Rendu célèbre notamment par son interprétation de Carlos dans la série populaire Aquí no hay quien viva, Diego Martín, 37 ans, également aperçu dans la série Hermanos y detectives ou le long métrage Días de fútbol, est un passionné de culture française. Alors qu'il devrait prochainement collaborer avec l'Alliance française, celui qui rêve à voix haute de tourner en français a accepté de confier au petitjournal.com la nature de son affection pour son deuxième pays de coeur
(Photo Brian Toussaint)
Lepetitjournal.com : On vous rencontre souvent dans des évènements consacrés à la culture française, quel est votre lien avec la France ?
Diego Martín : Mon lien commence avec ma femme, qui est française. Nous sommes mariés depuis 8 ans. Avant, j'allais en France comme simple touriste. Je ne parlais pas un traitre mot de français. Quand je l'ai rencontrée, c'est une double histoire d'amour fou qui a commencé, avec elle et son pays. Je suis devenu un amoureux de la France en général, de Paris en particulier. Depuis, je suis toujours ravi de pouvoir participer à tous les évènements qui mettent en avant la double culture.
"En France, je retrouve un sens de la préoccupation pour la beauté de la langue qui s'est perdu en Espagne"
Pouvez-vous nous expliquer ce que vous appréciez particulièrement dans la culture et la langue française ?
D'abord, il faut dire que c'est une très belle langue. Dans la sonorité, la sensualité, la difficulté. En France, je retrouve un sens de la préoccupation pour la langue, pour la beauté de la langue. C'est un côté qui s'est perdu en Espagne. Il y a de l'autre côté des Pyrénées un respect général pour les gens qui parlent bien le français, il existe encore ce profond respect de la langue. J'admire cela. Par ailleurs, j'aime bien le mode de vie à la française. Je ne suis pas du tout d'accord avec le cliché espagnol qui fait de la France un pays européen plus froid. La façon de vivre des Français est beaucoup plus proche du mode de vie espagnol que l'idée générale qui est sans cesse avancée, ici en Espagne. La notion de partage, la qualité de vie, le liens d'amitié, tout ce côté me plaît énormément en France. Comme toute cette mise en scène qui perdure dans les bonnes manières. Cet espèce de théâtre au bon sens du terme.
Comment s'est déroulé votre apprentissage de la langue française ?
Je parle anglais depuis très jeune mais l'apprentissage d'une langue est différente pour un adulte. Le français, je le parle à l'oreille. Je n'ai rien étudié, je fais tout à l'imitation. Pour résumer, le français aura été la découverte d'un mystère. Le déclic, pour un adulte, c'est quand on commence à comprendre ce que l'on entend dans la rue, à se débrouiller seul. Maintenant, à la maison, on parle fragnol !
Quelles sont vos références en matière de culture française, avez-vous lu certains grands auteurs ?
J'ai essayé de lire certains auteurs français mais plutôt contemporains. Je n'ai pas franchi le pas qui me sépare des grands auteurs classiques. Pourtant, il est sans doute plus simple de lire le français que de le comprendre à l'oral. Pour le moment, j'en suis resté à Frédéric Beigbeder ou Michel Houellebecq.
"Tourner en français, un chemin que j'aimerais prendre. Je suis ouvert à toutes les propositions"
(Diego Martín, au cours de l'interview / Photo Brian Toussaint)
Cet avantage d'une parfaite expression orale en français peut-il influencer votre carrière ?
Tourner en français, c'est un chemin que j'aimerais prendre. Peu importe avec quel réalisateur, d'ailleurs. Je suis ouvert à toutes les propositions. Le fait de tourner en France et en français serait déjà un luxe. Le cinéma français traverse une période incroyable. Je suis très admiratif du potentiel culturel cinématographique français. Le lien avec le public est totalement différent en France. C'est très étrange pour un acteur espagnol de voir qu'un homologue français peut être invité au journal télévisé de 20h. C'est quelque chose d'inimaginable en Espagne. La reconnaissance de l'acteur de cinéma est beaucoup plus forte en France, sans commune mesure.
"Le lien entre les acteurs de cinéma et le public est beaucoup plus fort en France"
Victoria Abril, Sergi López... Quels sont vos modèles dans l'optique d'une carrière dans les deux pays ?
Je préfère le parcours de Sergí Lopez, qui a eu le mérite de se faire un nom en France alors qu'il n'était personne ici, en restant toujours lui-même. Sans être cloisonné dans un type de rôles particuliers. Le paradoxe, c'est qu'en Espagne le cinéma a perdu son poids de référent. Désormais, on reconnaît dans la rue les acteurs de télévision, de série, et non de cinéma. C'est totalement l'inverse de la France. En dix ans, le cinéma espagnol a beaucoup perdu, alors qu'en France c'est une véritable industrie. L'exportation de ce qui marche dans un pays n'est pas toujours positive dans l'autre. Bienvenue chez les Ch'tis a trouvé son public en Espagne aussi, mais Aquí no hay quien viva n'a pas marché en France. C'est très particulier mais j'aimerais vraiment tourner en France, l'expérience me tente énormément.
Benjamin IDRAC (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 1er février 2012