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PORTRAIT - Naama Dvir : Une histoire d’alpagas et de lamas

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Écrit par Lepetitjournal Tel Aviv
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 juillet 2017

  

« Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité » disait Antoine de Saint-Exupéry*, et c'est bien ce que Naama a décidé de faire en ouvrant en 1988 sa ferme d'alpagas et de lamas à Mitzpe Ramon, en plein désert du Néguev. Rencontre avec une passionnée jusque-boutiste que rien ne semble arrêter?

Naama est née en 1964 dans un kibboutz appelé Mishmar Ha'emek au c?ur d'Israël Valley près de Haifa. Elle y vécut jusqu'à l'âge de 22 ans avec son frère, ses deux s?urs, un Papa cultivateur de cactus et une Maman professeure laborantine en biologie. Des parents nés en Israël, mais deux paires de grand-parents originaires de Pologne et arrivés au pays peu avant la deuxième guerre mondiale. Naama fait ses classes dans l'école du kibboutz puis se forme à la biologie dans un lycée régional,  très axé sur le thème de la nature ; dès son plus jeune âge, elle travaille également dans des champs de coton.

Elle fait son armée en tant que guide, avec pour mission d'accompagner des groupes de jeunes lycéens pendant des marches de plusieurs jours dans le désert.

C'est à cette période qu'elle rencontre celui qui deviendra son mari, Ilan alors fraîchement sorti de l'armée lui aussi et en voyage dans le Néguev. Un premier baiser échangé en 1983 et un mariage célébré en 1988 à Mitzpe Ramon, dans leur actuelle ferme où ils ont accueilli et élevé leurs six enfants aujourd'hui âgés de 15 à 27 ans.

 

Un mariage, un voyage et la grande aventure

Si Ilan est déjà est grand aventurier, Naama ne se rend en Amérique Latine qu'en 1987 pour la première fois avec son compagnon. Un périple de six mois et un passage décisif par le Chili qui marquera un véritable tournant dans la vie du jeune couple. Ils y découvrent un pays aux paysages magnifiques et aux animaux d'une rare richesse. Alpagas et lamas sont partout et le coup de foudre est immédiat. Rapidement une idée germe et prend forme : la montagne du désert du Néguev et le Chili ayant suffisamment de similarités climatiques (en terme de sécheresse et de nombres de jours offrant de basses températures), pourquoi ne pas importer ces animaux dans leur pays natal et y ouvrir une ferme ? En effet, le désert du Néguev se situe à 900m d'altitude au-dessus du niveau de la mer, il y pleut rarement ? environ cinq jours par an ? et les conditions climatiques semblent suffisamment proches de celles du pays d'origine des lamas et alpagas pour espérer développer un cheptel sain au pays. « Nous avons beaucoup de chameaux en Israël et les alpagas et les lamas sont issus de la même famille, donc cela faisait tout à fait sens de tenter l'aventure ! », explique Naama, les yeux pétillants de projets.

Le couple rentre en Israël puis repart au Chili, à la recherche de bêtes à acheter, un travail long et fastidieux de sélection, puis de négociation avec le propriétaire de chaque animal. « Il nous a fallu parfois parcourir une centaine de kilomètres pour rencontrer une personne pour une seule bête, donc autant dire que nous avons passé du temps pour constituer notre cheptel de 180 alpagas et lamas ! », explique la jeune femme.

 

 

Le 28 décembre 1987, les choses se précisent et le troupeau est fin prêt à partir pour Israël. Le plus logique et économique aurait été d'effectuer le transport par voie maritime, mais un problème d'humidité a rapidement été identifié comme un frein au voyage par bateau. La solution, aussi ambitieuse que coûteuse, fut donc d'affréter un avion vidé de tous ses sièges et transformé en champ rempli de paille et de clôtures le temps du vol. Un projet dantesque et fou, accorde Naama, mais la condition sine qua non pour que les bêtes voyagent dans de bonnes conditions avant de retrouver leur nouvelle terre d'adoption. 160 alpagas et 20 lamas au départ, 181 âmes à l'arrivée suite à une naissance en cours de route, la fine équipe est installée dans l'actuelle ferme de Mitzpe Ramon où elle s'épanouit depuis désormais trois générations. « Nous avons fêté cette année la trentième naissance à la ferme ! », partage Naama avec une douceur maternelle évidente.

 

De la ferme au business

A l'origine, le couple pense proposer aux visiteurs une expérience de vie à la ferme et développer le commerce de laine d'alpaga à l'export (l'alpaga se classant troisième en terme de qualité de laine après l'angora et le pashmina). On lui reconnaît notamment des qualités hypoallergéniques, d'isolation et une durée de vie particulièrement longue. Tous les deux ans au moment des traditionnelles fêtes de Pessah, la Pâques juive, chaque bête est tondue, l'équipe récolte ainsi environ six kilos de laine par animal mais dont il ne reste malheureusement que trois ou quatre kilos de produit fini. Une activité peu rentable étant donné le traitement très méticuleux et chronophage de cette laine rare et précieuse.

Quelques accessoires (pulls, bonnets, gants, écharpes) sont confectionnés et vendus à la ferme. Parallèlement, le couple, accompagné de deux de ses fils, Guy et Yam, développe l'éco-tourisme : quatre cabines et un dortoir pouvant accueillir pour la nuit des visiteurs de passage sont installés, tandis que chevaux et chiens viennent compléter le cheptel. Les randonnées équestres d'un ou plusieurs jours permettent ainsi aux visiteurs de découvrir la région, tout comme le populaire « lama picnic » qui propose aux familles une balade singulière avec l'adorable bête pouvant porter jusqu'à 20 kilos de vivres (voire 60 kilos dans les montagnes andines)

 

 

Un projet de vie, un constat, une perspective d'analyse de la société

Naama confie avec humilité qu'il lui est difficile de dresser un bilan de cette folle expérience. « On a eu de grosses responsabilités. Quand je regarde en arrière, je réalise que notre histoire inattendue est difficile à croire, c'est comme un rêve ou une légende. Ce qui continue de nous rendre aussi heureux chaque jour, c'est notre amour pour les animaux et pour les hommes. Nous ne sommes pas des gens de la ferme qui veulent fuir la société, on veut juste vivre avec les êtres humains et les animaux. Nourrir les bêtes sainement, les voir évoluer librement, mais également les observer se battre dans la hiérarchie animale, un peu comme nous les humains : certains sont en bonne santé, d'autres sont plus fragiles, comme dans le monde des humains. Alpagas, lamas, chiens, poulets, il y a de la place pour tous ; ensemble ils apprennent à gérer leurs conflits d'une façon particulièrement instructive. » 

Observer et se confronter aux animaux, c'est accepter qu'ils nous renvoient cet effet miroir de notre propre société. Un modèle intéressant de gestion des conflits où la spiritualité côtoie une réalité concrète plus que terre-à-terre, le tout dans un monde où l'amour est roi.

 

*Cahiers de Saint-Exupéry (1900-1944)

 

La recette de Naama

RIZ FRIT : comme elle le dit elle-même, voici une recette toute simple de fermière et de mère de famille nombreuse.                            

Ingrédients : 1 kilo de riz, 1.5 litre d'eau, 1 cuillère à café de sel, 2 cuillères à soupe d'huile d'olive.

Préparation : faire frire le riz dans une casserole épaisse jusqu'à ce qu'il brunisse. Ajouter l'eau en ébullition et le sel. Mélanger jusqu'à ce que les grains de riz se séparent bien. Couvrir pendant 20 minutes en réduisant le feu dès ébullition.

Dégustation : à savourer tel quel ou en complément d'une viande ou d'un plat de légumes marinés.

 

Sources et crédits photos : Alpaca Farm Israel

Raphaëlle Choël (www.lepetitjournal.com/tel-aviv) - dimanche 9 juillet 2017

 

 

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Publié le 8 juillet 2017, mis à jour le 9 juillet 2017

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