Depuis la mi-octobre, un bus à la couleur immanquable a fait son apparition près des zones de divertissement de Tokyo. Entièrement rose avec des fleurs peintes sur l’extérieur, il sert de refuge aux adolescentes qui traînent près des quartiers « chauds » de la capitale et vise à les protéger, notamment de l’exploitation sexuelle qui y règne.
Le bus, surnommé Tsubomi Cafe, offre, par exemple, des repas et des boissons gratuites ainsi qu’un espace de discussion dédié aux jeunes filles délaissées par leurs parents, victimes de maltraitance ou subissant une situation de précarité.
Le bus a fait sa première apparition le 17 octobre au cœur du Kabukicho, le quartier « rouge » réputé de Shinjuku. Sur place, des membres de l’association Colabo accueillent des jeunes filles dans le besoin et leur prêtent une oreille attentive.
« Nous aimerions établir des relations avec ces jeunes filles plutôt que d'offrir une simple assistance », rapporte Yumeno Nito, une représentante de Colabo à l’agence de presse japonaise Kyodo News. Agée de 28 ans, elle a également connu des problèmes pendant son adolescence avec sa famille ; de fait, elle aussi a erré la nuit dans les quartiers chauds de la capitale. « J'espère que le bus sera un lieu où les filles pourront se détendre et se sentir à l'aise ».
L’idée de ce bus de nuit lui est venue lors d’un séjour à Séoul où elle avait remarqué que des jeunes filles en difficulté étaient accueillies dans un bus dédié et elles pouvaient s’y restaurer et discuter en toute sérénité. Yumeno Nito a ainsi décidé d’introduire le concept à Tokyo.
Le projet a été choisi par le gouvernement central et le gouvernement métropolitain de Tokyo comme modèle de soutien aux jeunes filles vulnérables. Le bus est garé une fois par semaine en alternance dans le quartier de Shibuya et de Shinjuku.
D’après Kyodo News, Seiko Kitazawa, responsable de la division pour la promotion de l'égalité des sexes à la mairie de Shinjuku, a déclaré avoir vu des jeunes filles arriver à Shinjuku, ne se sentant plus en sécurité chez elle à cause de la pauvreté ou des mauvais traitements subis. Elle a également souligné l’importance du soutien apporté par ses pairs. « Si nous nous présentons en tant que salariés de la mairie, je suis certaine qu’aucune d’entre elles n’acceptera notre aide. Ce sont des personnes proches de leur âge qui doivent les approcher et tenter d’apporter leur soutien », a-t-elle ajouté.
Ces propos ont été confirmés par Yumeno Nito, qui explique que « plusieurs filles semblent mal à l’aise de recevoir de l’aide publique alors même qu’elles se méfient des adultes. Nous sommes celles qui pouvons essayer de les approcher et leur parler », précise-t-elle.
Yukiko Sakamoto, responsable d'un groupe local qui soutient la réhabilitation des délinquants, a rejoint le projet du Bus Colabo dès le début. « Je suis certaine que ces filles n’ont pas choisi d’errer la nuit. Elles doivent avoir des raisons de ne pas rentrer chez elles », a-t-elle déclaré. « Certaines d'entre elles sont victimes de violences sexuelles commises par des pères ou des demi-frères et d'autres sont exclues par les petits amis de leur mère », a-t-elle ajouté.