Édition internationale

Arnaud Béril ou l’ascension rapide d’un jeune Français dans l’hôtellerie de luxe

Originaire du Lot, Arnaud Béril dirige aujourd’hui deux Resorts du groupe Minor Hotels en Thaïlande, L’Anantara Golden Triangle Elephant Camp & Resort de Chiang Rai et l’Anantara Chiang Mai Resort. De ses débuts comme stagiaire à son poste de Cluster General Manager, il nous raconte sa passion pour la création dans l’hôtellerie de luxe et de ce qui fait la singularité de ces établissements.

Arnaud Béril, directeur des hôtels Anantara du nord de la Thaïlande Arnaud Béril, directeur des hôtels Anantara du nord de la Thaïlande
Écrit par Régis LEVY
Publié le 23 septembre 2025


 

lepetitjournal.com : Arnaud Béril, d’où êtes-vous originaire et quelle a été votre           formation ?

Arnaud Béril : Je suis né à Brive-la-Gaillarde et j’ai grandi dans la maison familiale du Lot, non loin de Rocamadour. Je me définis comme lotois : c’est une région très spéciale pour moi, avec ses paysages, ses odeurs, ses habitants. J’adore la Thaïlande après quinze ans, mais le Lot reste une part essentielle de mon identité.

À quel moment avez-vous choisi de vous tourner vers l’hôtellerie ?

J’ai vite compris que ce métier pouvait m’offrir de nombreuses opportunités de voyages, ce qui me fascinait. Après le bac, j’ai intégré l’école Vatel à Bordeaux. Dès la première année, nous étions envoyés en stage, en immersion dans les hôtels et en rotation entre différents départements. Ensuite, en deuxième et troisième année, la formation se spécialise davantage en marketing, finance et gestion.

 

J’ai compris qu’il fallait être patient

 

En fin de cursus, Vatel incite fortement à effectuer un stage à l’étranger. J’ai décroché un stage en restauration et bar à l’Anantara Sikao de Trang, en Thaïlande. À l’issue de ces six mois, on m’a proposé un stage de management de 18 mois à Koh Samui en janvier 2011. C’est ainsi que mon aventure en Thaïlande a commencé.

Ce stage vous a-t-il conforté dans votre choix de carrière ?

Absolument. J’ai eu un vrai coup de foudre pour ce pays. Au bout de six mois, le directeur de l’Anantara Rasananda, à Koh Pha Ngan, m’a proposé un poste en restauration. J’ai terminé mon stage là-bas et décroché mon premier poste en tant que restaurant & bar (F&B) manager. J’avais 24 ans. J’étais heureux, même si je pensais gravir les échelons plus vite. Finalement, j’ai compris qu’il fallait être patient. J’y ai passé près de trois ans, une expérience fondatrice.


 

Hôtel Anantara Golden Triangle
À l’Anantara Golden Triangle, on observe la nature de partout…

 

Après Koh Pha Ngan, votre carrière a pris un tournant ?

Oui, j’ai rejoint l’Anantara Chiang Mai comme F&B manager, avec une mission majeure : l’ouverture du restaurant 1921 House. Le design du bâtiment existait déjà, mais j’ai dû créer le concept culinaire, les uniformes du personnel et organiser la soirée d’ouverture, qui a accueilli près de 400 personnes. Un grand souvenir.

Ensuite, j’ai souhaité découvrir Bangkok. J’ai intégré l’Anantara Sathorn comme directeur de la restauration pendant deux ans et demi. Une période incroyable. Puis, direction Hua Hin, où j’ai été promu directeur F&B. C’était un grand resort, très tourné vers les mariages indiens. J’y suis resté presque trois ans, notamment durant la pandémie, en gérant à la fois l’Anantara et l’Avani+. Mon premier rôle de cluster manager.

 

Mon directeur savait que j’avais le potentiel pour diriger un hôtel de luxe

 

C’est à ce moment que vous avez commencé à diriger plusieurs propriétés ?

Exactement. Ensuite, je suis parti à Koh Samui, où je suis devenu directeur des opérations de l’Avani+ Samui Resort, une petite propriété de 40 chambres que j’ai adorée. Puis, on m’a confié en parallèle la gestion du beach club du groupe à Chaweng. Mais mon directeur savait que j’avais le potentiel pour diriger un hôtel de luxe. Il m’a proposé de rejoindre l’Anantara Golden Triangle, à Chiang Rai, comme Resort Manager.

Comment avez-vous accueilli cette opportunité loin des plages ?

Avec enthousiasme. C’était mon premier poste sans directeur général au-dessus de moi. L’Anantara Golden Triangle est un lieu magique, au cœur de la nature, avec les éléphants et des paysages incroyables. L’alchimie avec les équipes a été immédiate. Très rapidement, on m’a donné une grande autonomie dans mes décisions, ce qui m’a permis de mettre en place mes idées et d’engager des projets ambitieux. Cette liberté de manœuvre a renforcé ma créativité et ma capacité à fédérer.


 

Anantara Golden Triangle dans les arbres
… même depuis la cime des arbres.

 

C’est là qu’est née l’idée du dîner dans la canopée baptisée Canopy Dining – A Tree Top Dining Experience?

Oui, c’était un rêve que j’avais depuis un moment : installer une table qui s’élève à 52 mètres au-dessus du sol. En quelques secondes, les clients se retrouvent face au Mékong, au Laos, à la Birmanie, à la Thaïlande… tout en observant les éléphants. Du petit-déjeuner au dîner, l’expérience est unique. Nous avons aussi inauguré une tente de 150 m² avec piscine privée, inspirée des lodges africains. L’objectif était de repositionner le resort et je crois que cela a beaucoup contribué à son succès.

Comment se différencier dans un pays comme la Thaïlande, riche en hôtels de luxe ?

Chaque propriété a ses atouts. À Chiang Mai, l’ancien consulat britannique et le cadre naturel sont exceptionnels. Pour se distinguer, le marketing et surtout le storytelling sont essentiels. Les clients veulent vivre une histoire, pas seulement un séjour.

 

Au Golden Triangle, nous avons misé sur l’exploration et la découverte

 

Est-ce une tendance forte du tourisme post-Covid ?

Très clairement. Les clients, surtout dans le luxe, recherchent du sens et de l’exclusivité. Au Golden Triangle, nous avons misé sur l’exploration et la découverte. Cela a parfaitement fonctionné. Aujourd’hui encore, je supervise le développement de Chiang Rai en parallèle de Chiang Mai.

Vous avez été élu meilleur directeur du groupe Minor en 2024. Qu’est-ce qui a motivé cette récompense ?

Ce prix venait saluer la performance du Golden Triangle, une propriété magnifique mais en sommeil depuis plusieurs années. En deux ans et demi, nous avons su la transformer. Cela m’a permis de renforcer mes liens avec le siège et d’accéder à des projets régionaux. La suite logique a été mon poste actuel de Cluster General Manger pour Chiang Mai et Chiang Rai.

 

Piscine de l’hôtel Anantara Chiang Mai
À l’Anantara Chiang Mai, c’est piscine au bord de la Ping River


 

Quelles sont vos priorités à l’Anantara Chiang Mai ?

D’abord observer et analyser. Mon prédécesseur, Pitak Norathepkitti, a marqué l’hôtel de son empreinte. Je veux m’inscrire dans la continuité, tout en apportant mon énergie et ma sensibilité. Mon objectif est d’affiner l’identité de l’hôtel, sans la dénaturer.

Quels atouts vous semblent les plus solides aujourd’hui ?

L’équipe, avant tout. Elle est solide, passionnée et talentueuse. La restauration est également un point fort, avec une cuisine créative et authentique. Enfin, l’histoire unique du lieu, qui abritait l’ancien consulat britannique.

 

J’aime les projets originaux qui font vibrer l’hôtel

 

Quels projets souhaitez-vous développer ?

Dynamiser la partie événementielle, collaborer avec des artistes, développer nos croisières sur la rivière, ou encore surprendre nos clients avec des side-cars Royal Enfield et, pourquoi pas, une voiture vintage. J’aime les projets originaux qui font vibrer l’hôtel.


Arnaud Béril, directeur des hôtels Anantara du nord de la Thaïlande

 

En tant que Français, avez-vous dû vous adapter à la culture managériale thaïlandaise ?

Bien sûr. Après quinze ans ici, j’ai appris à comprendre les sensibilités locales. Il est crucial d’identifier rapidement les alliés au sein d’une équipe pour avancer ensemble. J’ai aussi fait venir ma directrice de réception de Chiang Rai pour m’accompagner dans cette nouvelle étape.

La Thaïlande est-elle un accélérateur de carrière ?

Oui. L’évolution que j’ai connue aurait sans doute pris plus de temps en France. Les Thaïlandais ont une énergie, une envie d’apprendre et une approche du service qui sont uniques. Leur sourire et leur passion facilitent beaucoup le rôle d’un manager. À condition, bien sûr, de prendre soin de ses équipes. Je rappelle toujours : « Mon travail, c’est de m’occuper de vous. »

 

Ce qui me stimule c’est l’aspect créatif

 

En quinze ans, vous êtes passé de stagiaire à cluster manager. Quelle est la prochaine étape ?

Mon but ultime reste d’être directeur d’hôtel. J’aime créer, développer et raconter des histoires autour de projets exclusifs, de caractère. Je souhaite poursuivre ma carrière en Thaïlande, en particulier dans le Nord où ma famille et moi nous sentons bien. Mais je reste ouvert à des projets dans la région. Ce qui me stimule, c’est l’aspect créatif. Sans lui, je m’ennuierais vite.

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