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INTERVIEW - Mona Achache, réalisatrice du Hérisson : J'avais peur de tomber dans la mièvrerie

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 décembre 2009

Comme près d'un million et demi de Français, Mona Achache a succombé à l'Elégance du hérisson. Dès la sortie du livre, la réalisatrice a eu le projet d'en faire l'adaptation au cinéma. A l'occasion de la sortie du film dans les salles espagnoles, elle était à Madrid pour présenter son long métrage. Rencontre

(Photo Lepetitjournal.com)


Lepetitjournal.com : Comment avez vous réussi à convaincre Muriel Barbery de réaliser l'adaptation de son best seller ?
Mona Achache : J'ai découvert l'Elégance du hérisson juste à sa sortie et j'ai tout de suite été séduite par l'idée de l'adapter au cinéma. J'ai rencontré Muriel Barbery pour lui en parler, nous avons discuté une heure. En fait, cela a plutôt été une rencontre autour de la vie, pas seulement autour du livre. Elle avait besoin de connaître les personnes qui allaient adapter son ouvrage, plus que de savoir comment cela allait se faire. Je lui ai parlé de ce qui me plaisait dans le livre, quant au film... Cela reste très théorique de parler d'un film lorsque l'on en n'est même pas à l'ébauche de l'écriture du scénario.

Qu'est ce qui vous a séduit dans le livre ?
C'est un livre qui parle de personnages hors normes et j'aimais beaucoup ces deux personnages de femme, qui l'habitent. Ce sont des femmes que l'on voit trop peu au cinéma ou en littérature. Parallèlement, je trouvais que c'était un livre très intimiste, mais qui s'ouvre sur la vie.

Ne risquiez vous pas de tomber dans la caricature, en essayant de donner corps à ces personnages ?
Si bien sûr, c'est un risque qui existe lorsque l'on travaille sur le personnage comme celui de Renée, la concierge. Mais au delà de l'apparence, il faut essayer de voir qui se cache vraiment derrière le personnage. En fait, j'avais surtout peur de tomber dans la mièvrerie. C'est une histoire d'amour, qui doit être touchante, émouvante, mais pas mièvre.

Comment avez vous abordé le tournage avec Josiane Balasko ?

Je l'avais choisie avant même d'écrire le scénario : c'était la seule à pouvoir interpréter ce personnage, à mon sens. J'ai essayé de m'interdire de trop penser à elle durant l'écriture, mais ce n'était pas facile. Ensuite, j'ai essayé d'épurer un maximum son jeu. On a essayé d'aller vers le minimum : dans les gestes, les expressions... C'est d'ailleurs aussi vrai pour l'ensemble du film, pas seulement pour le travail des comédiens. Je souhaitais être le plus sobre possible, que ce soit une histoire faite de petits riens.

Mai pourquoi le choix de Josiane Balasko ?
Josiane donne vie à des personnages de femmes dont on ne parle jamais. C'était déjà le cas dans Gazon maudit, ou Trop belle pour toi. Par exemple, je pense que Josiane a fait beaucoup pour aider les femmes lesbiennes à être reconnues. A l'époque, personne ne parlait d'elles au cinéma, encore moins par l'intermédiaire d'un personnage sympathique.

Et Garance Le Guillermic ?

Je m'identifie beaucoup à son personnage, qui ressemble à l'enfant que j'étais, notamment avec cette vision étrange sur le monde des adultes et avec cette fascination pour la mort. La mort, c'est une question fondamentale, oppressante, lorsqu'on est enfant. J'ai voulu lui faire prendre beaucoup de recul, pour jouer certaines scènes, afin qu'elle ne soient pas trop traumatisantes pour elle.

Quel est votre rapport avec l'Espagne ?
Familial : le mari de ma grand-mère, depuis que j'ai trois ans, est l'écrivain Juan Goytisolo. C'est une personne qui a une relation très particulière avec l'Espagne, chargée de rejet et d'attirance. J'ai hérité d'un peu tout ça à la fois... Mais aujourd'hui, je découvre Madrid pour la première fois.

Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Madrid) vendredi 11 décembre 2009
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Publié le 11 décembre 2009, mis à jour le 11 décembre 2009
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