La presse revient sur le dévoilement au centre de Varsovie du monument érigé à la mémoire des 96 victimes de la catastrophe de Smolensk, moment clé des cérémonies organisées mardi à Varsovie. Dans leurs allocutions, le Président Duda et le président du Droit et Justice Jarosław Kaczyński ont appelé les Polonais à l’unité et à la solidarité nationale. Les partis de l’opposition (PO, Nowoczesna, PSL) n’ont pas participé aux cérémonies pour protester contre la politisation de la tragédie, qui divise les Polonais au lieu de les unir.
Rzeczpospolita écrit qu’il n’y a certes pas eu à cette occasion de réconciliation politique ni de commémorations communes, mais qu’on a néanmoins assisté à un apaisement du conflit entre les partis. Le candidat commun de la PO et de Nowoczena à la fonction de maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, a annoncé ne pas être partisan du démontage du monument. Le sujet du monument réapparaitra sûrement au cours de la campagne électorale municipale dans la capitale, estime le journal.
La construction du monument n’a pas encore été finalisée. Le projet implique entre autres d’y rajouter la croix en bois placée il y a huit ans devant le palais présidentiel, et avait déchainé les passions, opposant des intégristes catholiques aux autorités et aux défenseurs d’un Etat laïc. Dans un commentaire, Rzeczpospolita («Laissez la croix là où elle est ») redoute que la croix ne redevienne un outil politique et fasse resurgir des divisions de la société.
Gazeta Wyborcza met l’accent sur le fait que Jarosław Kaczyński, à part la comparaison de la catastrophe de Smoleńsk au crime sur les officiers polonais à Katyń, a évité de faire référence à la thèse de l’attentat et du complot. Toutefois, le commentateur du journal dénonce les mesures de sécurité draconiennes qui ont limité l’accès à toute personne n’étant pas favorable à l’équipe au pouvoir. « C’était une fête du parti au pouvoir et le triomphe de la volonté du président du PiS, qui pendant des années ont politisé cette tragédie ».Le journaliste déplore que les déclarations de volonté d’unité faites par les hauts responsables du PiS soient venues si tard, trop tard. Il trouve significatif que le parquet ait informé mardi avoir convoqué l’ancien président Bronisław Komorowski à une audition, qui a eu lieu mercredi 12 avril, dans le cadre de l'enquête concernant des négligences de fonctionnaires d'Etat ouverte après le crash de Smolensk. M. Komorowski a considéré que les accusations formulées contre lui par les membres de PiS de trahison, d’attentat et de complot contraste avec le recueillement commun des premiers jours ayant suivi la catastrophe (Gazeta Wyborcza).