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Guerre à Gaza: Israël furieux après l'abstention américaine à l'ONU

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Écrit par AFP
Publié le 25 mars 2024, mis à jour le 26 mars 2024

Israël a dénoncé lundi l'abstention de son allié américain ayant permis l'adoption, pour la première fois, d'une résolution des Nations unies exigeant un "cessez-le-feu" immédiat dans la bande de Gaza menacée par la famine, après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

Immédiatement après l'adoption de la résolution, Israël a annulé la visite d'une délégation qui était attendue à Washington, déclarant que l'abstention américaine "nuisait" à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages retenus à Gaza.

"Il s'agit d'un net recul par rapport à la position constante des Etats-Unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre" le 7 octobre, a déclaré dans un communiqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

afp

Portée par des membres non-permanents du Conseil, cette résolution a été adoptée par 14 voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis. Alliés historiques d'Israël, ils s'étaient, jusque-là, systématiquement opposés au terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.

Ces dernières semaines, ils ont toutefois montré des signes de changement de ton et porté une proposition de résolution sur la "nécessité" d'un cessez-le-feu, rejetée vendredi par la Russie et la Chine.

Peu après le vote, la Maison Blanche a battu en brèche les accusations de "changement de cap". A l'ONU, l'ambassadrice américaine a martelé qu'un cessez-le-feu à Gaza pourrait commencer seulement "avec la libération d'un premier otage".

- "Impardonnable" -

De son côté, le mouvement islamiste Hamas a "salué l'appel du Conseil de sécurité des Nations unies à un cessez-le-feu immédiat". Même tonalité pour l'Autorité palestinienne qui a également demandé "l'arrêt définitif de cette guerre criminelle".

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Le texte "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" --qui a débuté il y a deux semaines--, devant "mener à un cessez-le-feu durable", et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

Ne pas appliquer cette résolution serait "impardonnable", a jugé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans la foulée du vote.

"Nous n'avons pas le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", a rétorqué le ministre de la Défense Yoav Gallant, en visite aux Etats-Unis, douchant les espoirs internationaux d'une cessation rapide des hostilités.

Dans la bande de Gaza, des habitants rencontrés par l'AFP se sont félicités du vote à l'ONU et ont appelé les Etats-Unis à user de leur influence sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu. "L'Amérique doit protéger Rafah comme elle a protégé Israël", a estimé Bilal Awad, un déplacé de la ville de Khan Younès.

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La guerre a été déclenchée le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

- Opérations dans les hôpitaux -

Sur le terrain, la situation demeure très difficile pour les 2,4 millions d'habitants de l'étroite bande de terre, soumise à un blocus total.

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Lundi, les bombardements israéliens ont fait 107 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, visant notamment les villes de Rafah et et Khan Younès (sud) ainsi que la ville de Gaza (nord).

Au total, 32.333 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués depuis le début de l'offensive, selon cette même source.

Au moins deux grands hôpitaux, accusés par Israël d'abriter des bases du Hamas, sont visés par des opérations de l'armée, une semaine après le début de l'intervention contre l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire.

Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d'artillerie, selon le Hamas, tout comme les abords de l'hôpital al-Amal de Khan Younès, assiégé depuis la veille.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué lundi qu'il ne restait dans l'hôpital al-Amal, outre le personnel, que neuf malades et quelques civils, après l'évacuation dimanche des déplacés qui y avaient trouvé refuge.

L'armée affirme avoir, jusqu'à présent, arrêté environ "500 terroristes" à al-Chifa où 170 autres ont été tués. Mais selon les autorités du Hamas, l'armée a détruit avec des explosifs une vingtaine de maisons ainsi qu'un immeuble dans le quartier d'Al-Rimal, proche de l'hôpital, où des témoins ont signalé des combats lundi.

- "Même pas de nourriture" -

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A Jabaliya, dans le nord, des habitants, dont beaucoup de femmes et d'enfants, faisaient la queue pour remplir des bidons d'eau qu'ils emportent dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras.

"Nous n'avons même pas de nourriture pour nous donner l'énergie d'aller chercher de l'eau, sans parler des enfants innocents, des femmes et des personnes âgées", a témoigné un homme, Bassam Mohammed al-Haou.

Une vidéo de l'AFP prise à Gaza-ville montre des dizaines de déplacés attendant le parachutage de colis alimentaires.

"Des gens meurent pour obtenir une boîte de thon", s'est emporté Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l'unique boîte de thon qu'il a pu récupérer. Non loin, un autre homme a confié à l'AFP risquer sa vie pour une boîte de haricots "qui sera partagée avec 18 personnes".

Arrivant principalement depuis l'Egypte via Rafah, l'aide humanitaire est contrôlée strictement par Israël et entre dans la bande de Gaza au compte-gouttes.

Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d'aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique.

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Publié le 25 mars 2024, mis à jour le 26 mars 2024

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