AGRICULTURE - L'ATAE organise des ateliers de taille d'oliviers

L'ATAE - Association Tunisienne d'Agriculture Environnementale, partenaire de l'Association Abel Granier pour la formation à l'agriculture environnementale (une ONG internationale), a organisé ce mois de février des ateliers de taille d'oliviers afin d'initier à la gestion organique de ces arbres mythiques

Il s'agit d'améliorer la production d'olives et d'assurer la continuité de cette culture arboricole si importante pour la Tunisie. Un certain nombre de coutumes relativement récentes dans l'histoire de l'agriculture tunisienne conduit à pratiquer périodiquement des tailles dites « sévères » censées restituer leur jeunesse aux oliviers ainsi traités.

En effet, ces coupes chirurgicales interviennent pour « remédier » à la perte effective de productivité des arbres de plus de 50 ans. Toutefois, cette méthode perturbe profondément la vie biologique de l'arbre, ne tenant aucun compte des caractéristiques qui font de l'olivier un arbre fruitier résistant, adapté aux zones arides ou semi arides :

L'Olivier est un arbre à métabolisme très lent et qui stocke de grandes réserves pour plusieurs années :
? La taille sévère le prive de toutes ces réserves contenues dans les tissus des branches. L'arbre est alors obligé d'user de celles contenues dans le tronc même, le réduisant à la survie, donc à une faible fructification, voire un arrêt total de production.
? C'est pourquoi, ensuite des oliviers creux et « improductifs » sont arrachés et remplacés par des fruitiers (pommiers, poiriers...) bien plus couteux en irrigation et en pesticides.

En réalité, la perte de productivité de cet arbre tient au fait qu'il a exploré tout le terrain de

plantation et ne trouve plus ses nutriments dans la partie du sol qu'il occupe : Un oléiculteur doit savoir que l'olivier absorbe mal ou très lentement les fertilisations chimiques : un apport de potasse, d'azote ou d'acide phosphorique en février ne pourra commencer à être assimiler qu'au mois de décembre suivant au mieux. Par contre, l'olivier reçoit très rapidement toute fumure organique ou azotée au travers d'une autre culture faite en intercalaire.

C'est pourquoi, la solution de toute difficulté de productivité d'une oliveraie passe d'abord par des cultures de légumineuses (luzerne, féveroles, pois, vesces..).

Ces cultures rénovantes et nourricières constituent la 1ère étape pour la gestion d'une oliveraie.

Ensuite, et en 2ème étape, l'olivier, comme tout fruitier à noyau, doit être taillé en tenant compte de sa vie biologique, essentiellement de la nature et de la position des branches : les unes portant les réserves qui alimenteront les fructifications sur plusieurs années et les autres qui vont assurer la floraison et la récolte de l'année qui suit la taille.

Un arbre bien taillé par un véritable maître tailleur donne une récolte chaque année, avec une alternance réduite Même en zone semi aride

Cette taille doit être adaptée au développement végétal de chaque arbre

Un atelier a donc été tenu le 8 février à Tebourba dans un oliveraie en réhabilitation avec l'assistance d'un maître tailleur compétent qui a bien voulu communiquer son savoir à des volontaires :

Les principes d'abord :
1) bien réfléchir avant chaque action
2) Élaguer tout rejet sur le tronc et tout départ à la base des jeunes branches, Supprimer tout rameau qui croise ou frotte contre un autre

Ensuite, certains se sont lancés à leur tour dans l'action : l'occasion de débat, discussions et échanges d'expériences évidemment. La pause café ? tabouna (avec dégustation d'huile d'olives) a permis d'autres échanges, telle la présentation d'une planteuse artisanale de pommes de terre entièrement réalisée par un voisin mécanicien génial.

Un deuxième atelier de taille s'est tenu à la Ferme Thérapeutique pour Handicapés de Sidi Thabet le samedi 16 février.

May Granier (www.lepetitjournal.com/tunis) mardi 18 février 2014