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RITA BARBERA – L’ancienne Maire de Valence est décédée ce mercredi 23 novembre. Retour sur un parcours qui a marqué la société espagnole

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 novembre 2016

Ce mercredi 23 novembre nous apprenions le décès de Rita Barbera, l'ancienne Maire de Valence pendant 24 ans, qui a succombé à 68 ans à un infarctus à Madrid. Femme de caractère, c'est elle qui a façonné la Valence moderne telle que nous la connaissons aujourd'hui durant ses 6 mandats successifs. (crédits photos : Wikipédia)

Retrouvée inanimée dans un hôtel de Madrid
C'est à 7h03 exactement que les services de réanimation du SUMMA ont reçu un appel d'urgence. Intervenus très rapidement à l'hôtel Villa Real, situé en face de la Chambre des Députés à Madrid, ils ont retrouvé l'ancienne maire de Valencia, âgée de 68 ans, en arrêt cardio-respiratoire. Malgré trente minutes de massage cardiaque, ils n'ont pu que constater le décès.

Une carrière dévouée à Valence et au PP
Fille d'un journaliste et politicien valencien, Rita Barbera est née le 16 julliet 1948 à Valencia. Diplômée en sciences politiques, économiques et entrepreunariales à l'Université de Valence ainsi qu'en journalisme à l'Université de Madrid, c'est à Radio Valencia puis au quotidien Levante qu'elle commence sa carrière professionnelle de journaliste. Elle intègre par la suite la fonction publique en 1975.

Elle rejoint le parti Alianza Popular, ancêtre du Partido Popular, dès 1976 et est élue députée de la Géneralitat en 1983. En 1987 elle est propulsée tête de liste la Présidence de la Generalitat mais est battue par le socialiste Joan Lerma.

C'est en en 1991 qu'elle devient Maire de Valencia, grâce à une coalition avec le parti régionaliste Unión Valenciana. Durant ses 24 années à la tête de la ville, elle contribuera à l'essor et au développement de Valence. Ainsi, on lui doit en autre : l'arrivée de la ligne à Grande Vitesse (AVE) à Valence, l'extension du port, du réseau Metrovalencia du Jardin del Turia, la de la Cité des Arts et des Sciences, les deux éditions (32e et 33e) de la Copa America, la piste de Formule 1. En mars 1995, elle sera le premier maire d'Espagne à célébrer un mariage civil dans sa mairie.

Elle enchainera six mandats consécutifs obtenant les majorités absolues jusqu'en 2015. Cette année-là, bien qu'elle obtienne le plus de votes aux élections municipales, la coalition des partis Compromis, PSPV et Valencia et Comu lui barre le chemin de la mairie.

Rattrapée par des affaires de corruption
Plusieurs affaires ont entaché le parcours de Rita Barbera. Ainsi, dans presque tous les travaux entrepris par la ville d'importantes affaires éclatent : l'accident de métro du 3 juillet 2006, où 43 personnes ont perdu la vie et dont les enquêtes ont été closes précipitamment, les lacunes budgétaires et les problèmes de construction pour la Cité des Arts (el "Trencadis"), le coût exorbitant du circuit de Formule 1, qui sera finalement abandonné ou encore les bâtiments inutilisés de la Copa America.

Mais les affaires les plus douloureuses restent celles liées à la corruption. D'aucuns diront que si Valence doit énormément à Rita, Barbera doit beaucoup à Valence.

En effet, suite à l'arrivée de l'équipe municipale de Joan Ribo à la mairie de Valence en 2015, de nombreux cas de corruption et de blanchiment d'argent sont mis à jour. Le Ritaleaks, nom général donné pour l'affaire des frais de représentation et des irrégularités imputées entre 2011 et 2014, avec un total de 466 factures d'une valeur de 278.000 euros pour des repas, des hôtels et des voyages, en est le plus gros dossier. Une suspicion de caisse noire pour le PP est alors envisagée.
C'est justement dans le cadre de cette affaire des financements occultes du PP de Valencia, que Rita Barbera se trouvait à Madrid depuis lundi pour faire sa déposition auprès du Tribunal Suprême.

Un décès qui déchaine les passions
Depuis l'annonce de sa mort, les déclarations des femmes et des hommes du paysage politique espagnol se succèdent.

Le premier à s'exprimer fût Mariano Rajoy, qui, très ému, a confié : "Je me sens énormément peiné. Je l'ai connu dans les années 80 en en 191, nous négocions la candidature à la mairie de Valence. C'est vraiment très dur."

Joan Ribo, l'actuel Maire de Valence et successeur de Rita Barbera en 2015, a déclaré sur les réseaux sociaux : "Je voulais exprimer mes condoléances à la famille de Rita Barberá, part indestructible de notre ville. REP (Repose en paix)"

Ximo Puig, Président de la Generalitat Valenciana et secrétaire general du PSPV-PSOE a quant à lui partager sa peine sur facebook : "Je veux passer mon amour et monaffection à la famille de Rita Barberá. Je regrette la perte de celle qui a travaillé 24 ans pour la ville de Valence. "

Isabel Bonig, Présidente du PP de la Communitat Valenciana a exprimé sa tristesse : "Une référence politique nous quitte, ainsi que la meilleure maire de Valencia. Aujourd'hui est un jour triste, et la ville de Valencia est en deuil."

Rafael Catala, Ministre de la justice, a visé les détracteurs de Barbera : "Chacun aura sur sa conscience ce qu'il a dit sur Rita Barbera [?] les infamies qui lui ont été attribuées sans justifications et preuves. Elle a travaillé de nombreuses années pour l'intérêt général et pour le service public [?] pour autant je suis extrêmement navré qu'elle ait eu ces derniers mois, autant de critiques injustifiées. J'ai toujours parlé de présomption d'innocence."

Seuls les députés de Podemos ont refusé de prendre part à la minute de silence comme l'a expliqué Pablo Iglesias : "Nous présentons nos condoléances à la famille et aux proches de rita Barbera, mais une minute de silence est un hommage posthume, et nous n'allons pas participer à l'hommage d'une personne dont la trajectoire a été marquée par la corruption."

Une femme tout autant aimée que détestée
Sur les réseaux sociaux, le clivage est flagrant chez les Valenciens. D'un côté, il y a ceux qui la regrettent, qui expriment leurs tristesses et leurs désarrois quant à la perte de cette femme qui a permis le développement et la renommée de Valence. De l'autre, il y a ceux qui ne gardent que l'aspect corrompu et mégalomane de cette femme au caractère extrêmement fort.

Une chose est sûre, Rita Barbera emporte dans sa mort bien des secrets concernant la ville de Valence et le fonctionnement du PP qui ne seront peut-être jamais éclaircis.

La Rédaction (lepetitjournal.com/valence) Mercredi 23 novembre 2016
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Publié le 23 novembre 2016, mis à jour le 24 novembre 2016
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