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3 QUESTIONS – Jean-Jacques Garnier, nouveau directeur de l’Institut franco-japonais de Tokyo

Écrit par Lepetitjournal Tokyo
Publié le 15 février 2012, mis à jour le 15 novembre 2012

Arrivé début février à la tête de l'Institut franco-japonais de Tokyo, Jean-Jacques Garnier est un diplomate à la carrière éclectique. Avec ce nouveau poste, il souhaite développer les ponts culturels entre la France et le Japon, diversifier la programmation événementielle ou encore renforcer les partenariats locaux afin d'attirer davantage les jeunes adultes

Après cinq mois passés à la tête de l'Institut franco-japonais du Kyushu, Jean-Jacques Garnier a pris il y a quelques jours son nouveau poste à Tokyo (Photo LPJ Tokyo)

Lepetitjournal.com Tokyo: Est-ce que vous pouvez nous présenter un peu votre parcours?

Jean-Jacques Garnier: Je dirais que j'ai un parcours très éclectique et rectiligne, c'est-à-dire que j'ai fait plusieurs métiers au cours de ma carrière et qu'ils étaient toujours en lien avec la culture. J'ai une formation de production et de gestion de spectacles vivants à l'École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Lyon. J'ai travaillé dans ce domaine pendant près de 10 ans en France, de 1986 à 1996. J'ai ensuite eu envie d'aller à l'étranger et je suis parti pour le ministère des Affaires étrangères comme directeur du Centre culturel français de Khartoum, au Soudan. J'ai enchaîné en 1998 avec un poste d'attaché culturel et audiovisuel à l'Ambassade de France à Singapour.
Après ces deux postes, devant réintégrer une structure en France, j'ai été embauché par le ministère de la Culture, et j'ai passé quatre ans et demi comme représentant auprès du haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie. Je suis ensuite reparti à l'étranger comme attaché culturel en Australie de 2006 à 2011. Comme cela s'est plutôt bien passé, le ministère des Affaires étrangères a bien voulu me confier un deuxième poste. J'avais envie de retourner en Asie suite à mon expérience à Singapour. Le Japon est un pays que culturellement je connaissais par mes lectures, les films, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds ne serait-ce qu'en tant que touriste. C'est fascinant, et je découvre un pays qui est très loin des clichés que l'on peut en avoir. En plus, j'ai commencé par la province avec un poste de directeur de l'Institut franco-japonais du Kyushu (septembre à janvier 2012 .ndlr), qui est à mon avis plus agréable à vivre. Fukuoka est une des villes les plus méditerranéennes du Japon du fait de sa douceur, de son rythme, de la diversité culinaire qu'on y trouve... Cela m'a permis d'avoir une première approche peut-être moins frénétique que si j'avais démarré à Tokyo.

L'Institut franco-japonais de Tokyo célebrera en mai ses 60 ans d'existence (Photo IFJT)

Quelle perception avez-vous de votre fonction ?

Lorsque l'on m'a proposé de postuler à la succession de Robert Lacombe, qui devait partir avant la fin de son mandat, je n'ai pas hésité. L'Institut franco-japonais de Tokyo a une très grande histoire. C'est un sacré défi, et je le prends comme une aventure humaine et culturelle. J'ai tendance à répéter que nos métiers sont faits à 75% d'humain, 20% de savoir-faire et de connaissances et 5% de chance. Quelle que soit la taille de l'établissement et la mission que l'on doit mener en tant que promotion de la culture française à l'étranger, il faut être humain au sens du dispositif en place sous peine de rester sur des choses en surface. L'idée est que, très modestement, la pierre que l'on apporte à l'édifice puisse aider à faire grandir cette amitié entre nos deux pays.
J'ai toujours tendance à penser à ceux qui restent car nous, les diplomates, nous ne sommes que de passage. Le but du jeu quand on arrive en poste et que l'on va prendre en main la destinée d'un lieu, c'est de les écouter, de faire le tour de l'établissement pour ne pas perdre de temps ensuite à déconstruire des choses qui fonctionnent. Il faut s'appuyer sur ceux qui sont là et font vivre cet endroit depuis des années, sans que cela ne nous empêche d'y apporter notre vision, expérience, ainsi qu'un nouveau regard.

Quelles actions souhaitez-vous mener à bien ?
Selon moi l'Institut franco-japonais de Tokyo a un c?ur deux poumons. Le c?ur est une école de langues, d'enseignement et promotion du français. L'un des projets par rapport à cette partie est de conquérir de nouveaux publics, d'essayer d'avoir un rééquilibrage générationnel, et de toucher davantage les jeunes adultes. Il faut pour cela montrer une image moderne de la France, surprendre les gens là où on nous attend en faisant, par exemple, découvrir de nouveaux talents dans la chanson française. Nous voulons également plus d'artistes contemporains dans nos programmations et développer davantage de partenariats avec les opérateurs locaux, avec qui l'on pourra mener une politique qui nous permettra d'élargir notre public en organisant des évènements en dehors de nos murs. On aura également peut-être une programmation un peu moins lourde, mais avec des moments plus puissants qui, on l'espère, contribuera à donner une plus grande visibilité à l'action de l'établissement.

Directement rattachée à l'Institut, la brasserie organise régulièrement séminaires, concerts et ateliers (Photo IFJT)


L'un de nos poumons est la brasserie qui est une partie très importante de l'Institut. C'est un service à part entière qui sert à la promotion du repas gastronomique à la française inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité. Cela nous permet d'aborder par l'enseignement une part entière de ce qui fait le terreau de notre culture. Dans les choses à développer, je souhaite avoir un pont un peu plus important entre l'activité enseignement et la brasserie. Il faut que les évènements qui se font dans le domaine gastronomique puissent être un moyen de faire venir à la langue française des gens qui veulent aller plus loin. L'autre poumon de l'institut est sa mission culturelle au sens large, qui va de la médiathèque à la diffusion de spectacles vivants en passant par le cinéma ou encore les débats d'idées. Il faut essayer de structurer davantage notre action, de faire des choix dans nos thématiques, toujours avec pour objectif d'échanger entre nos deux cultures. Je voudrais aussi que l'on accueille plus souvent au sein de l'institut des artistes japonais. Il faut nous ouvrir aux talents locaux, organiser davantage de débats entre Français et Japonais. Toutes ces rencontres me paraissent importantes et être le c?ur de ce que j'ai envie de voir se développer de manière plus pérenne.
Par ailleurs, un des grands rendez-vous à venir sera la célébration des 60 ans de l'Institut en mai prochain. Il y aura également une nouvelle édition du festival littéraire Feuilles d'automne, le 14 juillet ou encore la fête de la musique. L'autre grand projet sera de moderniser l'établissement qui commence à être âgé, devient un peu exigu et n'est pas un outil de son siècle. Il va falloir repenser un projet immobilier, continuer la réflexion qui est déjà ouverte depuis plusieurs années. Il faut avoir un établissement digne de son nom et de la représentation de la France dans le domaine culturel au Japon. J'aimerais bien être celui qui aura contribué avec l'Ambassadeur, le conseiller culturel et toutes les équipes à faire avancer ce dossier.
Propos recueillis par Quentin Weinsanto (http://www.lepetitjournal.com/tokyo.html) jeudi 16 février 2012

Voir aussi le site de l'Institut franco-japonais de Tokyo

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Publié le 15 février 2012, mis à jour le 15 novembre 2012

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