Selwa Ben Saïd, artiste peintre, nous a guidés dans son quartier de Tourbet El Bey, dans la Medina, afin de nous faire découvrir artisans et trésors d'architecture, aux détours des ruelles
Nous commençons par une très belle porte jaune, très symbolique de la tolérance tunisienne : en effet, le double battant entièrement clouté comporte les signes des trois religions monothéistes : le croissant, la croix, l'étoile de David.
Les trésors d'architecture
A quelques pas, le très beau mausolée Tourbet El Bey, dernière demeure des souverains de la dynastie des Husseinites ; certains n'y figurent pas comme ses deux derniers représentants, Moncef Bey et Lamine Bey, inhumés respectivement dans le cimetière du Djellaz de Tunis et dans un cimetière de La Marsa. Ce monument funéraire construit sous le règne d'Ali II Bey (1759-1782) est le plus vaste de Tunis. Il se trouve au numéro 62 de la rue Tourbet El Bey.
La mosquée El Ksar est située à la périphérie de la médina de Tunis, dans le quartier de Bab Menara. Elle fut une mosquée royale qui dépendait d'un château, situé à l'emplacement actuel du Dar Hussein, la demeure des souverains khourassanides. L'ensemble a été bâti très probablement sous le règne d'Ahmed Ibn Kourassane (1100-1128).
Un peu plus loin l'école pour autistes attenante à la Mosquée des Teinturiers, proche de Dar Othman.
Tout en haut de la rue Tourbet El Bey et près de la mosquée Zitouna, nous avons pu admirer l'intérieur d'une ancienne demeure, Dar Hussein, devenue Institut du patrimoine.
Les heurtoirs
Quand vous visiterez la Medina, regardez bien les heurtoirs des portes. Ce n'est pas un hasard s'ils vont généralement par paire, et s'ils ne sont jamais alignés (sauf sur les portes neuves). En effet, les heurtoirs étant décalés, ils ne produisent pas le même son :c'est ainsi qu'autrefois, on savait si un homme frappait à la porte, et dans ce cas, c'était à un homme de la maison d'aller lui ouvrir. Même règle pour les femmes bien sûr.
Les artisans
La Medina a su conserver ses anciens métiers. Niché derrière une arcade, un tisserand de la soie. Son atelier est un véritable enchantement :bobines multicolores et brillantes, métiers à tisser ancestraux,poulies anciennes, écharpes et étoffes ....
Autre curiosité, une petite bijouterie où l'on roule à la main des petites olives et des perles de "pâte d'ambre" parfumée, qui serviront à la décoration d'oliviers en argent où de sautoirs.
Pour finir, visite chez le parfumeur et ses mille flacons de fragrances, et chez le marteleur, qui fabrique aussi bien des plateaux en argent repoussé ou en aluminium, que des receptacles sculptés, plaqués or, dans lesquels on glissait autrefois le contrat de mariage, et qui servent aujourd'hui à fabriquer de magnifiques pendentifs pour les colliers néo-traditionnels.
Bab Jdid, la sixième porte de Tunis
Nous finirons notre visite avec Bab Jdid. Percée dans les remparts de la médina en 1278, sous le règne du souverain hafside Abû Zakariyâ Yahyâ al-Wâthiq (1277-1279), c'est tout naturellement qu'elle est nommée Bab jdid (Porte Neuve). Ouvrant sur la rue du même nom, elle est aussi connue sous le nom de "Porte des Forgerons". Le quartier du même nom est connu pour abriter le siège du Club africain. Majestueuse, cette porte est malheureusement aujourd'hui mal entretenue et "taguée".
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Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) mardi 9 février 2016