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PORTRAIT – Producteur, homme de spectacle, David Stern se raconte

Écrit par Lepetitjournal Tel Aviv
Publié le 4 mai 2013, mis à jour le 5 mai 2013

 

A la tête de la société de production Lollyprod depuis six ans, David Stern est une personnalité atypique qu'on ne présente plus dans le monde du spectacle israélien. Lepetitjournal.com Tel-Aviv est allé à la rencontre de ce véritable personnage pour en savoir plus sur son parcours, sa société et ses projets.

 le city desk de Lollyprod, à Dizengoff Center - Photo : DR

David Stern est un showman dans l'âme. Un homme très extraverti et au contact facile, qui passe rarement inaperçu. Mais au-delà de cette image publique, D. Stern est un grand travailleur, qui se dévoile peu. "Je suis un angoissé, je ne m'arrête jamais" déclare-t-il. 

Il a commencé sa carrière dans le groupe RTL en France. "Je suis un enfant des médias, de la télévision, du cinéma. On est là-dedans de père en fils" explique-t-il, "mais c'est une charge particulière parce que quand tu viens d'une famille qui est déjà dans le métier et qui a déjà fait ses preuves, toi tu dois prouver au public, et aussi ne pas décevoir les tiens". Il a fait ses premières armes dans le pays il y a quinze ans, au Club Med d'Eilat où il s'occupait au départ seulement du stand serviettes : "j'avais décidé de changer le stand. Tous les jours, j'essayais de me faire remarquer en portant un costume différent que je fabriquais moi-même, et c'est là que ma responsable m'a repéré en se demandant qui était ce fou, et de là j'ai monté les échelons". 

D. Stern affirme n'avoir jamais bénéficié de quelconques traitements de faveur, "c'est un métier qui te prend entièrement, [?] il n'y a pas un matin où je ne remets pas en question". Finalement, c'est grâce au soupçon d'impertinence qui le caractérise que D. Stern s'est fait remarquer. "Quel que soit le métier que j'ai fait dans ma vie, il y avait toujours la scène, l'image, le son, la production qui me rattrapait". 

Il crée par la suite en 2007 la société Lollyprod avec le minimum légal en Israël : 100 shekels, et les débuts sont difficiles. Inconnu dans le pays, ce sont des événements clés qui vont construire la réputation de cette jeune société. 

Le premier succès notable de Lollyprod arrive en 2009. Un mois après le décès de la star internationale Michael Jackson, D. Stern décide d'organiser un hommage à la star et signe son premier gros contrat événementiel. En décembre 2009, 200 danseurs dansent au son du roi de la pop au sommet du plus haut gratte-ciel d'Israël. Et Channel 2, plus précisément une émission présentée à l'époque par Yaïr Lapid, soutient le projet et filme l'événement. Un coup de pouce inattendu pour Lollyprod ! Mais comme D. Stern le dit, le succès dans ce métier tient toujours un petit peu de la chance, et des rencontres. 

A partir de là, les investisseurs s'intéressent de plus en plus à Lollyprod, la machine est lancée. Mais c'est un autre événement qui va définitivement asseoir la réputation de Lollyprod en Israël : l'affaire Vanessa Paradis en 2011. Une époque douloureuse pour le jeune entrepreneur mais qui représente un véritable tournant dans l'histoire de sa société : il y a eu un avant et un après Vanessa Paradis. 

Retour rapide sur les faits : en octobre 2010, Lollyprod signe le premier concert de Vanessa Paradis en Israël. En janvier 2011, suites aux pressions pour le boycott culturel d'Israël, Vanessa Paradis annule sa performance dans le pays et Lollyprod doit rembourser 1300 places déjà vendues. L'affaire aura un écho énorme dans les médias français et également en Israël puisque D. Stern sera convoqué à la Knesset pour discuter de ce problème de boycott culturel. 

Un emballement médiatique et politique qui n'a pas toujours été facile à gérer pour lui : "Je me suis retrouvée d'un coup avec la presse sur le dos, mes investisseurs sur le dos etc. Etre producteur en Israël, c'est un peu être un diplomate d'Israël : en me retrouvant à la Knesset, dans l'Express ou le Point, je n'étais plus simplement un producteur". Il a aussi été vraiment affecté par les rumeurs qui ont suivi l'annulation de ce concert : 'l'annulation était due au manque de places vendues, parce qu'il voulait toucher des assurances etc.' David ajoute : "il y a toujours un doute quand un spectacle est annulé en Israël : est-ce parce que les places ne se vendent pas ou parce que l'artiste a peur et/ou boycotte Israël ? Notre devise a toujours été, quoi qu'il se passe, de tout faire pour ne pas annuler un spectacle. Avec Vanessa Paradis ce n'était pas un problème de places non vendues". 

Avec le recul, D. Stern considère finalement que toute cette affaire est une réussite : "Lollyprod s'est fait un nom en Israël sur un échec. [?] Après l'annulation, j'ai montré que financièrement, j'étais droit avec le tout le monde et du jour au lendemain, tout le monde me faisait confiance." Il nous confie également  qu'une de ses plus grandes fiertés aujourd'hui est "d'avoir réussi à sauver les meubles à ce moment-là, parce qu'on a vraiment cru que tout allait s'arrêter". 

Une réussite quelque peu fulgurante qui suscite aussi les critiques. Pour certains, il est facile de réussir dans ce métier quand on a déjà un nom qui a du poids. Ce que dément formellement David, précisant que "oui, nous avons des mécènes, mais ce n'est pas du mécénat familial, et ce  n'est pas une pratique inhabituelle en Israël, il y a une vraie volonté de ces mécènes de développer la culture française dans le pays". Il ajoute aussi que leurs actuels investisseurs "récupèrent leurs investissements. En cinq ans, personne n'a perdu d'argent avec nous". 

Une droiture qui est donc aujourd'hui la clé du succès de Lollyprod : "aujourd'hui notre réputation tient dans notre sincérité et notre professionnalisme, qui n'est pas toujours la qualité premières d'autres sociétés de production. [?] Je le dis toujours à mes équipes, la loyauté compte plus que les compétences".  D. Stern a fait ses preuves et c'est pour cela que maintenant, les artistes et les investisseurs lui font confiance. 

Quels sont les prochains projets de David ? Poursuivre dans la production d'événements privés haut de gamme et de performances d'artistes français en Israël. Mais son grand rêve serait de créer et monter un spectacle spécialement pour le marché israélien. Pour l'heure, le prochain grand rendez-vous de Lollyprod sera le 7 juillet prochain, pour un concert événement de Julien Clerc à l'Opéra National de Tel-Aviv, une première en Israël !

Un caractère exubérant, parfois déroutant, mais une rigueur et une droiture professionnelle qui justifie son succès, voilà comment, finalement, on pourrait décrire le personnage David Stern. On souhaite alors à Lollyprod autant de réussite pour leurs projets futurs !

Justine SIMONIN (www.lepetitjournal.com/tel-aviv) Dimanche 5 mai 2013

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Publié le 4 mai 2013, mis à jour le 5 mai 2013

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