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Voyager au Japon pendant le corona : stupeur et incohérences

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Écrit par Isabelle Despert
Publié le 15 mars 2022, mis à jour le 15 mars 2022

Les conditions d’arrivée au Japon ont évolué depuis le 3 mars 2022, mais beaucoup se rappellent des difficultés éprouvées pour regagner le pays il y a encore quelques semaines.
Si le Japon a pour l’instant retiré la France de la liste des pays devant faire l’objet de mesures spécifiques, Isabelle Despert se souvient des nombreuses étapes administratives et absurdités auxquelles elle a dû faire face pour rentrer au Japon.

Retrouvez à la fin de ce témoignage les nouvelles conditions pour entrer sur le territoire japonais depuis le 3 mars (communiquées par l’ambassade de France).

 

 Voyage en temps de corona, le témoignage d’une Française résidant au Japon

 

3 décembre 2021

Courriel de l’ambassade de France adressé aux Français. es de l’étranger :

« À compter du samedi 4 décembre 2021 à 0 h, toute personne de douze ans ou plus, vaccinée ou non, souhaitant se rendre du Japon en France doit être munie du résultat d’un test PCR ou antigénique négatif réalisé moins de 48 heures avant le départ et être munie d’un engagement sur l’honneur attestant qu’elle accepte qu’un test ou un examen biologique de dépistage virologique de détection du SARS-CoV-2 puisse être réalisé à son arrivée. »

Le 2 décembre 2021, au Japon, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 était de 113 personnes pour une moyenne de 97 cas sur les sept jours précédents. L’Union européenne comptait plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas chaque jour, mais les résidents européens étaient dispensés de test pour entrer en France…

Nous devons partir le 16 décembre pour passer les fêtes de fin d’année en famille. Dans notre ville au sud de Tokyo, un test PCR avec les résultats en anglais coûte 22 000 yens. Nous sommes deux à partir.

On peut les faire à l’aéroport de Haneda pour beaucoup moins cher, mais il n’y a pas de traduction.

Je demande à l’ambassade de France si le résultat des tests doit être traduit. L’ambassade me répond que oui : « La Police aux Frontières n’étant pas en mesure de lire un document en japonais. » Oui, effectivement, cela coule de source…

Nous finissons par trouver, à une demi-heure de train de chez nous, des tests à 15 000 yens. Donc, à deux, 30 000 yens pour obtenir le papier en anglais.

Les résultats, négatifs, nous arrivent le soir même par courriel. Nous nous empressons d’imprimer ce sésame ainsi que le formulaire d’engagement sur l’honneur, également obligatoire pour toute entrée sur le territoire français. Par mesure de prudence (ou un brin paranos ?), nous imprimons chaque document en double. Nous y ajoutons deux copies de notre « Passeport vaccinal » en japonais avec la traduction en anglais obtenu (gratuitement) lors de notre seconde injection du vaccin Pfizer et deux copies de notre passe vaccinal français obtenu en ligne.

 

Le jour du départ

Nous voici bardées de documents, consciencieusement rangés dans une chemise en plastique.

Comptoir d’Air France à Haneda : l’enregistrement des passagers se fait à des bornes. Nous imprimons donc nos cartes d’embarquement puis c’est également à nous (il n’y a presque pas de comptoirs d’ouverts, Covid oblige ?) d’imprimer nous-mêmes nos étiquettes bagages, de les coller à nos poignées de valise et de mettre ces dernières dans le dépose bagages. Nous demandons un peu d’aide pour les bagages à une employée Air France qui ne nous demande pas si nous avons fait un test PCR.

Même chose à la salle d’embarquement où, comme d’habitude, nous présentons passeports et cartes d’embarquement avant de monter dans l’avion. Seules les personnes ayant un masque en tissu se font rappeler à l’ordre. Nous embarquons ainsi, sans que personne ne nous ait demandé de montrer notre preuve de test négatif si chèrement obtenu.

 

Arrivée à Roissy

Ma fille, un peu stressée, sort immédiatement notre épais dossier prouvant que nous sommes non seulement vaccinées, mais aussi testées négatives. Je lui dis que ce n’est pas la peine qu’elle le tienne à la main le long de ces interminables couloirs (nous avons une correspondance), qu’elle aura bien le temps de le sortir le moment venu.

Et ce moment arrive : nous voici au comptoir du contrôle des passeports. Chacune de nous d’eux présente son passeport à un comptoir différent, prête à dégainer ses documents… le contrôle fait, nous nous entendons dire un « Merci, au revoir » comme d’habitude.

Il semblerait que la Police aux Frontières ne soit pas en mesure de lire un document exigé par l’État français…

L’incrédulité et un certain agacement m’envahissent. Nous n’avons quand même pas dépensé environ 250 euros, plus le temps perdu, pour rien ?

Nouveau comptoir d’embarquement pour notre vol vers une ville française. Cette fois-ci, on nous demande nos passes sanitaires. À l’arrivée, puisque nous venons de Paris, aucun contrôle. Nous pouvons donc mettre nos papiers de 15 000 yens chacun à la poubelle !

 

Deuxième petit voyage : un court séjour en Sicile.

Le taux de personnes vaccinées en Sicile étant le plus bas d’Italie, les mesures d’entrée sont strictes : tests antigéniques au maximum 72 heures avant l’arrivée et test à l’aéroport d’arrivée.

Nous partons le dimanche 26 décembre, le 25 étant férié, nous ne pouvons pas faire de test à 25 euros, il faudra le faire le jour du départ à l’aéroport à 40 euros par personne.

 

Cette fois, lors de notre enregistrement, l’employé de la Lufthansa nous demande de lui montrer notre passe sanitaire et nos résultats de test. Cela fait presque plaisir !

Arrivées à l’aéroport de Catane, en Sicile, nous brandissons nos tests négatifs, mais les employés n’y jettent même pas un coup d’œil, ils nous envoient directement faire la queue pour en faire un nouveau (gratuit).

Munies du pass sanitaire, de nos deux résultats de tests négatifs, nous pouvons enfin aller à notre guise.

 

Retour au Japon : les conditions d’entrée se sont durcies. Test PCR avant le départ, test PCR à l’arrivée, six jours de quarantaines dans un hôtel (le jour d’arrivée ne compte pas) plus huit jours à la maison avec interdiction de sortir.

Nous refaisons un test PCR avant notre départ (35 euros par personne) et cette fois-ci, au comptoir d’Air France, ça ne rigole pas ! On nous demande de montrer nos résultats de test PCR, nos preuves de vaccination et des papiers exigés par les autorités japonaises qu’il fallait imprimer et remplir avant le départ.

 

Arrivée à l’aéroport de Narita à 10 heures du matin après 11 h 30 de vol et quelques petites heures de sommeil. À l’atterrissage, on annonce que les passagers à destination du Japon (la plupart étaient des Néo-Calédoniens en transit) doivent débarquer d’abord. Il ne reste qu’une vingtaine de personnes, trente au plus. On nous fait tout de suite asseoir les uns derrière les autres et là, il faut sortir passeport, résultats des tests, preuve de vaccination et autres documents.

Après un certain temps, on nous dirige, petit groupe par petit groupe, à travers des couloirs jalonnés de « postes de contrôle ». À chaque fois, il faut montrer patte blanche : le passeport et les divers documents requis, ces derniers s’accumulant à chaque passage.

Nous arrivons enfin dans une petite cabine où nous sommes soumis à un test salivaire. Puis, on nous explique comment installer l’appli qui permettra de nous localiser et de nous contacter tout au long de la quarantaine.

Après avoir encore franchi un ou deux autres contrôles de papiers, nous pouvons enfin (toutes ces paperasseries et ces mesures auront pris deux heures environ) nous asseoir dans ce qui est en temps normal une salle d’embarquement, mais qui est fermée et nous est entièrement réservé.

 

Malgré le peu de gens et le grand nombre de sièges libres, un seul siège sépare les passagers les uns des autres et nous sommes presque les uns en face des autres. Tant de contrôles pour si peu de précautions, cela dépasse l’entendement ! Surtout que nous restons ainsi encore deux bonnes heures, les uns assis tout proche des autres, avant d’obtenir le résultat de nos tests. Entre-temps, on nous distribue une bouteille d’eau et un snack.

Au bout de deux autres bonnes heures, nous recevons les résultats de nos tests et nous repartons en groupe à un autre comptoir où on nous attribue une chambre d’hôtel. On peut choisir entre fumeur ou non-fumeur, entre des repas japonais, végan ou halal. Puis, nous pouvons enfin nous diriger jusqu’au comptoir du contrôle des frontières. Nous sommes « libres » d’aller chercher nos bagages et de passer la douane où on nous interroge comme d’habitude (je m’attendais à un peu plus de clémence) : « D’où venez-vous ? qu’avez-vous dans vos bagages ? Etc. » Va-t-on nous laisser bientôt tranquilles ?

Nous sortons enfin pour retrouver le groupe. Là, nous poirotons debout une bonne petite demi-heure à attendre les bus.

 

L’hôtel

Arrivée à l’hôtel une vingtaine de minutes après. On nous attribue nos chambres, nous pouvons choisir entre une chambre pour une personne ou deux. Nous avons droit à un bento. L’hôtel est du type « business hôtel ». Confortable et avec une chambre aux dimensions correctes et surtout une fenêtre que l’on peut entrouvrir.

La vie à l’hôtel sera rythmée par le service des repas, dûment annoncé avant leur distribution et une fois distribués. Des bentos toujours froids que l’on doit prendre juste à côté de notre porte de chambre, masque sur le museau. Impossible de s’échapper de l’hôtel et pourtant, les six jours qui suivront notre arrivée, nous devrons répondre à des appels vidéo (deux par jour à n’importe quelle heure) et être filmées pendant 30 secondes, cliquer plusieurs fois par jour sur « Je suis là », indiquer notre température chaque matin et rapporter notre condition physique dans la journée. Mêmes mesures une fois en quarantaine à la maison.

Les troisième et sixième jours, nous devrons refaire un test PCR.

Sept jours après notre arrivée, le jour de notre départ de l’hôtel, nous apprenons avec joie que la quarantaine de 14 jours passe à 10 jours.

Notre libération approche…


Ce voyage mémorable en quelques chiffres :

Nombre de tests PCR en 5 semaines : 7

Nombre de tests PCR en 7 jours (arrivée au Japon et séjour à l’hôtel) : 3

Coût total par personne des tests PCR pour entrer en France, en Italie et au Japon : environ 200 euros

Heures d’attente à l’aéroport de Narita : 5 h 30

tous masqués

Nouvelles conditions d’entrée sur le territoire japonais en mars 2022 

Mesures communiquées par mail par l’ambassade de France au japon en ce début mars 2022 :

Les mesures sanitaires suivantes s’appliquent désormais pour les voyageurs entrant sur le territoire japonais en provenance de France (cf. site du ministère des Affaires étrangères du Japon https://www.mofa.go.jp/ca/fna/page4e_001053.html) :

 

1/ présenter le résultat d’un test PCR négatif réalisé moins de 72 heures avant le vol et certifié par un médecin selon un modèle de certificat spécifique (https://www.mofa.go.jp/files/100177974.pdf). Seul le modèle d’attestation proposé par le ministère japonais de la Santé doit être utilisé. Les enfants de moins de 6 ans ne sont pas soumis à l’obligation de test.

2/ se soumettre à un test salivaire à l’arrivée à l’aéroport.

2-1/ en cas de résultat négatif du test, selon le statut vaccinal :

 

- les personnes justifiant d’un schéma vaccinal complet (3 doses – le Japon ne reconnaît que les vaccins Pfizer et Moderna pour la 3e dose dite booster) seront exemptées de toute période de quarantaine ;

 

- les personnes ne justifiant pas d’un schéma vaccinal considéré comme complet par les autorités japonaises devront effectuer une quarantaine de 7 jours dans le lieu de leur choix (hôtel ou domicile le cas échéant – l’utilisation des transports publics pour rejoindre le lieu d’isolement, impérativement dans les 24 heures suivant l’arrivée sur le territoire japonais, est autorisée). Cette période de quarantaine pourra être réduite à 3 jours pour les personnes justifiant d’un test négatif le 3e jour suivant leur arrivée sur le territoire japonais. Ces personnes devront par ailleurs installer une application de géolocalisation sur leur téléphone afin de répondre aux interrogations des autorités japonaises sur leur état de santé durant la quarantaine.

 

2-2/ en cas de résultat positif du test, les personnes devront s’isoler pour une durée minimale de 7 jours dans le lieu de leur choix et justifier d’un test négatif le 7e jour afin de pouvoir rompre leur isolement. Ces personnes devront par ailleurs installer une application de géolocalisation sur leur téléphone afin de répondre aux interrogations des autorités japonaises sur leur état de santé durant la quarantaine.

 

À noter que les conditions décrites ci-dessous sont celles applicables à l’heure actuelle, mais qu’elles sont susceptibles d’évoluer en fonction des décisions prises par les autorités japonaises. Les sites de l’Ambassade sont tenus à jour et vous pouvez continuer de vous y rapporter utilement.

 

 

Merci à Isabelle pour son témoignage qui reflète les difficultés éprouvées par les Français résidants au Japon entre 2021 et 2022.

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