Édition internationale

La Sainte-Victoire à l’encre du Japon

Avec ses 36 vues d’un même sommet, Yuka Matsui fait dialoguer Hokusai et Cézanne, calligraphie et paysage, geste ancestral et liberté contemporaine. Une exposition comme un pont entre deux cultures, portée par une artiste qui trace bien plus que des traits d’encre.

Vernissage de Yuka Matsui (couverture) - @achillefranchetVernissage de Yuka Matsui (couverture) - @achillefranchet
Écrit par Lepetitjournal Tokyo
Publié le 27 juin 2025, mis à jour le 4 juillet 2025

Un parcours entre France et Japon

Dans le monde de la calligraphie depuis ses 6 ans, Yuka Matsui reprend le flambeau de son grand-père, un ancien calligraphe passionné. Elle obtiendra son diplôme de professeur de calligraphie après 18 années à maîtriser cet art. Elle rejoindra alors l’Hexagone et rompra avec la vision traditionnelle japonaise de la calligraphie.

Son arrivée en France lui permettra de trouver une certaine liberté artistique qu’elle ne retrouvait pas au Japon. Elle qualifiera d’ailleurs la calligraphie japonaise comme “l’apprentissage d’un savoir-faire, comme celui d’un artisan” . Yuka Matsui étudiera le français pendant un an à Annecy et Aix-en-Provence et profitera de cette année en Europe pour visiter le continent et rencontrer de nombreux artistes qui l’ont inspirée. Après son séjour en France, elle retourne à Tokyo et fonde l’Atelier Shodô dans lequel elle enseigne son art depuis maintenant 15 ans .

Art qui s’est désormais ouvert à plus que la simple calligraphie, Yuka Matsui s’est aussi essayée à la sérigraphie et à la lithographie. Elle mêlera d’ailleurs la calligraphie au Shôji, des cadres de bois servant de cloison dans les maisons traditionnelles japonaises, pour y présenter ses œuvres, comme celles des “trente-six vues du Mont Saint Clair” et des “trente-six vues de la montagne Sainte-Victoire”. Son lien avec la France ne s’arrêtera pas là, car elle collaborera même avec Matthieu Séguéla à plusieurs reprises et travaillera avec différentes institutions françaises comme la Fondation Maeght ou le château de Versailles.

 

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© Achille Franchet

 

Un alliage d’influences

Pour cette nouvelle exposition, Yuka Matsui puise dans un double héritage artistique. D’un côté, l’ombre de Hokusai plane clairement sur son travail : la série Les Trente-Six vues du mont Fuji a marqué durablement son approche, notamment dans la manière d’explorer un même sujet sous plusieurs angles, à travers les saisons, la lumière, le mouvement. De l’autre, impossible d’ignorer le lien avec Paul Cézanne, figure incontournable de la Sainte-Victoire, qu’il a peinte près de 80 fois. Si Matsui ne cherche pas à l’imiter, elle s’inscrit dans cette même logique de variation et d’observation patiente.

Mais l’artiste nous a également évoqué d’autres inspirations : « Le format shōji [ces cloisons traditionnelles japonaises faites de papier et de bois] m’a été grandement inspirée par Montbriand », dont les compositions géométriques, souvent fragmentées en carrés ou en panneaux, ont influencé la forme même de cette exposition.

Ces cloisons traditionnelles japonaises faites de papier et de bois nous rappellent ainsi à la fois les découpages de Montbriand et les jeux d’ombre et de lumière propres à l’esthétique japonaise. Un parcours entre deux cultures, que l’artiste ne cesse de fairevaloir dans son travail.

 

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© Achille Franchet


 

Trente-six regards sur la montagne

Véritable coup de foudre avec le mont Sainte-Victoire, Yuka Matsui y a vu le reflet du mont Fuji lors de son premier passage en France durant ses études. Quinze ans plus tard, elle le met à l’honneur, ici, dans les Galeries Nagai de Ginza, sous 36 vues et formes différentes.

En effet, elle laisse place à son imagination et ses émotions pour représenter le mont Sainte-Victoire de plusieurs façons différentes. En alternant calligraphie et peinture, l’artiste joue avec ses toiles et le shoji pour donner à chaque fois un nouveau regard sur la montagne. Le modèle demeure identique, les œuvres présentées, elles, toujours uniques.

Elle dévoilera d’ailleurs, ce samedi 14 juin, toute l’étendue de sa palette artistique en offrant une performance lors du vernissage de l’exposition, alliant calligraphie, représentation scénique et travail de différents matériaux (colle, Gunjō, Sumi…).

Lorsqu'on interroge l'artiste sur le fer de lance de son exposition, elle nous répond spontanément : “ le mouvement”.

© Salem Choplin
© Salem Choplin
© Achille franchet
© Achille franchet

Yuka Matsui exposait gratuitement sa série d'œuvres “Trente-six vues de la montagne Sainte-Victoire” au Nagai Gallery dans le quartier de Ginza, à Tokyo (8-6-25 Kahoku Shinpo Building 5F Ginza Chuo-ku Tokyo) jusqu’au 26 juin 2025.

 

 

Sources :

  1. :https://ecoleartistes.com/artistes-francais-et-francophones-du-japon-yuka-matsui-calligraphe-perforeuse-et-plasticienne-tokyo-sete/?utm_source=chatgpt.com

  2. https://yukakomatsui.com/fr/

    Photo de couverture © Achille Franchet
    Article par Salem Choplin et Achille Franchet

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