Leïla Menchari est décédée le 4 avril des suites du covid19. Elle avait 93 ans. Longtemps directrice artistique de la célèbre maison de luxe Hermès, les photos de ses décors ont fait le tour du monde, et ont contribué au rayonnement de l'artisanat tunisien le plus raffiné et le plus authentique
crédits photos : L. Menchari
Leïla Menchari, mettait ses rêves et son goût inné du voyage au service des vitrines Hermès, en créant un univers fantastique où se croisent l'Orient et l'Occident, mêlant au luxe de la marque, les couleurs vives des tissages et broderies tunisiens, les matières précieuses de l'orient tels que l'or, l'argent, la soie et le cachemire.
Leïla est née près d'Hammamet en 1927. Son père est avocat et sa mère greffière de justice. Sa mère fut l'une des premières femmes à refuser de porter le voile en ce début de XXe siècle. Leïla est un véritable garçon manqué qui n'aime pas l'école. Pendant les vacances, elle aime à s'égarer dans les jardins et les ruelles alentours, jusqu'au jour où elle découvre un jardin incroyable, regorgeant de paons et de plantes luxuriantes, appartenant à Violet et Jean Henson, une Anglaise et un Américain passionnés d'archéologie et d'histoire. Ils se prennent d'amitié pour la petite Leïla qui n'a que 10 ans, mais n'aura de cesse de revenir dans cette maison magique où se croisent Luchino Visconti, Jean Cocteau, Diego Giacometti, Serge Lifar... Elle y apprendra l'esthétisme, la liberté, l'intelligence ...
A leur mort, Violet et Jean lèguent leur maison à leur "fille adoptive" . Depuis, Leïla Menchari retrouve régulièrement son jardin extraordinaire où elle reçoit Frédéric Mitterrand, Azzedine Alaïa, le prince Albert de Monaco... entre autres.
Diplômée des Beaux-Arts de Tunis, elle est admise à Paris à l'école nationale supérieure des beaux-arts, en section peinture à l'atelier Chaplain Midy, et en gravure chez Goergh. Sa passion pour les étoffes et les accessoires, ainsi que son amitié pour Azzedine Alaïa lui font côtoyer le milieu de la couture. Guy Laroche l'engage comme mannequin à sa sortie des Beaux-Arts, puis un jour de 1961, elle frappe à la porte d'Hermès, carton à dessins sous le bras, pour tenter de séduire Annie Beaumel, créatrice des vitrines de l'enseigne de luxe, Ce sera le début d'une grande carrière qui n'est pas encore terminée. Elle fait également partie des comités de coloration de la soie, de création des Cristalleries Saint-Louis et de l'orfèvrerie Puiforcat.
Leïla Menchari a présenté, entre 1978 et 2013, quatre décors par an dans les vitrines Hermès. Elle déclinait au rythme des
En 2010, l'Institut du monde arabe lui consacre une magnifique exposition : Orient Hermès.
En 2017, c'est Hermès qui lui consacre une importante exposition centrée sur le travail de la décoratrice, intitulée "Hermès à tire-d'aile ? Les mondes de Leïla Menchari"
"J'ai bâti un pont entre les deux rives de la Méditerranée, et la beauté des vitrines vient, en partie, des souvenirs ancrés au fond de moi-même" expliquera-t-elle lors d'une interview.
Elle était très attachée à la Tunisie où elle passait une partie de l'année dans son jardin du Golfe de Hammamet, et arborait presque toujours une rihanna, collier traditionnel tunisien.
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