Maître incontesté de l’animation, Isao Takahata est à l’honneur depuis ce vendredi 27 juin à Tokyo. Organisée par Azabudai Hills Gallery, une exposition à l’honneur du co-créateur du Studio Ghibli a lieu dans les galeries d’art d’Azabudai Hills jusqu’au 23 septembre.


Pionnier de l’animation japonaise, la Takahata Isao Exhibition met à l’honneur le défunt réalisateur considéré ni plus ni moins comme “The man who planted japanese animation” – l’homme à l’origine de l’animation japonaise.
Né à Ise en 1935, la carrière de Takahata débute dès 1959 lorsqu’il rejoint le très célèbre studio d’animation Tōei Animation en tant qu’assistant. C’est ici qu’il rencontrera Hayao Miyazaki, avec qui il nouera une forte amitié. Il réalisera son premier court métrage en collaboration avec ce dernier, Horus, prince du soleil. Ce sera le début d’un duo qui transformera à tout jamais le monde de l’animation, en commençant par Nausicaä de la vallée du vent en 1984, jusqu’à la création de leur studio d’animation désormais cultissime : le Studio Ghibli. C’est ici qu’Isao Takahata inscrira son nom en tant que légende de l’animation en réalisant des films comme Le Tombeau des lucioles, Pompoko ou encore Le Conte de la princesse Kaguya en 2013, qui signera d’ailleurs sa dernière réalisation puisqu’il s’éteindra à Tokyo en 2018. Il décédera d’un cancer du poumon à 82 ans.
Son style humaniste et particulièrement poétique marquera toutes les générations. Talent extrêmement rare, Isao Takahata avait la capacité de toucher enfants comme adultes, marquant en chacun ce profond sentiment de nostalgie à la vue de chacune de ses réalisations. Tout au long de sa carrière, il insistera et mettra beaucoup en scène le thème du satoyama qu'il traduit comme les zones rurales semi-naturelles où les humains et la nature entretiennent des relations réciproques mais distinctes. Cette volonté artistique s'inscrit dans une majeure partie de ces réalisations et celles du Studio Ghibli en général.

A l’ouverture de cette exposition, de nombreuses personnalités japonaises sont intervenues pour exprimer leurs différents souvenirs et admirations pour Isao Takahata. Son fils aîné Kōsuke Takahata a pris la parole pour évoquer le parcours de son père et l’importance de cette exposition rétrospective, en compagnie de Kayoko Takahata, l’épouse du célèbre réalisateur. Hikari Ota, humoriste du duo Bakushō Mondai, était aussi présent en tant que “Special Guest” et n’a pas manqué de faire rire la presse en partageant ses souvenirs et son admiration pour Takahata. Shunji Iwai, réalisateur japonais, était aussi présent. Il a évoqué l’impact des œuvres et des conseils reçus par le réalisateur sur sa vie et sa carrière dans le cinéma.

L’exposition “Isao Takahata : The man who planted japanese animation” propose une plongée dans la vie et l’univers du réalisateur japonais. Immersive, intime et rétrospective, cette exposition retrace de manière chronologique, en plusieurs chapitres, la carrière de l'animateur, de ses débuts à la Tōei Animation jusqu’à son ultime œuvre, Le Conte de la princesse Kaguya. Presque pédagogique, cette exposition met en valeur la qualité des différents travaux de l’animateur, mais garde aussi une place importante sur la vie de l’homme qu’est Isao Takahata. Sa vision de l’art, les thématiques qui lui sont chères et les différentes notes qu’il a pu écrire au cours de sa carrière sont également disponibles dans la Azabudai Hills Gallery.
L’exposition se déploie donc chronologiquement, en partant de sa première réalisation, Horus, prince du soleil. On y trouve différents croquis et commentaires, notamment sur son travail d’équipe avec Miyazaki.
Les années suivantes sont consacrées à ses séries TV, notamment Heidi, dans lesquelles storyboards, extraits et photos de repérage sont affichés. Se déroulant dans les Alpes suisses, un vrai travail de recherche et de repérage a été effectué par Takahata et son équipe.

Toutes les étapes du processus créatif sont retransmises, des premiers croquis aux scènes finales affichées sur les murs, offrant une véritable immersion au visiteur. Cette immersion est également permise par l’effort de mise en scène, notamment au travers des pièces consacrées à des œuvres, nous permettant ainsi de nous replonger dans l’univers du Tombeau des lucioles (entre autres) le temps d’un passage entre 4 murs.

L’exposition retraçant la vie d’Isao Takahata, de ses premiers coups de crayon à ses plus grands succès, s’impose comme une véritable réussite. Par sa mise en scène, la qualité et la rareté des œuvres exposées – on pense notamment au sublime carnet de voyage du dessinateur – cette exposition nous plonge dans la tête et la vie d’un des plus grands génies de l’animation. Les extraits de scènes cultes projetés sur les murs, le travail de décoration minutieusement adapté à chaque pièce, la qualité des travaux exposés : tout y est.

Cette exposition est faite par les Takahata, pour Takahata, et ça se ressent. Un immense merci, une fête silencieuse qui vient célébrer plus de 60 ans de carrière, et qui revient sur les quelques chefs-d'œuvre que le réalisateur a esquissés durant celle-ci. De son entrée aux côtés de Miyazaki jusqu’au bijou d’animation projeté dans la salle finale, en passant par les espaces consacrés à Pompoko ou au Tombeau des lucioles, l’exposition a fait bien plus que réussir le pari d’une belle galerie. Elle rend hommage et sublime les œuvres d’un homme qui aura donné sa vie pour offrir du “beau” au monde – un monde invité à s'en imprégner dans les galeries d’art d’Azabudai Hills, du 27 juin au 23 septembre, en échange de 1800 円.
Article proposé par Achille Franchet et Salem Choplin
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