MACHINE LOVE : à la croisée de l'art contemporain, du jeu vidéo et de l'IA

Explorations en terre numérique

Le parcours invite le visiteur à explorer des thèmes universels comme l'éthique, la crise environnementale, l'interprétation historique, la diversité, etc., mais aussi et surtout, la relation entre artistes et technologies.

Cette alliance n’est pas nouvelle. Au début des années 60, les premières œuvres visuelles réalisées par ordinateur en utilisant la programmation algorithmique voient le jour. Des pionniers comme Frieder Nake ou Georg Nees participent alors à un courant artistique encore balbutiant nommé “art informatique” ou “computer art”.

Aujourd’hui, alors que les frontières se brouillent de plus en plus entre vie réelle et identité en ligne, entre images/vidéos naturelles et retouchées, voire totalement manipulées, l’art numérique est plus que jamais d’actualité. Il permet non seulement une réflexion sur notre rapport à la technologie et son impact sur nos vies, mais aussi une remise en question de nos perceptions et de notre réalité.

Faut-il opposer Homme et Machine ?

Quand il est question d’art, on continue de dresser une opposition entre l’Homme et la Machine, tout comme on oppose fréquemment l’artisanat à la production industrielle en usine. L’utilisation du numérique et de l’IA  est-elle incompatible avec les attentes que l’on place dans le travail d’un artiste ? 

Toute l’exposition confirme au contraire que le numérique ne peut être relégué au rang de support de divertissement, mais qu'il peut être un véritable médium artistique.

Le jeu vidéo, notamment, souffre toujours en 2025 d’une méconnaissance du grand public (plus encore que la bande dessinée). Une ignorance flagrante en France, quand on constate qu’un chroniqueur peut déclarer sur un plateau de télévision: «J’appelle tout adulte de plus de 25 ans qui joue à ça un demeuré. Je n’ai aucun respect pour les adultes qui jouent aux jeux vidéo».
Il est donc rafraichissant de trouver au sein de MACHINE LOVE, une partie consacrée au jeu vidéo indépendant. Elle offre des interactions enrichissantes, à la fois entre IA et visiteur, mais également entre les visiteurs eux-mêmes. Vous pourrez y expérimenter, manette en main, une version jouable de Delivery Dancer’s Sphere, œuvre de Kim Ayoung. Vous y incarnez une livreuse se déplaçant dans un Séoul imaginaire, effectuant des livraisons sans fin sous le contrôle d'un algorithme maître appelé Dancemaster.

Passé cet espace, l’exposition vous propose des immersions plus contemplatives sur la spiritualité, la biologie ou encore l’écologie en suivant par exemple l’artiste Lu Yang, sous la forme de son avatar DOKU ou en découvrant la Time Engine de Adrian Villar Rojas.

En fin de parcours, une impressionnante infographie vous attend. Réalisée par la chercheuse en IA Kate Crawford, en collaboration avec Vladan Joler (chercheur et artiste dans le domaine des technologies de l'information et de la communication), Calculating Empires : A Genealogy of Technology and Power Since 1500, retrace la relation entre la technologie et le pouvoir depuis le XVIe siècle.

Elle explore l’impact de la technologie sur l’évolution de l’humanité, en retraçant son influence à travers plus de 500 ans d’histoire et nous incite à réfléchir aux transformations mondiales contemporaines.

L’IA, plus créative que l’Homme ? 

C’est aussi une question que l’on peut se poser en parcourant ce labyrinthe d’œuvres coconstruites en collaboration avec l’intelligence artificielle. Cette dernière a-t-elle dépassé l’être humain en termes de créativité ? 

On peut admirer la prouesse des IA génératives qui excellent dans l'analyse de vastes quantités de données, dans l'identification rapide de motifs qui échapperaient sans doute à nos yeux et dans la génération de nouvelles combinaisons d'éléments préexistants. Cependant, cette “créativité” des l'IA s'appuie sur des données et des créations humaines et manque de l'expérience vécue et de l'intuition qui caractérisent la créativité purement humaine. C’est du moins, ce que l’on peut se rassurer à penser.

Pour vous faire votre propre opinion, rendez-vous au Mori Art Museum avant le 8 juin.

Informations pratiques

Où: Au Mori Art Museum, Roppongi Hills

Quand :  Jusqu’au 8 juin 2025, tous les jours de 10h à 22h, exceptés les mardis (fermeture à 17h)

Les billets sont disponibles à l'achat en ligne. Des billets combinés avec audio guide sont également proposés.