le Musée d'art moderne pourrait ainsi enfin ouvrir ses portes dans son propre bâtiment en 2020.  

?et aux projets toujours nombreux

C'est donc une histoire de construction bien compliquée qui a amené le Musée à s'installer à la place d'un magasin de meubles, dans ce pavillon de verre au toit en zigzag. Unique par son passé et son architecture, un livre intitulé Emilia: furniture, museum, modernism a été dédié à ce dernier. Le musée organise une rencontre vendredi 13 mai avec ses auteurs. Car si le pavillon a dû être vidé des ?uvres qu'il abritait, le Musée d'art moderne continue d'y organiser de nombreux événements avant sa fermeture définitive le 14 mai. Pour ses derniers jours, Emilia accueille ainsi des conférences sur l'architecture moderniste à Varsovie, des rencontres, des concerts, des visites guidées sur son architecture et pour la nuit des musées, des performances de nombreux artistes (danseurs, musiciens, chorégraphes) y sont prévues.  

Enfin, sachez qu'après le 14 mai, une petite partie du musée, celle située dans la rue Pa?ska, adjacente à la rue Emili Plater, reste ouverte. Dans ce bâtiment abritant les bureaux du musée d'art moderne, se trouvent le café eMeSeN, mettant à disposition des jeux et de nombreux ouvrages en polonais et en anglais, ainsi qu'un petit espace d'exposition. Jusqu'au 21 mai, l'installation « Rainforest », créée par un collectif à partir du travail de David Tudor, y est visible et audible : en effet, il s'agit d'une structure d'objets suspendus mêlée à un environnement sonore, que le visiteur est invité à explorer librement. 

Retrouvez toutes les informations quant aux événements organisés avant la fermeture et les prochaines expositions sur le site du musée : http://artmuseum.pl/en. 

© Photos : vue de l'exposition « Pourquoi nous avons des guerres » photo de Bartosz Stawiarski, intérieur du pavillon lors des dernières expositions photos d''Hélène Sancey-Dodivers, maquette du futur bâtiment du musée, couverture du livre Emilia: furniture, museum, modernism, le café libraire eMeSeN, l'installation Rainforest photo de Bartosz Stawiarsky copyright Museum der Moderne Salzburg

Hélène Sancey-Dodivers (lepetitjournal.com/Varsovie) - Jeudi 12 mai 2016

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Publié le 11 mai 2016, mis à jour le 29 juin 2016
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