En ce 8 mars, journée de rappel annuel des combats qu’il reste à mener pour le droit des femmes à travers le monde, Lepetitjournal.com a décidé de mettre en avant l’histoire d'une art-thérapeute et femme engagée : Catherine Jane Fisher.
Portrait d’une guerrière
Catherine Jane Fisher, artiste, auteure et fondatrice de Warriors Japan, est la première femme à rompre le silence au Japon après avoir été violée en 2002 par un militaire américain basé à Kanagawa. À cette époque, l’Australienne est loin d’imaginer le véritable parcours du combattant qui l’attend.
Elle est choquée par le manque de soutien aux victimes de viol au Japon et par l’absence de structures pour leur venir en aide. Pas de centres ouverts 24 heures sur 24, pas de kits de test de viol.
Alors qu’elle souffre de stress post-traumatique aigu, elle se retrouve seule face à une police japonaise non formée et peu respectueuse.
Par chance, sa famille en Australie et le consulat australien au Japon la soutiennent et lui prodiguent leurs conseils.
Son histoire, Catherine Jane Fisher la raconte dans son livre « I Am Catherine Jane ». Une façon de tourner la page ? Impossible ! Elle transforme son combat en projet de vie. Le 3 mai 2002, elle devient la principale défense des victimes de viols et de meurtres au Japon en fondant Warriors Japan et I Am Jane.
10 ans plus tard, elle obtiendra enfin justice face à son agresseur et demandera 1$ de dédommagement. Une manière pour elle de faire entendre que l'argent n'est pas ce qu'attendent les victimes.
Fortement impliquée dans de nombreuses initiatives, Catherine Jane a notamment présenté un rapport à la 38e session du Comité des Nations unies contre la torture en 2007.
L’Australienne a ainsi incité les Nations unies à formuler des recommandations au gouvernement japonais afin qu’il entreprenne des programmes de formation pour sensibiliser aux droits et aux besoins des victimes. Mais aussi qu’il mette en place des unités de police spécialisées et qu’il fournisse une meilleure protection et des soins appropriés aux victimes. Les Nations unies ont également exhorté le Japon à veiller à ce que toutes les victimes puissent demander réparation auprès des tribunaux, y compris les victimes de militaires étrangers stationnés sur des bases militaires.
En 2020, elle a été nominée pour le prix Nobel de la paix.
Coup de projecteur sur Warriors Japan
Warriors Japan vient en aide aux victimes de violences sexuelles, à leurs familles et à leurs amis, sans discrimination de race, de revenu, de religion ou d’orientation sexuelle.
Concrètement, l’organisation fondée par Catherine Jane accompagne les survivants lors des procès, leur fourni des ressources en ligne pour faire face à la situation, une assistance juridique et médicale. Elle leur offre également des conseils en groupe ou individuels.
Catherine Jane nous confie recevoir moins d’une dizaine de demandes par mois. Le tabou qui entoure le viol est encore très fort, surtout au Japon. D’ailleurs les victimes qui la contactent sont en grande majorité étrangères.
Pour vous Catherine, que signifie la Journée internationale des droits des femmes ?
À chaque Journée internationale de la femme, je me souviens de ceux qui sont venus me demander de l’aide.
Lorsque j’ai commencé à défendre les droits des personnes ici en 2002, je n’aurais jamais imaginé que je serais là où j’en suis aujourd’hui, à prendre la parole devant des organisations mondiales telles que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à recevoir des prix et à publier mes livres.
Depuis près de vingt ans, je suis de garde 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, à l’écoute des victimes de viol qui m’ont contacté. Je me souviens du nom de chaque homme, femme et enfant venus me demander de l’aide.
Chaque personne a vécu de manière différente les violences perpétrées contre elle, mais il y a une chose que tout le monde a en commun et c’est la solitude que cet évènement a provoquée.
De nombreuses victimes souffrent en silence, incapables d’élever la voix. Je suis à l’écoute de leurs expériences et j’évalue rapidement leur situation et leurs besoins immédiats. Dans de nombreux cas, je deviens leur porte-parole et je demande conseil à des experts juridiques et aux membres de notre Team Jane.
Les victimes savent qu’elles peuvent me parler de tout ce qui les préoccupe, sans craindre d’avoir honte ou d’être jugé. Elles savent également que je ne communique jamais leurs données personnelles à moins qu’elles ne m’en aient donné l’autorisation.
Même si nous avons également reçu des demandes de soutien de la part d’hommes, aujourd’hui, en cette Journée de la femme, je rends hommage aux femmes et aux enfants que j’ai eu l’honneur d’aider.
« Vous êtes aimés, votre vie compte, n’abandonnez pas ! » - message aux victimes pour briser le silence qui les entourent.
Merci à Catherine Jane Fisher pour son travail permanent pour faire évoluer les mentalités et merci à toutes les femmes qui agissent pour faire de même !