Écrit par Raphaëlle Choël
Publié le 29 novembre 2020, mis à jour le 3 décembre 2020
Fraîcheur, spontanéité et gaieté contagieuse, Atalya est une jeune femme qui marque, touche et inspire. Rien qu’à observer ses invités d’un jour qui auront réservé un repas chez elle, la belle jeune femme parvient à accrocher les regards tout en semblant saisir le meilleur de chacun. Son discours capte et agit comme un aimant sur ces âmes venues certes pour déguster une cuisine savoureuse, mais surtout pour profiter d’une parenthèse ressourçante et donner ainsi un nouveau souffle à leur vie. Car oui, Atalya a quelque chose de spécial et d’unique ; elle a cette fraîcheur et cette énergie de vie que l’on sent immédiatement dans la générosité avec laquelle elle reçoit chez elle. « Vous êtes ici chez vous, sentez-vous libre de déambuler où vous voudrez, de venir me voir en cuisine et de poser toutes les questions », annonce-t-elle avec le sourire.
Un art de vivre au cœur d’un paysage biblique
La maison de la jeune femme se trouve dans le pittoresque quartier d’Ein Kerem, un lieu chargé d’histoire aux ravissantes petites églises. C’est ici même que Saint Jean-Baptiste serait né. Atalya y est née il y a trente-deux ans.
Depuis huit ans déjà, elle privatise sa maison pour des repas privés et reçoit chaque vendredi, une table d’hôtes pour le brunch. Au programme avant de se laisser titiller les papilles, petite visite de la charmante maison de pierres aux volets bleus remplie de tableaux et de souvenirs de famille. L’adorable escalier en colimaçon turquoise mène à la vaste terrasse criblée de pots où poussent des herbes aromatiques en tout genre. Le temps s’arrête dans ce lieu qui offre une vue imprenable sur le Mont de Judée, la forêt de Jérusalem et le village d’Ein Kerem.
Atalya prend le plus grand soin pour préparer les merveilles d’une cuisine tout à son image : simple, authentique, fraîche et de saison. Les mains aussi bavardes qu’un corps qui danse avec son récit, elle raconte son histoire, se penche pour appuyer un fait, et enchaîne sur la genèse de son concept qui fait fureur. « Depuis mon enfance j’ai appris à ramasser des herbes dans la forêt, je ne connais pas forcément leur nom mais je les utilise pour mes tartes, focaccia et petits pains ». Atalya est partie voyager quatre ans à l’étranger (Inde, Nouvelle-Zélande, Fidji, Philippines, Thaïlande) après l’armée, elle y a découvert des trésors de saveurs et d’arômes totalement inédits. Si la raison l’eût un temps poussée à s’installer à Tel Aviv, LA capitale pour les foodies comme elle, l’appel du cœur aura été plus fort. Tout naturellement elle est revenue au pays, comme une brebis égarée qui doit renouer avec les siens, ses racines et son cœur. « J’éprouve le réel besoin de me balader à travers les amandiers et les figuiers de mon village, d’aller ramasser ce que je trouve sur le chemin pour préparer mes plats ». Ce sont ces rues chargées d’histoire qui ont en effet manqué à Atalya pendant son séjour à l’étranger. « Nous avons d’extraordinaires spécialités arabes et juives ici. J’adore les différents type de houmous, le fameux Jerusalem bagel géant aux graines de sésame, ou encore mon péché mignon : le Kugel, cette fameuse spécialité juive ashkénaze que l’on sert à Shabbat. C’est une sorte de friture-gratin de nouilles ou de pommes de terres sucré ou salé au choix».
Atalya est heureuse d’avoir retrouvé les siens et posé définitivement ses valises à Ein Kerem pour y développer sa petite entreprise aux côtés de Roi, son mari depuis trois ans, lui aussi fin gourmet. Le jeune homme travaille la journée pour l’ONG Keren Ayesod mais il a également une formation de maître pâtissier. « Le soir, pour lui, c’est le deuxième shift de la journée qui commence : il m’aide à préparer les pâtes à pain, quelques entremets ou des créations inédites que j’incorpore à mes menus ; il m’aide aussi pour ma communication Facebook ».
Une cuisine familiale de cœur et de rencontres
Atalya garde de ses parents guides ayant monté leur agence de voyage (Ein Kerem Legend) ce bel héritage gastronomique, ce goût pour l’évasion et la culture et surtout cet attachement profond pour leur village d’Ein Kerem. « Mes frères et sœurs, mes parents et moi sommes tous très proches et connectés à cette terre qui nous est chère ». Une mère dans l’armée jusqu’aux six ans d’Atalya, puis une parenthèse de deux ans pour la jeune maman qui emmène sa fille se balader dans la forêt et les jardins du coin. « C’est lors de la pause professionnelle de ma mère que j’ai découvert toute la faune et la flore du lieu et que j’ai voyagé dans le Sinaï égyptien à la rencontre d’herbes et de spécialités locales. » Atalya se forge ainsi non seulement une culture mais également l’envie d’approfondir l’exercice en se frottant à la richesse des trésors offerts par la ville de Jérusalem.
A neuf ans à peine, elle se lance le défi de préparer un dîner de Shabbat pour quinze personnes. Seule en cuisine avec une de ses amies comme sous-chef, les jeunes filles explorent les origines polonaises et libyennes de la famille pour concocter un repas de fêtes. « Ma mère pensait que le festin se résumerait à des œufs brouillés, elle a été bluffée par le résultat. Jamais elle n’aurait pensé que je sois capable de préparer un repas complet et que cette anecdote ferait le reste de l’histoire ». Ce soir-là, après avoir gâté ses convives d’une multitude de plats variés dont de mémorables pommes de terre à l’aneth et de bulu, un réconfortant petit pain libyen, la jeune fille pleine de passion et tout à son aise aux fourneaux a une seule certitude : elle fera de la cuisine son métier. C’est ainsi, tout naturellement, qu’elle intègrera son premier établissement professionnel à l’âge de seize ans puis qu’elle montera sa petite entreprise à vingt-quatre ans à peine.
Atalya aime le contact et la rencontre avec l’autre. En plus des repas dans sa maison, elle organise des tours culinaires dans Ein Kerem, mais aussi dans le Vieux Jérusalem et le célébrissime marché Machyehuda. « Nous allons rendre visite à des familles et déguster leurs spécialités tout en écoutant leurs histoires ». Car pour Atalya la cuisine est affaire de rencontres, de vie et de partage. « Je suis toujours à la recherche de petites pépites, comme mon ami berger qui fait son propre fromage de chèvre, mon voisin boulanger yéménite ou ce chef kurde que j’affectionne tout particulièrement »
Au menu de la table d’Atalya on déguste des saveurs réconfortantes de saison: tartes aux légumes, shakshouka rouge ou verte, salades multicolores, aubergines Mafrum à la viande, épaule d’agneau au vin blanc cuite une nuit entière et accompagnée de légumes oubliés, ceviche de bar aux herbes et airelles perses, ou encore un filet de daurade aux tomates et olives sur une purée de potiron. Côté desserts la chef optera pour une tarte aux amandes et au citron, des scones ou des muffins chocolatés, un halva maison, des petits choux à la crème ou une mousse au chocolat blanc, whisky et petits fruits.
De quoi sera fait demain pour la jeune femme aux mille saveurs? Elle souhaite porter son amour pour la cuisine et pour les gens autour du monde, voyager pour cuisiner et partager ainsi, en fidèle ambassadrice de la gastronomie, sa passion pour les arts culinaires et les cultures du monde.
RECETTE : BOCCA DI DAMA
Ingrédients : 5 jaunes d’œuf, 5 blancs d’œuf, 200 grammes + 50 grammes, 50 grammes de farine (optionnel), 2 cuillères à soupe d’huile, 10 gouttes d’extrait d’amande, le zeste d’un gros citron, 3 tasses de poudre d’amande.
Préparation :
Préchauffer le four à 180°.
Battre les blancs d’œufs en ajoutant le quart de tasse de sucre pendant l’opération. Réserver.
Mixer à grande vitesse les jaunes d’œufs en ajoutant peu à peu le sucre. Réduire la vitesse, ajouter l’huile, le zeste de citron, l’extrait et la poudre d’amande. Dans le mixer, mélanger d’abord un tiers des œufs en neige à la préparation, puis délicatement le reste des blancs. Ajouter la farine (optionnel).
Beurrer un plat, y verser la préparation et enfourner 15 minutes. Couvrir d’aluminium, réduire la température à 170° et remettre au four pendant 35 minutes.
Sortir et laisser refroidir. Recouvrir de crème anglaise et décorer de mini meringues, de fruits frais et d’un mélange de noix.
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Publié le 25 février 2018, mis à jour le 3 décembre 2020