Le pèlerinage de la Ghriba, sur l'île de Djerba, se déroulera du 24 au 26 mai 2024. Il se limitera aux rites religieux, compte tenu du contexte international, ainsi qu’après l’attaque de l’an dernier qui y a fait cinq morts, ont fait savoir ses organisateurs.
Près de 8000 visiteurs ont fait le pèlerinage en 2023, contre 3000 à 6000 les années précédentes.
Ce pèlerinage débute traditionnellement au 33e jour de la Pâque juive, à la Ghriba, dont l'origine remonterait à la destruction à Jérusalem du temple de Salomon. Des juifs, fuyant la Palestine, se réfugièrent à Djerba et y établirent leur synagogue en 586 avant JC.
Pendant ce rite ancestral, les pèlerins prient, allument des cierges et déposent des oeufs barrés de voeux dans une cavité au fond de la synagogue.
Ils portent ensuite la "Menara", un objet de culte monté sur un tricycle et décoré de foulards auparavant vendus aux enchères dans une ambiance de kermesse, lors d'une courte procession.
Le comité d’organisation du pèlerinage qui se tient sur le plus vieux lieu de culte juif d’Afrique, a salué les efforts déployés par les autorités pour garantir les meilleures conditions à la tenue de cet événement religieux, soulignant que “la Tunisie et Djerba resteront des terres de tolérance, de coexistence et de paix"
Un pèlerinage sous haute surveillance
Suspendu en 2011 en raison de la révolution, le pèlerinage a eu lieu en 2012 sous haute surveillance, et les années suivantes dans un climat plus serein.
Cependant, à l'approche du pèlerinage 2016 de la Ghriba, Israël avait lancé un sévère avertissement à ses ressortissants ainsi qu'aux Juifs souhaitant se rendre en Tunisie.
"Des élements terroristes, à l'écoute des réseaux djihadistes internationaux, continuent d'agir en Tunisie et tentent de perpétrer des attentats. C'est la raison pour laquelle le niveau de la menace d'attentats contre des cibles juives est très élevée"
Un attentat marquant
Le 11 avril 2002, un kamikaze faisait exploser un camion citerne devant la synagogue, tuant 21 personnes dont 14 touristes allemands et deux Français. L'attentat revendiqué par Al-Qaïda avait eu des retombées dramatiques sur le tourisme. Il a eu pour effet le départ de nombreux juifs pour l'Europe, les Etats Unis ou Israel. La petite communauté juive tunisienne représente seulement 1.500 personnes dont un millier à Djerba contre 100.000 à l'indépendance en 1956.
Jusqu'à 8.000 personnes participaient aux processions avant cette attaque, et si le pèlerinage a été maintenu les années suivantes, l'affluence avait fortement baissé avant de se relever peu à peu.
En 2012, Moncef Marzouki s'était rendu à Djerba pour commémorer pour la première fois en Tunisie le 10e anniversaire de l'attentat contre la synagogue, un geste très apprécié par la communauté juive.
En 2013, l'ambassadeur de France a participé symboliquement au pèlerinage juif de la Ghriba, à Djerba. Aux côtés du ministre du Tourisme Jamel Gamra et du Grand Rabbin de Tunisie Haïm Bitan, François Gouyette s'est joint à la procession rituelle finale, moment fort du cérémonial.
En 2016, Le pèlerinage a démarré en présence notamment de l'ambassadeur de France François Gouyette, des ministres du Tourisme Selma Elloumi-Rekik, de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine Sonia Mbarek et des Affaires religieuses Mohamed Khalil, ainsi que de plusieurs députés, notamment Abdelfattah Mourou (Ennahdha), vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et Abdelaziz Kotti et Ons Hattab (Nidaa Tounes).
En 2017 et 2018, l'ambassadeur de France Olivier Poivre d'Arvor s'est également rendu au pèlerinage.
Les années suivantes, c'est le nouvel ambassadeur, André Parant, qui y a participé, excepté en 2020, le pèlerinage ayant été annulé en raison du COVID-19.