Édition internationale

INTERVIEW - Dominique A : "J´adore les rythmes latinos comme le cha-cha-chá"

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 janvier 2010

Rencontre avec Dominique A, qui à l'occasion de sa tournée mondiale fait une pause en Espagne. Son dernier album, La musique, a été enregistré en solitaire à la maison, et nous montre un Dominique A dans tous ses états : des mélodies tortueuses, une voix chaude et un lyrisme comme lui seul peut se le permettre

(Photo Cinq7.com, avec l'aimable autorisation de l'artiste)


Lepetitjournal.com : C'est donc, quinze ans après La Fossette, un nouvel album fait maison. Est-ce aussi une façon de se regarder dans le miroir ? Pour y (re)trouver quoi ?
Dominique A : Il y a un peu de ça? L'idée c´est en effet de repartir avec les mêmes choses. Mais à l´époque je travaillais avec des cassettes de quatre pistes, je n´avais pas de clavier ou de boîte à rythme chez moi. Cette fois je voulais me servir de ces "outils", mais en même temps fonctionner un peu de la même façon, pour savoir comment j'avais évolué. D´autre part, je savais que Dominique Brusson allait retravailler les mixages au studio. Quand je commençais je détestais toutes sortes d´artifices, comme aller au studio?mais je me suis rendu compte que maintenant j´adore ça.
Enfin, je voulais être plus modeste et écouter un peu l´avis des autres, comme ceux des musiciens qui m´accompagnent dans cette tournée. ça donne un sens plus physique, plus organique aux chansons.

Une sorte de "La Fossette version Red Bull", comme vous avez évoqué ?
En effet? Non, ça c´est une bêtise que j´ai dit une fois, en plus c´est de la pub pour une marque de boissons dégueulasse ! Je croyais échapper à quelque choses en disant ça, et finalement c´est moi qui suis tombé dans le piège?

Dans vos textes, il y a une inquiétude par rapport à la fuite du temps. Comment vivez vous ça ? Quelle est la partie autobiographique dans vos paroles ?
Cette obsession, c´est un classique. En parler c´est une façon de l´accepter. Mais c´est juste que des paroles, l´important avant tout, c´est la musique? je ne suis pas un philosophe. J´essaye d´éviter un maximum l´autobiographie, je le trouverais assez insupportable, d´ailleurs. Tout en sachant qu´il y a toujours quelque chose, mais le cadre de mes histoires est plutôt un cadre visuel et mental.

Cette fois vous venez accompagné par des musiciens, ça doit changer beaucoup de faire une tournée tout seul ou bien d'être entouré par des instruments. Qui vous accompagne ?
J´en avais marre de chanter tout seul ! Non, je rigole... Je serai accompagné par un batteur (Sébastien Buffet), un guitariste très jeune et très bon, qui joue aussi au clavier (Thomas Poli) et d'un autre clavier (David Euverte). J´ avais besoin d´eux pour rendre mes chansons plus aérées. Je ne voulais pas une atmosphère trop chargée et je ne voulais plus travailler sur le looper. Si on avait plus de place, l´ingénieur du son serait le cinquième musicien.

Vous vous êtes intéressé à d'autres formes artistiques, comme le cinéma et la littérature. Vous avez aussi édité une "compil'"(Songs over troubled water) et un essai (Un bon chanteur mort). 2009 : année productive ?
Oui, La machine à cailloux à lancé une collection dans laquelle différents chanteurs racontaient leurs expériences : comment on est devenus chanteurs, comment on voit les choses dans l´univers de la musique. J´avais déjà écrit des chroniques dans différents medias, mais jamais rien d´aussi long. L´écriture, c´est très important pour moi, c´est sacré. Mais j´ai besoin de temps pour m´y mettre et pour l´instant, je ne l´ai pas. Peut-être dans le futur...

(Photo Cinq7.com avec l'aimable autorisation de l'artiste)
Quel sont les auteurs qui vous inspirent le plus en ce moment : littérature et musique ?
Je lis des choses à droite et à gauche et j´ écoute spécialement Benjamin Biolay. J´aime beaucoup son dernier album. Je prends aussi des idées chez les autres, comme chez ce trio Las ondas marteles, qui fait des reprises de vieilles chansons françaises. Mais comme dit Modiano, ce ne sont pas les choses qu´on aime le plus, celles qui nous inspirent forcément le plus. Je crois qu'elles nous effraient même un peu.

Vous connaissez bien le public espagnol ? Quel type de rapports entretenez-vous avec l'Espagne ? Avec son univers ? A part venir en concert et participer à des festivals, vous passez des vacances ici ?
J´ai toujours plaisir à venir. Les publics allemands ou espagnols ont une réaction différente au public francophone, qui est obsédé par les paroles. Les Espagnols sont plus proches de la musique, les paroles sont secondaires pour eux. Il me semble aussi que les gens participent plus, quand il n´y a pas une langue en commun.
Et les vacances? Bien sûr! J´aime le sud, les petits villages vers Ronda, tout blanc, ce paysage? C´est assez beau à voir.

Pour finir, pouvez-vous nous commenter les chansons de votre dernier album ?

Le sens (je ne reconnais pas du tout votre voix dans cette chanson, c´est bien vous ?)
Oui, c´est ma voix à 8h00 du matin. J´avais déjà la musique mais c´était le premier essai du texte posé sur cette musique en direct : un miracle. Cette chanson plaît au gens parce qu'il y a une liberté qu´il n´y a pas dans les autres.

Immortels
C´est une chanson composée par quelqu´un d´autre (Alain Bashung) et j´ai eu du mal à me débarrasser d´un espèce de fantôme, c´était difficile de la reprendre mais je pense m´en être bien sorti.

Nanortalik
C'est une ville au Nord du Groenland, un endroit magique et très beau, avec cette beauté presque ridicule. Je voulais faire une chanson qui transmette ce sentiment que l'on peut avoir face à un paysage.

Qui es tu?
Je voulais un texte le plus banal possible, pour le rendre inquiétant ensuite.

Hasta que el cuerpo aguante
Non, ce n´est pas du tout un clin d´?il au public espagnol ! C´est une expression qui a surgi en discutant avec quelqu'un de GreenUfos (le distributeur en Espagne, NDLR) sur les habitudes « alcool, drogues et rock and rol »l des musiciens quand il se rendent en Espagne. J´ai tout simplement aimé la sonorité de la phrase et j´ai fait une chanson.

La musique
Je voulais appeler cet album La musique, mais il me fallait une chanson pour rendre ce titre logique. Je voulais quelque chose d´assez poétique, comme un vieux disque de The Cure.

Je suis parti avec toi
Dominique Brusson et moi voulions construire une chanson sur un seul accord, sur une ligne droite.

Le bruit blanc de l´été
L´idée m´est venue dans un festival de musique, avec tous ces groupes qui jouent partout en même temps. A un moment donné, je me suis dit que les gens étaient là justement pour ne rien entendre. C´est ce bruit blanc.

Des étendues
Même si je ne suis pas un grand fan de Gainsbourg, je voulais reprendre son style, la batterie. C´était un exercice de style.

Les garçons perdus
C´est un R&B froid. Je déteste le R&B ! Mais j´aimais bien l´idée d'en reprendre les codes. Ce n´est pas une chanson sociale, c´est comme une histoire de science-fiction. C´est un peu comme après une apocalypse.

Hotel Congress
C´est un vieil hôtel mythique de la ville de Xalicso, Tucson. Un gangster était en cavale et fini caché pendant trois semaines dans l´hôtel avant que la police ne le découvre et ne le tue. J'ai joué sur cette idée d´une musique qui part en cavale, mais qui en même temps ne peut pas s´en aller.

La fin d´un monde
J´adore les rythmes latinos comme le cha-cha-chá, ce rythme latin, que je voudrais reprendre en plus froid dans de futurs travaux.

Propos recueillis par Ana Sánchez Rodríguez (www.lepetitjournal.com ? Madrid) mercredi 13 janvier 2010

Dominique A est en concert jeudi 14 janvier à Madrid au Neu ! Club - Pour plus d´informations cliquez ici

Lire également notre interview de Françoiz Breut
lepetitjournal valencia alicante
Publié le 13 janvier 2010, mis à jour le 13 janvier 2010
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.