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Rétrospective : Daniel Barenboim, une carrière musicale, internationale et humaniste

Chef d’orchestre et pianiste israélo-argentin, Daniel Barenboim a annoncé vendredi 13 janvier 2023 sa démission au sein de l’Opéra de Berlin. "Je ne peux plus fournir les prestations que l'on exige à juste titre d'un directeur musical" précise le musicien dans un communiqué. Retour sur un génie à la carrière si singulière, et internationale. 

Chef d’orchestre et pianiste israélo-argentin, Daniel Barenboim a annoncé vendredi 13 janvier 2023 sa démission au sein de l’Opéra de Berlin.Chef d’orchestre et pianiste israélo-argentin, Daniel Barenboim a annoncé vendredi 13 janvier 2023 sa démission au sein de l’Opéra de Berlin.
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 18 janvier 2023, mis à jour le 31 mai 2023

Chef d’orchestre et pianiste israélo-argentin, Daniel Barenboim fait partie de ceux qui ont écrit l’Histoire. Si le musicien était en pause pour son état de santé depuis quelques semaines, il avait tout de même trouvé la force de diriger deux concerts pour le Nouvel An. Mais son état l'oblige à prendre une décision difficile : Daniel Barenboim - atteint d'une maladie neurologique - a confirmé vendredi 13 janvier 2023 sa démission pour raison de santé. "Malheureusement, mon état de santé s'est nettement détérioré au cours de l'année dernière. Je ne peux plus fournir les prestations que l'on exige à juste titre d'un directeur musical", explique t-il dans un communiqué. Il précise cesser totalement cette activité dès le 31 janvier.

 

 

Sur les traces de Daniel Barenboim 

Si Daniel Barenboim est surtout reconnu en tant que chef d’orchestre - et pour sa fondation d’un orchestre promouvant la coopération entre de jeunes musiciens israéliens, palestiniens et arabes - il a en réalité fait ses premiers pas sur la scène internationale en tant que pianiste… dès ses 7 ans. 

 

Enfant unique d’Enrique Barenboim et Aida Schuster, Daniel Barenboim est né le 15 novembre 1942 à Buenos Aires. Ses deux parents, d'origine juive, sont professeurs de piano. Aida, qui initie de jeunes enfants, lui donne naturellement ses premières leçons avant que son père, Enrique, ne prenne le relais. 

 

Daniel Barenboim en 1956 © Getty - L. Blandford
Daniel Barenboim en 1956 © Getty - L. Blandford

 

Daniel Barenboïm, une carrière musicale à renommée internationale

Début 1950. Daniel Barenboim donne des concerts dans sa ville natale (alors qu’il n’a que 9 ans) durant lesquels le chef d’orchestre, Igor Markevitch, le repère et l’invite à ses cours qu’il dirige à Salzbourg (Autriche). Il y assiste en tant qu’auditeur libre et commence, déjà à cette époque, à nourrir une admiration profonde. Deux ans plus tard, le musicien suit ses parents pour s’installer en Israël. Il continuera là-bas les leçons, notamment avec le compositeur israélien Paul Ben-Haim. En 1954, on lui propose des concerts avec l’Orchestre philharmonique de Berlin. Son père refuse. Le moment est prématuré sur le plan moral et diplomatique. La Shoah ne remonte qu’à cinq ans. 

 

Mais pas d'inquiétude. La carrière de Daniel Barenboim sera marquée par d'innombrables concerts et projets à l’international. Lorsqu’il a 38 ans (et un excellent bagage musical), il dirige l'Orchestre de Paris à Buenos Aires au teatro Colón. En 1989, il retourne aux États-Unis, cette fois-ci en tant que chef d’orchestre, avant de se rendre à Berlin. 

 

Trois jours après la chute du mur, Daniel Barenboim dirige au pied levé l’Orchestre philharmonique de la capitale allemande. Un concert exclusivement réservé aux habitants de Berlin-Est. Il dirige également ce même orchestre à Tel Aviv. Une première à une époque où les relations sont encore délicates. 

 

Il finit d’ailleurs par s’installer à Berlin avec sa famille en 1992. Durant sa carrière, Daniel Barenboim joue aussi régulièrement en Espagne, Italie, France, Autriche, Royaume-Uni et États-Unis. 

 

 

Daniel Barenboïm, un chef d’orchestre engagé pour la paix

La force de persuasion de Daniel Barenboim dépasse de loin la plupart des volontés. Si l’admiration d’Adolf Hitler pour la musique du compositeur allemand Richard Wagner est bien connue, Barenboim parvient tout de même en 2001 à diriger un orchestre qui interprètera certaines de ses compositions en Israël - et ce malgré les nombreuses contestations. Pour lui, Wagner n’appartient pas aux nazis. La musique doit l’emporter sur la politique. 

 

Dans cette même veine, il crée en collaboration avec le professeur d'origine palestinienne, Edward Saïd, une fondation visant à promouvoir la paix au Proche-Orient par la musique classique. Une initiative qui a également suscité de violentes critiques. À ce jour, il est encore le seul orchestre mêlant de jeunes Israéliens et Palestiniens. 

 

Des concerts sont par ailleurs donnés sur les deux territoires. Et un passeport "honorifique" palestinien lui sera plus tard remis devant l'ambassadeur d'Israël et en présence de l'ambassadeur palestinien à l'ONU, en reconnaissance pour ses positions favorables au peuple palestinien et sa détermination à se produire dans ces territoires. Le chef d’orchestre est aussi nommé, en septembre 2007, messager de la paix des Nations Unies. 

 

Suite à la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, Daniel Barenboim se prononce également en faveur de la reconnaissance internationale de la Palestine. Le musicien ne voit "aucun problème à ce que Jérusalem-Ouest soit la capitale d’Israël et Jérusalem-Est celle de la Palestine". Il ajoute : "On ne peut pas attendre de compromis entre deux peuples ou même deux personnes qui ne se reconnaissent pas mutuellement".

 

 

 La musique a toujours été et continue d’être une partie essentielle et pérenne de ma vie. J’ai vécu pour et à travers la musique, et je continuerai tant que ma santé me le permettra.

 

Une dernière révérence à la carrière de Daniel Barenboïm

Trente ans à la tête de l'Opéra de Berlin. Une retraite en Allemagne à l’âge de 80 ans. Il est difficile - au vu du nombre élevé - d’établir la liste des pays dans lesquels Daniel Barenboïm s’est produit.  Et il en va de même pour ses récompenses (légion d’honneur, Grammy Awards, médaille d’or du mérite des Beaux-Arts etc…).

 

Au cours des dernières décennies, peu de personnalités n’ont marqué le monde de la musique classique autant que lui. 

 

Une révérence à cette carrière si singulière, dont la partition aura été la paix.

Anne-Claire Voss
Publié le 18 janvier 2023, mis à jour le 31 mai 2023

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